aux fonctions publiques.
Mais ce n'��tait pas seulement �� la formation de bons disciples que se bornait la tache du professeur Larousse. Sachant que l'Institution qu'il dirigeait ��tait un legs donn�� par Mme Couvent, il consacrait toutes ses ��nergies �� en assurer le succ��s; il s'appliquait �� faire respecter scrupuleusement les volont��s de la donatrice.
Les orphelins plac��s sous sa garde ��taient surtout trait��s avec une profonde sollicitude. Chaque ann��e, il ��tait d'usage d'ordonner une c��l��bration religieuse �� la m��moire de Mme Bernard Couvent.
Nous pouvons nous rappeler avec quelle exactitude M. Lanusse conduisait les petits orphelins �� l'��glise, pour l'assistance �� ces rites solennels.
En ��tant lui-m��me pr��sent, il voulait montrer tout le premier qu'�� cette insigne bienfaitrice nous devons reconnaissance et respect.
Les choses ne se passent plus aujourd'hui de cette mani��re. Depuis la mort de M. Lanusse, l'id��e du devoir telle que cet homme l'avait comprise a compl��tement disparu.
Honn��te et loyal jusqu'au fond de l'ame, Armand Lanusse ne comptait pas sur les artifices de la ruse, ni sur les turpitudes de la supercherie; poursuivant l'id��al de sa noble nature, il ne s'engageait dans l'action que pour diriger ses forces vers le but marqu�� par la probit�� et l'honneur. Et puis, il n'y avait rien d'exotique chez lui. Identifi�� avec la population qu'il servait, son unique ambition ��tait de l'honorer par ses principes et de l'��lever par ses oeuvres: le temps a prouv�� qu'il a r��ussi dans l'accomplissement de ce devoir.
Sa mort a ��t�� une catastrophe pour nous.
Il est disparu au moment o�� s'effectuait une transformation des conditions civiles et politiques du pays.
S'il eut v��cu, jamais peut-��tre les Cr��oles ne se fussent ��gar��s; jamais ils n'eussent eu recours �� l'absurdit�� et �� l'indignit�� dans l'espoir insens�� d'��chapper �� la pers��cution. Nombreux h��las! sont ceux qui ont troqu�� leur dignit�� pour une tol��rance simul��e, au lieu de prendre courageusement leur juste part des mis��res communes!
Ils ont pr��f��r�� trahir l'honneur et le sang, au lieu de s'��crier avec P��ricl��s que "le bonheur se trouve dans la libert��, et la libert�� dans le courage". Mieux encore, en donnant un sens de r��signation pacifique �� la pens��e du Docteur Noir, ils eussent pu se dire au fond de la conscience:
"Nous mourrons ensemble".
Ce serait l�� le conseil de Lanusse.
D'Alembert avait bien raison. Cet illustre ��crivain pensait qu'il n'y a rien de plus hideux que l'opprim�� qui fuit sans r��sistance. Cette r��sistance, ne veut pas dire: violence, corruption, carnage, confusion, mais bien une saine d��termination de ne pas accepter la tyrannie, quoiqu'on soit oblig�� m��me de la subir. Il y a de l'honneur �� souffrir pour ses principes.
Tout le monde connaissait la fermet�� du loyal Lanusse. Il ��tait l'ennemi du pr��jug��; il ��tait capable de marcher, rue du Canal, appuy�� sur le bras de M. Louis Lainez, un compatriote dont le teint du visage ne laissait aucun doute sur son origine. C'est que M. Lainez, lui aussi, ��tait un homme honorable.
Par contre, M. Lanusse ne perdrait pas aujourd'hui son temps dans la soci��t�� de certains noirs qui ont autant d'hypocrisie sur les l��vres qu'ils ont de haine dans le coeur.
Certains Cr��oles, de nos jours, sont r��duits �� ce point de d��faillance morale qu'ils m��connaissent et repoussent leurs semblables, leurs parents m��mes.
Ceux-l�� aussi, loin de songer �� des moyens de d��livrance, c��dent �� leur faiblesse, sans pouvoir d��terminer des principes �� suivre ou fixer une r��solution �� prendre, comme s'ils voulaient habituer leur nature �� la soumission absolue ou �� l'oubli de leur individualit��. Ils vivent dans un affaissement moral qui semble ��tre le dernier degr�� de l'impuissance.
Dans cet ��tat de d��t��rioration, ils sont non seulement peu soucieux de relever leur dignit�� abaiss��e, mais ils augmentent la somme de leurs erreurs, comme pour multiplier le nombre de leurs supplices. Cependant, il n'est pas difficile de comprendre que, quand l'erreur s'est empar��e des esprits, quand l'irr��solution a ramolli les coeurs, l'esp��rance est bien pr��s d'avoir perdu ses plus fermes appuis.
Avec l'aide d'un compatriote comme Armand Lanusse, certains Cr��oles eussent conserv�� leur esprit de solidarit��, au lieu de courir �� l'aventure �� la recherche d'un destin imaginaire.
Ce vaillant patriote ��tait dou�� du double courage physique et moral: ces qualit��s d��cisives le mettraient �� la hauteur des entreprises les plus difficiles et des r��solutions les plus nobles et les plus efficaces.
Il y a eu d'autres chefs d'une valeur reconnue: il n'y a rien �� retrancher du m��rite de ces hommes d'��lite, mais la diff��rence �� ��tablir entre eux et M. Lanusse, c'est que ce dernier prenait un int��r��t imm��diat �� la formation du caract��re et des moeurs, �� la situation sociale de la population, tandis que les guides du nouveau r��gime ne s'occupaient que de diriger l'action des Cr��oles dans la sph��re civile et politique.
Armand Lanusse fa?onnait l'homme, et les conseillers de 1868 cherchaient �� former le citoyen. Son oeuvre ��tait tout-��-fait morale,
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