Nounou | Page 5

Roger Dombre
n��ose pas te battre, tu saurais te d��fendre; mais moi, d��s que tu n��es plus l��, je suis rou��e de coups, et maintenant j��ai bien mal l��... et l��; fit-elle en portant la main �� sa poitrine et �� son front."
La louve continuait �� l��cher tendrement l��enfant qu��elle aimait et qu��elle avait nourrie de son lait, paraissant ��couter ces paroles na?ves, et comme si elle les e?t comprises et qu��elle e?t pris une r��solution soudaine, elle se leva et, s��arc-boutant sur ses quatre jambes, sembla attendre quelque chose.
Sans doute que la Moucheronne devina sa pens��e, car elle se leva �� son tour, mais avec peine, sa faiblesse ��tant extr��me, et elle s��installa commod��ment sur le dos de l��intelligent animal.
Nounou qui ��tait robuste et qui avait sans doute port�� souvent l��enfant de cette mani��re, se mit en marche aussit?t pour traverser la for��t, allant doucement, car la petite bless��e ne se soutenait qu��avec peine; la brave b��te s��arr��ta un instant pr��s du ruisseau et la pauvrette put y ��tancher sa soif ardente.
Apr��s trois quarts d��heure de marche, environ, on put apercevoir le toit rustique d��une cabane semblable �� celle de Favier; lorsqu��elle y fut arriv��e, la louve gratta �� la porte qui s��ouvrit aussit?t.
Il ��tait temps car la petite fille ne pouvait plus se tenir, m��me couch��e sur le dos de la b��te, et sa t��te vacillait de gauche �� droite et de droite �� gauche comme si elle e?t ��t�� pr��s de d��faillir de nouveau.
Celle qui parut alors sur le seuil du logis ��tait une femme tr��s vieille appuy��e sur un baton; son front ��tait couvert d��un bonnet de laine noire sans ornements, sa robe ��tait pauvre et us��e mais propre; ses pieds chauss��s de sabots; son nez touchait presque son menton; mais quoique son visage, travers�� de mille rides entrecrois��es, lui fit donner au moins quatre-vingts ans, ses yeux ��taient vifs et per?ants.
"�� Quoi? C��est Nounou! fit-elle sans para?tre s����tonner de voir �� sa porte cette b��te de taille gigantesque; et voil�� une gentille enfant, ajouta-t-elle en avan?ant ses mains tremblantes vers la fillette. Mais, Dieu me pardonne, elle est malade, elle est bless��e m��me."
Et avec une vigueur qu��on n��aurait pas d? attendre de ce vieux corps recroquevill��, elle porta presque la petite fille qui n��avait plus conscience de rien, et, suivie de la louve, elle entra avec elle dans la cabane.
L�� elle s��assit sur un escabeau et examina le front de la bless��e.
"Une chute, murmura-t-elle, et encore, que sait-on? C��est la Moucheronne, la petite �� Favier; d��j�� si grande?... Est-il possible qu��il y ait huit ans que le braconnier m��a apport�� la lettre... cette fameuse lettre que je n��ai pas pu lire parce que je ne lis que le fran?ais et qu��elle ��tait ��crite dans une langue inconnue; l��anglais peut-��tre. Quel dommage! je saurais au moins ce qu��est l��enfant et s��il n��y aurait pas moyen de la retirer �� cet homme. Car, il n��y a pas �� dire, ce Favier n����l��ve pas la petite sur des roses, je le connais... Qui sait si cette plaie b��ante n��est pas due �� la brutalit�� du braconnier. Voyons si elle ne serait pas bless��e ailleurs."
La vieille femme d��grafa le corsage ou plut?t le haillon qui servait de robe �� la fillette, et d��couvrit un petit buste ravissant, taill�� merveilleusement comme dans un morceau d��ivoire, mais sur la peau aux reflets bronz��s se voyait ?�� et l�� la trace d��une meurtrissure, marques bleues provenant de coups anciens ou nouveaux; et enfin sur la poitrine l��empreinte rouge d��un talon de botte demeurait toute fra?che imprim��e.
"Oh! le brutal, le monstre! murmura la vieille femme indign��e."
Et des larmes mont��rent �� ses vieux yeux qui avaient pourtant beaucoup pleur�� d��j��, car c��est toujours chose infiniment triste qu��un ��tre faible et sans d��fense soit maltrait�� et rudoy�� par un autre ��tre robuste et dominateur.
Manon d��posa la fillette sur un lit maigre, mais certainement plus confortable que la paillasse de Favier, et alla chercher dans un buffet un flacon rempli d��une liqueur jaunatre dont elle fit glisser quelques gouttes entre les dents serr��es de la mignonne.
Cela fait, elle retira du bahut un paquet de toile coup��e en bandes et un petit pot d��onguent dont elle enduisait le front trou�� qu��elle entoura ensuite d��un linge blanc.
L��enfant sembla ressentir aussit?t un inexprimable soulagement; ses grands yeux noirs s��ouvrirent languissamment et rencontr��rent le visage laid mais bon de la vieille solitaire.
"Ne dis rien, mignonne, repose-toi, ce ne sera rien."
Mais au lieu d��ob��ir, la fillette murmura faiblement:
"�� Qui ��tes-vous?
"�� Une amie.
"�� Qu��est-ce que c��est, une amie? fit la Moucheronne ��tonn��e.
"�� Quelqu��un qui t��aime et qui te veut du bien.
"�� Quelqu��un qui m��aime? reprit l��enfant avec un sourire amer sur ses petites l��vres d��color��es; il n��y a que Nounou."
Et, �� ce souvenir, prise d��un vague effroi, elle souleva sa t��te endolorie.
"Nounou! Nounou! O��
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 51
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.