a les doigts séparés dans les pieds de
devant, tandis que la loutre a des membranes à tous les pieds; elle nage
aussi vite qu'elle marche. Elle ne va point à la mer, comme le castor;
mais elle parcourt les eaux douces, et remonte ou descend des rivières à
des distances considérables. Souvent elle nage entre deux eaux et y
demeure assez long-temps, et vient ensuite respirer à la surface de l'eau.
Elle n'est point amphibie. Elle a les dents comme la fouine, mais plus
grosses et plus fortes relativement au volume de son corps; elle ne
craint pas plus le froid que l'humidité; sa tête est mal faite: les oreilles
placées bas, des yeux trop petits et couverts, l'air obscur, les
mouvemens gauches, toute la figure ignoble, informe; un cri qui paraît
machinal: tel est le portrait qu'en trace le Pline français. Nous ajoutons
que le castor chasse la loutre et ne lui permet pas d'habiter sur les bords
qu'il fréquente.
Le poil de la loutre ne mue guère; sa peau d'hiver est cependant plus
brune et se vend plus cher que celle d'été; son poil est doux et soyeux,
d'un gris blanchâtre, et le jarre brun et luisant. Cette espèce est
généralement répandue en Europe, depuis la Suède jusqu'à Naples, et se
retrouve dans l'Amérique septentrionale. On connaît encore la loutre du
Canada, lutra Canadensis de Geoffroy. Celle-ci est plus grande que
notre espèce et plus noire; la petite loutre de la Guiane, didelphis
palmata de Geoffroy. D'après M. de Laborde, il y a à Cayenne trois
espèces de loutres: 1º, la noire, qui peut peser de quarante à cinquante
livres; 2º la jaunâtre, qui pèse de vingt à vingt-cinq livres; 3º la grisâtre,
qui ne pèse que trois à quatre livres. Ces animaux sont très communs à
la Guiane, le long de toutes les rivières et des 19 marécages. D'après
MM. Aublet et Olivier, on trouve à Cayenne et dans le pays d'Oyapok
des loutres si grosses qu'elles pèsent jusqu'à cent livres. Leur poil est
très doux, mais plus court que celui du castor, et leur couleur ordinaire
est d'un brun minime.
Il est encore plusieurs autres animaux d'espèces voisines dont le poil
pourrait être appliqué à la chapellerie; nous nous bornerons à citer la
Saricovienne, lutra Brasiliensis, la petite fouine de la Guiane, mustela
Guianensis de Lacépède, etc.
Poil de chameau.
Le poil du chameau nous arrive de l'Orient par Marseille; il varie par sa
couleur, par sa finesse et par sa qualité, suivant le climat, l'âge, la
nourriture et l'éducation de l'animal. Celui qui est blanchâtre a sa
consommation locale; on n'emploie guère dans nos fabriques que celui
qui est d'un gris noirâtre vers les extrémités inférieures du chameau.
Nous ajouterons même qu'il est maintenant peu employé dans la
chapellerie.
Pelotes rouges et noires.
Ce poil laineux vient de l'Orient, et prend son nom de la forme en boule
qu'on lui donne dans les balles qui servent à ce transport; il est dû à des
chèvres d'une espèce particulière de la Turquie asiatique. Il existe une
différence notable entre les pelotes rouges et noires. Ces dernières se
feutrent plus aisément, mais en revanche le poil des rouges est
beaucoup plus fin. Les chèvres du Thibet ont aussi un duvet très fin,
outre le jarre. On a constaté que nos chèvres ont aussi, au-dessous de
leur long poil, une sorte de laine excellente pour la chapellerie. 20
REMARQUES SUR L'EMPLOI DES FOURRURES POUR LA
CHAPELLERIE.
Nous avons passé sous silence une foule de fourrures, comme celles du
chat, etc., qui sont douées d'une plus ou moins grande beauté, et qui
sont très propres à la confection des chapeaux; leur rareté, leur
application spéciale à d'autres genres de fabrication ou à divers emplois,
nous dispensent d'en faire l'énumération, encore plus de les décrire.
Nous allons donc nous borner à présenter ici quelques remarques
générales qui se rattachent au mérite respectif des fourrures.
Nous dirons d'abord que lorsque l'animal n'a pas atteint son entière
croissance, ou mieux son développement complet, le poil de sa fourrure
est difficile à préparer et à mettre en oeuvre; ces peaux-là sont
défectueuses. Par une raison contraire, les peaux des vieux animaux
donnent un poil plus rude et d'un emploi moins facile que celles des
animaux d'un âge moyen.
On donne le nom de peaux battues à celles des animaux qui ont été tués
par une arme à feu qui avarie presque toujours la partie sur laquelle le
coup a porté. Ainsi celles des animaux pris dans des pièges sont
préférables en ce qu'elles sont bien plus entières, et non avariées par le
sang.
La dénomination de peaux vertes s'applique aux peaux dont on vient de
dépouiller l'animal. En cet état leur préparation est non seulement fort
difficile, mais toujours incomplète; on y remédie
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