obtenus. Dans tous les cas, en 1848, la bonne oeuvre était sauvée, rien ne pouvait empêcher l'exécution des volontés de Mme Couvent.
Mais ce n'était pas tout. Ces biens ayant été entamés par des procédés irréguliers, il fallait leur restituer leur intégrité et les organiser de manière à les rendre profitables et durables.
M. Lanusse ici encore se montra à la hauteur de la tache. Il s'entoura d'hommes de bonne volonté, et tous se mirent courageusement à l'oeuvre. Dans un court espace de temps, on érigea un nouvel édifice, qu'on appela: Institution Catholique des Orphelins Indigents.
Les propriétés provenant du legs de Mme Couvent ont servi à l'entretien de l'établissement, avec quelques autres contributions particulières et publiques.
Comme conséquence logique, M. Lanusse, en 1852, fut nommé Principal de l'Institution. On peut dire que l'histoire de cette dernière commence avec lui.
C'est lui qui en a créé le programme d'études; c'est lui qui a mis ce programme en pratique et c'est de lui que ses adjoints ou sous-ma?tres ont appris la manière de procéder.
Pour le seconder dans son oeuvre, il avait fait choix de Joanni Questy, Constant Reynès et Joseph Vigneaux-Lavigne, tous des hommes d'un mérite supérieur et d'un dévouement admirable. Sous une telle direction, l'école a prospéré et est devenue fameuse par les élèves qu'elle a formés. On n'eut plus à aller puiser le savoir aux sources européennes. La jeunesse pouvait recevoir les éléments d'une éducation solide dans les classes établies par Lanusse et à des prix placés à la portée de toutes les bourses. Les orphelins et les enfants de parents pauvres n'avaient plus à redouter les désavantages de l'ignorance.
On a sévèrement blamé M. Lanusse de ce qu'il ait refusé de placer le drapeau de l'Union sur le toit de son école, conformément à l'ordre du général Butler. C'était une faute, nous en convenons, mais il agissait là dans un de ces mouvements de la conscience que l'homme sensible ne peut pas toujours ma?triser. Quoiqu'il en soit, il ne faut pas oublier que Lanusse avait été conscrit dans la Confédération. Bien qu'il f?t parfaitement au courant des circonstances qui l'avaient forcé à prendre les armes, il éprouvait néanmoins une certaine répugnance à se montrer sous un jour douteux.
Nous nous empressons de dire que plus tard il est revenu sur ses idées erronées et que dès lors, sa loyauté fut entièrement acquise à la cause de l'Union et de la liberté. Il est à la connaissance de tous ses amis qu'il a regretté cet incident, et ce repentir loyal devrait suffire à l'exonérer. D'ailleurs, toute la suite de sa vie a prouvé qu'il n'y eut là qu'une erreur de sa part, et qu'on ne peut suspecter les motifs qui l'ont fait agir en cette occasion.
Le public, nous voulons le croire, n'a plus de reproches à lui faire à ce sujet.
Certaines paroles de M. Lanusse peignent bien sa noblesse et sa grandeur d'ame. Par exemple, son célèbre--"Nous n'irons pas?"--exclamation dont il s'est servi, en 1861, alors que la population menacée devait choisir entre l'exil et le service militaire, sous peine de chatiment. C'est encore lui qui, dans un moment de juste indignation, s'était écrié: "Dans l'humble sphère où je circule, qui m'y cherche, m'y trouve."
Un certain personnage déclarait que le contact de l'homme de couleur lui inspirait de la répugnance; à quoi M. Lanusse répliqua: "Répugnance et instinct, chez vous, c'est la même chose".
On a vu cet homme, dans sa jeunesse, servant loyalement ses amis dans leurs petites ambitions, rendant hommage au beau sexe, par devoir plut?t que par inclination. Plus tard, vers la même époque, on le retrouve au théatre jouant la comédie avec Orso, notre célèbre tragédien. Plus tard encore, on l'aper?oit dans la foule, luttant pour la cause des orphelins, dont il prenait plaisir à préparer les intelligences. On le voit à l'église donnant l'exemple pour honorer la mémoire de Mme Bernard Couvent; on le voit dans l'armée, comme otage plut?t que comme soldat; on le lit dans les livres, dans les journaux, comme poète et comme polémiste; on le voit même exposer sa vie pour faire face à l'arrogance et la morgue. Il se mêle aux entreprises tentées dans l'intérêt de l'éducation, et personnellement il prend la direction de l'enseignement. Partout, dans tout, jusqu'à la mort, M. Lanusse est resté le même, c'est-à-dire la personnification du plus sublime dévouement.
Il est juste d'ajouter à son éloge qu'il fut un bon et sage époux, un père modèle. Malheureusement, la mort l'a séparé trop t?t de sa famille, dont il était le soutien et l'espoir.
Quatre fils et une fille avaient béni son union, mais un seul de ses fils, hélas! lui survit.
[Illustration: M. ARTHUR ESTèVES, Philanthrope, président du Comité des Citoyens, président du Bureau de Direction de l'Institution Couvent, etc.]
CHAPITRE III
=Une dédicace.--Les collaborateurs des "Cenelles".--Notices biographiques.=
=DEDICACE=
M. Armand Lanusse a eu l'honneur d'écrire la Dédicace des
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