le signe oud, appelé Para,
Babbar en sumérien, Samas (ou si l'on veut Shamash) en langage
sémitique.]
[Note 5: En sumérien ghis-gal Anna-ghé, Voir les hymnes au Soleil
levant et au Soleil couchant, depuis longtemps traduits, le premier par F.
Lenormant, La Magie chez les Chaldéens, p. 165-166, le second par O.
Bertin dans la Revue d'Assyriologie, vol. I, IV, p. 157-161.]
Quant aux gardiens de ces portes, coiffés ordinairement du bonnet à
double corne, ce sont des divinités secondaires attachées au dieu
principal, des génies du soir et du matin, de l'Orient et de l'Occident,
analogues aux Heures grecques, malgré la différence des sexes, ou bien
encore aux Dioscures.
Ces idées sont d'ailleurs si simples, elles répondent si bien au sujet et
viennent si naturellement à l'esprit que je ne saurais m'étonner de les
voir aujourd'hui adoptées de différents côtés, comme l'explication
courante de la curieuse représentation gravée sur les cylindres[6].
[Note 6: Maspero, Histoire ancienne des peuples d'Orient, I, p.
655-658; W. Hayes Ward, Seal Cylinders (catalogue des cylindres du
Musée métropolitain de New-York), p. 13 et suiv., 18 et suiv.]
Nous trouvons là juxtaposées, plutôt que combinées, deux conceptions
de l'imagination populaire, qui sont d'ordre différent. L'image des
portes du ciel est d'essence poétique; c'est purement une allégorie, une
métaphore réalisée par le dessin. L'autre scène au contraire, tout en
donnant au soleil la forme humaine, divinisée par des attributs, le fait
agir et se mouvoir dans le cadre réel de l'horizon et des montagnes;
nous sommes devant un véritable paysage, résumé en quelques traits, et
le dieu reste en contact avec la nature. L'incohérence qui résulte d'un
pareil doublement d'images est loin du reste de répugner à la poésie
primitive; l'impression d'ensemble en devient plus fantastique, et ces
portes, ouvertes sur le monde, prennent les proportions de l'infini.
Même chez les Chaldéens, c'est dans un premier anthropomorphisme,
mêlé au sentiment de la nature, qu'il faut chercher, croyons-nous,
l'explication de cette mythologie figurée, plutôt que dans des
constructions cosmologiques, trop précises, agencées et raccordées
après coup sous l'influence du dogmatisme sacerdotal.
Comme exemple de ces représentations, nous reproduisons d'abord un
cylindre déjà plusieurs fois publié[7], qui donne la mise en scène telle
qu'elle est le plus souvent disposée (fig. 1).
[Note 7: A. de Longpérier, Notice des antiquités assyriennes, n° 540;
Menant, Cylindres de la Chaldée, p. 123, fig. 71; Maspero, Hist. anc.
des peuples d'Orient, p. 656.]
A première vue, on pourrait douter si le soleil s'élève ou descend
derrière les montagnes. La question est résolue par certaines variantes,
où le dieu semble se hausser, en s'appuyant des deux mains sur la
double cime[8]. Ici même son bras gauche, replié avec effort, conserve
quelque chose de la précédente attitude, comme pour rendre sensible
aux yeux le mouvement ascensionnel de la figure. Le soleil à son lever
avait, dans la superstition orientale, une puissance particulièrement
bienfaisante. C'était l'heure où il chassait les démons de la nuit et
dissipait leurs maléfices. Il ne faut pas oublier que les cylindres, tout en
servant de cachets, étaient aussi des talismans; les images qu'ils
imprimaient sur l'argile avaient une influence protectrice, une valeur de
bon augure. On s'explique ainsi que la représentation du soleil levant y
soit figurée de préférence.
[Note 8: Menant, Cylindres de la Chaldée, p. 122, fig. 69; cf. pl. III, fig.
3.]
[Illustration: Fig. 1.]
Le dieu, à ce moment de son apparition, est toujours vêtu d'une longue
robe, et il élève souvent de la main droite un attribut dont la forme et la
nature sont ici nettement caractérisées: ce n'est ni une arme ni
précisément un rameau, mais bien une palme[9]. Faut-il déjà, dans le
symbolisme chaldéen, en faire l'emblème classique de la victoire,
exprimant le triomphe de la lumière sur les ténèbres? Il serait peut-être
plus simple d'y reconnaître, à l'origine, l'attribut naturel du dieu qui
protège les palmiers et qui en mûrit les fruits. Du reste, les deux
interprétations ne s'excluent pas nécessairement, et le geste a, sans
contredit, quelque chose de triomphal.
[Note 9: Sur les cylindre de petite dimension cette palme a été
facilement prise pour une arme, pour une sorte de coutelas (cf. fig. 2 et
6); c'est là une méprise qu'il faut rectifier.]
Ce que je que voudrais surtout montrer, c'est que ce premier acte du
drame solaire n'est pas le seul qui soit figuré dans l'iconographie
chaldéenne. Il y a là une action qui se poursuit et qui fait naître en se
développant d'autres péripéties non moins expressives, qui mettent en
scène de nouveaux acteurs. Le fait est démontré par quelques cylindres
de la collection du Louvre, dont plusieurs sont d'acquisition récente.
Un point plus avancé de la marche du dieu est marqué par les
représentations qui le font voir tout entier de profil, posant le pied sur la
montagne ou sur
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