et de l'orgueil.
Sans doute, il pensait qu'apr��s tout,
Les richesses, l'orgueil, ne sont que des chim��res; Enfants du m��me Dieu, tous les mortels sont fr��res.
Nous devons une reconnaissance ��clatante �� la m��moire de cet homme.
M. Lanusse, dans son introduction aux Cenelles, donne �� comprendre clairement que son plus vif d��sir ��tait de vivre dans l'esprit des g��n��rations futures comme un homme de bien. Cette ambition ��tait l��gitime, car, ainsi que l'a dit F��n��lon, "il y a de la gloire �� faire le bien", et certes, Lanusse en a fait assez pour m��riter une consid��ration toute particuli��re de la part de ses semblables.
M. Lanusse s'emportait facilement et il devenait m��me alors irr��pressible. Malgr�� ce d��faut de temp��rament, jamais, cependant, il ne se fit le d��fenseur de l'arbitraire ou le pers��cuteur du faible. L'imp��tuosit�� de son caract��re n'alt��rait en aucune fa?on son amour pour le juste, sa piti�� pour le besoin, son d��sint��ressement. Cet ap?tre du bien eut donn�� sa vie pour r��sister �� un acte d'injustice, comme il eut donn�� tout son avoir pour soulager l'infortune. Sa conduite, toujours d'accord avec les principes les plus nobles, faisait oublier le feu de son temp��rament et le rendait ��minemment ch��rissable aux hommes de son temps.
En rappelant combien il ��tait bon, courageux et sinc��re, combien il ��tait ��cout�� et respect��, nous nous surprenons �� regretter vivement de ne l'avoir pas aujourd'hui parmi nous; ou du moins, de n'avoir pas un compatriote aux m��mes id��es, capable d'exercer la m��me force d'influence sur les esprits. Cette puissante personnalit�� rendrait notre existence moins p��nible. Nos rapports sociaux, subissant cette influence bienfaisante, auraient gard�� l'empreinte d'un commerce honn��te, d'une cordialit�� mutuelle. En d'autres temps, les Cr��oles seraient unis par les sentiments de l'amour, tandis qu'�� pr��sent ils sont s��par��s par des r��pugnances ridicules, m��me par des antipathies irr��conciliables.
Il semble que la mort de M. Lanusse ait coincid�� avec la disparition de l'influence latine chez les Cr��oles. On ne s'occupe plus, de nos jours, de La Fontaine, de Boileau, de F��n��lon, de Racine et de Corneille; mais du temps d'Armand Lanusse, c'��tait par l'��tude de ces ma?tres qu'on nous conduisait vers les hauteurs o�� brille constamment la vive lumi��re de la civilisation.
Telle ��tait cette influence sur la jeunesse que celle-ci repoussait avec d��dain toutes les tentations de l'��go?sme. Les jouissances mat��rielles n'avaient point d'attrait pour l'homme qui avait appris �� r��p��ter avec conviction:
Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux.
Il semble que ce soit folie que de r��ver le retour de ces conditions morales; cependant, le Cr��ole ne peut ��tre sauv�� �� lui-m��me qu'en s'appliquant s��rieusement �� faire rena?tre le go?t des anciennes moeurs. Il ne saurait conserver son cachet distinctif en c��dant aux tendances du jour, surtout aux tendances du politicien. Il n'y a rien dans la nouvelle ��cole qui soit digne du nom de progr��s. La ruse et l'extravagance tiennent l�� lieu de vertus. Les exemples r��voltants et pernicieux de certains hommes devraient mourir avec eux. Ce sont de ces ��tres-l�� qui ont reconnu l'��go?sme pour loi, et qui ne peuvent servir de mod��les qu'aux gens d��pourvus de tout sentiment d'amour-propre. Pour nous, rejeter l'influence latine, c'est nous condamner �� vivre sans la connaissance de certains principes indispensables �� la formation du caract��re. Nous avons toujours pens�� que l'homme de couleur ne devrait ��tre dans la politique que par devoir, qu'il ne devrait jamais se s��parer de son sens moral ni sacrifier son honneur pour des consid��rations p��cuniaires.
La puissance du plus fort prime ici le droit du plus faible. Dans ces conditions, il nous semble que l'homme bien n�� doive s'abstenir. L'homme de couleur qui, en d��pit des restrictions qui lui sont impos��es, se pr��cipite dans le rayon des activit��s politiques, sous pr��texte d'exercer ses droits, est un caract��re suspect; car il ne peut agir en tout que de la fa?on que le lui permettent les influences dominantes. Nous pensons qu'un pareil r?le n'est pas honorable, et que celui qui le remplit exploite le mauvais c?t�� de sa nature pour satisfaire certains avantages personnels.
C'est comme pr��cepteur que M. Lanusse a obtenu ses plus grands succ��s. De 1852 �� 1866, il a profess�� �� l'Institution Bernard Couvent, formant l'��ducation d'une foule de jeunes gens qui, depuis, se sont distingu��s, surtout dans les fonctions publiques, dans les lettres et dans le commerce. La plupart de ces ��l��ves provenaient de familles pauvres. Peut-��tre, sans le secours de Lanusse, n'eussent-ils jamais eu l'occasion de perfectionner leur intelligence. C'est que cet instituteur ne regardait pas aux honoraires qu'il pouvait retirer; il donnait �� ces enfants la m��me attention qu'ils eussent re?ue dans les maisons d'��ducation les plus pr��tentieuses, ici ou �� l'��tranger.
L'excellence du syst��me d'enseignement qui lui ��tait propre est d��montr��e par la facilit�� avec laquelle ses ��l��ves s'assimilaient ensuite les diverses connaissances dont ils avaient besoin soit dans le commerce, soit
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