Manon Lescaut
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Title: Manon Lescaut
Author: Abb�� Pr��vost
Release Date: March 14, 2006 [EBook #17983]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Abb�� Pr��vost MANON LESCAUT (1731)
Table des mati��res
AVIS DE L'AUTEUR PREMIERE PARTIE DEUXIEME PARTIE
AVIS DE L'AUTEUR
DES
M��moires d'un Homme de Qualit��
Quoique j'eusse pu faire entrer dans mes M��moires les aventures du chevalier des Grieux, il m'a sembl�� que n'y ayant point un rapport n��cessaire, le lecteur trouverait plus de satisfaction �� les voir s��par��ment. Un r��cit de cette longueur aurait interrompu trop longtemps le fil de ma propre histoire. Tout ��loign�� que je suis de pr��tendre �� la qualit�� d'��crivain exact, je n'ignore point qu'une narration doit ��tre d��charg��e des circonstances qui la rendraient pesante et embarrass��e. C'est le pr��cepte d'Horace:
Ut jam nunc dicat jam nunc debentia dici Pleraque differat, ac proesens in tempus omittat
Il n'est pas m��me besoin d'une si grave autorit�� pour prouver une v��rit�� si simple; car le bon sens est la premi��re source de cette r��gle.
Si le public a trouv�� quelque chose d'agr��able et d'int��ressant dans l'histoire de ma vie, j'ose lui promettre qu'il ne sera pas moins satisfait de cette addition. Il verra, dans la conduite de M. des Grieux, un exemple terrible de la force des passions. J'ai �� peindre un jeune aveugle, qui refuse d'��tre heureux, pour se pr��cipiter volontairement dans les derni��res infortunes; qui, avec toutes les qualit��s dont se forme le plus brillant m��rite, pr��f��re, par choix, une vie obscure et vagabonde, �� tous les avantages de la fortune et de la nature; qui pr��voit ses malheurs, sans vouloir les ��viter; qui les sent et qui en est accabl��, sans profiter des rem��des qu'on lui offre sans cesse et qui peuvent �� tous moments les finir; enfin un caract��re ambigu, un m��lange de vertus et de vices, un contraste perp��tuel de bons sentiments et d'actions mauvaises. Tel est le fond du tableau que je pr��sente. Les personnes de bon sens ne regarderont point un ouvrage de cette nature comme un travail inutile. Outre le plaisir d'une lecture agr��able, on y trouvera peu d'��v��nements qui ne puissent servir �� l'instruction des moeurs; et c'est rendre, �� mon avis, un service consid��rable au public, que de l'instruire en l'amusant.
On ne peut r��fl��chir sur les pr��ceptes de la morale, sans ��tre ��tonn�� de les voir tout �� la fois estim��s et n��glig��s; et l'on se demande la raison de cette bizarrerie du coeur humain, qui lui fait go?ter des id��es de bien et de perfection, dont il s'��loigne dans la pratique. Si les personnes d'un certain ordre d'esprit et de politesse veulent examiner quelle est la mati��re la plus commune de leurs conversations, ou m��me de leurs r��veries solitaires, il leur sera ais�� de remarquer qu'elles tournent presque toujours sur quelques consid��rations morales. Les plus doux moments de leur vie sont ceux qu'ils passent, ou seuls, ou avec un ami, �� s'entretenir �� coeur ouvert des charmes de la vertu, des douceurs de l'amiti��, des moyens d'arriver au bonheur des faiblesses de la nature qui nous en ��loignent, et des rem��des qui peuvent les gu��rir Horace et Boileau marquent cet entretien comme un des plus beaux traits dont ils composent l'image d'une vie heureuse. Comment arrive-t-il donc qu'on tombe si facilement de ces hautes sp��culations et qu'on se retrouve sit?t au niveau du commun des hommes? Je suis tromp�� si la raison que je vais en apporter n'explique bien cette contradiction de nos id��es et de notre conduite; c'est que, tous les pr��ceptes de la morale n'��tant que des principes vagues et g��n��raux, il est tr��s difficile d'en faire une application particuli��re au d��tail des moeurs et des actions: Mettons la chose dans un exemple. Les ames bien n��es sentent que la douceur et l'humanit�� sont des vertus aimables, et sont port��es d'inclination �� les pratiquer; mais sont-elles au moment de l'exercice, elles demeurent souvent suspendues. En est-ce r��ellement l'occasion? Sait-on bien qu'elle en doit ��tre la mesure? Ne se trompe-t-on point sur l'objet? Cent difficult��s arr��tent. On craint de devenir dupe en voulant ��tre bien faisant et lib��ral; de passer pour faible en paraissant trop tendre et trop sensible; en un mot, d'exc��der ou de ne pas remplir assez des devoirs qui sont renferm��s d'une mani��re trop obscure dans les notions g��n��rales d'humanit�� et de douceur. Dans cette incertitude, il n'y a que l'exp��rience ou l'exemple qui puisse d��terminer raisonnablement le penchant du coeur. Or l'exp��rience n'est point un avantage qu'il, soit libre
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