un enterrement civil, n'est-ce pas??
L'autre monsieur, qui d��sirait ��videmment m'instruire, prit la parole: ?Oui et non. Le clerg�� nous a refus�� l'entr��e de l'��glise.? Je poussai, cette fois, un ?Ah!? de stup��faction. Je ne comprenais plus du tout.
Mon obligeant voisin me confia, �� voix basse: ?Oh! c'est toute une histoire. Cette jeune femme s'est tu��e, et voil�� pourquoi on n'a pas pu la faire enterrer religieusement. C'est son mari que vous voyez l��, le premier, celui qui pleure.?
Alors, je pronon?ai, en h��sitant: ?Vous m'��tonnez et vous m'int��ressez beaucoup, monsieur. Serait-il indiscret de vous demander de me conter cette histoire? Si je vous importune, mettez que je n'ai rien dit.?
Le monsieur me prit le bras famili��rement: ?Mais pas du tout, pas du tout. Tenez, restons un peu derri��re. Je vais vous dire ?a, c'est fort triste. Nous avons le temps, avant d'arriver au cimeti��re, dont vous voyez les arbres l��-haut; car la c?te est rude.?
Et il commen?a: ?Figurez-vous que cette jeune femme, Mme Paul Hamot, ��tait la fille d'un riche commer?ant du pays, M. Fontanelle. Elle eut, ��tant tout enfant, �� l'age de onze ans, une aventure terrible: un valet la souilla. Elle en faillit mourir, estropi��e par ce mis��rable que sa brutalit�� d��non?a. Un ��pouvantable proc��s eut lieu et r��v��la que depuis trois mois la pauvre martyre ��tait victime des honteuses pratiques de cette brute. L'homme fut condamn�� aux travaux forc��s �� perp��tuit��.
?La petite fille grandit, marqu��e d'infamie, isol��e, sans camarade, �� peine embrass��e par les grandes personnes qui auraient cru se tacher les l��vres en touchant son front.
?Elle ��tait devenue pour la ville une sorte de monstre, de ph��nom��ne. On disait tous bas: ?Vous savez, la petite Fontanelle.? Dans la rue tout le monde se retournait quand elle passait. On ne pouvait m��me pas trouver de bonnes pour la conduire �� la promenade, les servantes des autres familles se tenant �� l'��cart comme si une contagion se f?t ��man��e de l'enfant pour s'��tendre �� tous ceux qui l'approchaient.
?C'��tait piti�� de voir cette pauvre petite sur le cours o�� vont jouer les mioches toutes les apr��s-midi. Elle restait toute seule, debout pr��s de sa domestique, regardant d'un air triste les autres gamins qui s'amusaient. Quelquefois, c��dant �� une irr��sistible envie de se m��ler aux enfants, elle s'avan?ait timidement, avec des gestes craintifs, et entrait dans un groupe d'un pas furtif, comme consciente de son indignit��. Et aussit?t, de tous les bancs, accouraient les m��res, les bonnes, les tantes, qui saisissaient par la main les fillettes confi��es �� leur garde et les entra?naient brutalement. La petite Fontanelle demeurait isol��e, ��perdue, sans comprendre; et elle se mettait �� pleurer, le coeur crevant de chagrin. Puis elle courait se cacher la figure, en sanglotant, dans le tablier de sa bonne.
?Elle grandit; ce fut pis encore. On ��loignait d'elle les jeunes filles comme d'une pestif��r��e. Songez donc que cette jeune personne n'avait plus rien �� apprendre, rien; qu'elle n'avait plus droit �� la symbolique fleur d'oranger; qu'elle avait p��n��tr��, presque avant de savoir lire, le redoutable myst��re que les m��res laissent �� peine deviner, en tremblant, le soir seulement du mariage.
?Quand elle passait dans la rue, accompagn��e de sa gouvernante, comme si on l'e?t gard��e �� vue dans la crainte incessante de quelque nouvelle et terrible aventure, quand elle passait dans la rue, les yeux toujours baiss��s sous la honte myst��rieuse qu'elle sentait peser sur elle, les autres jeunes filles, moins na?ves qu'on ne pense, chuchotaient en la regardant sournoisement, ricanaient en dessous, et d��tournaient bien vite la t��te d'un air distrait, si par hasard elle les fixait.
?On la saluait �� peine. Seuls, quelques hommes se d��couvraient. Les m��res feignaient de ne l'avoir pas aper?ue. Quelques petits voyous l'appelaient ?madame Baptiste?, du nom du valet qui l'avait outrag��e et perdue.
?Personne ne connaissait les tortures secr��tes de son ame; car elle ne parlait gu��re et ne riait jamais. Ses parents eux-m��mes semblaient g��n��s devant elle, comme s'ils lui en eussent ��ternellement voulu de quelque faute irr��parable.
?Un honn��te homme ne donnerait pas volontiers la main �� un for?at lib��r��, n'est-ce-pas, ce for?at f?t-il son fils? M. et Mme Fontanelle consid��raient leur fille comme ils eussent fait d'un fils sortant du bagne.
?Elle ��tait jolie et pale, grande, mince distingu��e. Elle m'aurait beaucoup plu, monsieur, sans cette affaire.
?Or, quand nous avons eu un nouveau sous-pr��fet, voici maintenant dix-huit mois, il amena avec lui son secr��taire particulier, un dr?le de gar?on qui avait men�� la vie dans le quartier Latin, para?t-il.
?Il vit Mlle Fontanelle et en devint amoureux. On lui dit tout. Il se contenta de r��pondre: ?Bah, c'est justement l�� une garantie pour l'avenir. J'aime mieux que ce soit avant qu'apr��s. Avec cette femme-l��, je dormirai tranquille.?
?Il fit sa cour, la demanda en mariage et l'��pousa. Alors, ayant du toupet, il fit des visites de noce comme si

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