partnership with Chatrian. It may therefore be
fairly accurate to say that without Chatrian Erckmann could have
produced, without being able to sell the works; while Chatrian without
Erckmann could have sold without being able to produce the works.
The stories of Erckmann and Chatrian are noteworthy by reason of the
purity of their subject matter. There is nothing in any of them to offend
the most fastidious, and their popularity in the family circle is
permanent. In the matter of style the authors were not so fortunate.
They began with the idea of purifying the French language, and while
they may have been successful in fixing some of its forms, they have
laid themselves open to criticism by monotonous repetition. But it
cannot be said truthfully that their works exhibit any serious faults of
style.
Madame Thérèse is one of the Romans Nationaux which lends itself
readily to abridgment. It contains elaborate pictures and extensive
descriptions of Anstatt life that interrupt the thread of the plot itself.
Periodically the story is turned over to the "local color
artist"--whichever of the two he may have been--who has carte blanche
to paint for us beautiful idyllic pictures of life in the little Alsatian
village. But as these pictures are apart from the growth of the cause of
liberty--the main theme of the Romans Nationaux--they have frequently
been omitted in this edition.
E. M.
[Illustration]
Page 1
MADAME THÉRÈSE
I
Nous vivions dans une paix profonde au village d'Anstatt,[1] au milieu
des Vosges allemandes,[2] mon oncle le docteur Jacob Wagner, sa
vieille servante Lisbeth et moi. Depuis la mort de sa soeur Christine,[3]
l'oncle Jacob m'avait recueilli chez lui. J'approchais de mes dix ans;
j'étais blond, rosé et frais comme un chérubin. On m'appelait le petit
Fritzel au village, et chaque soir, en rentrant de ses courses,[4] l'oncle
Jacob me faisait asseoir[5] sur ses genoux pour m'apprendre à lire en
français dans l'Histoire naturelle de M. de Buffon.[6]
Il me semble encore être[7] dans notre chambre basse. Je vois l'oncle
Jacob, élancé, le front haut, surmonté de sa belle chevelure blonde
dessinant ses larges tempes avec grâce,[8] le nez légèrement aquilin, les
yeux bleus, le menton arrondi, les lèvres tendres et bonnes.
C'était un homme sentimental,[9] amateur de la paix; il approchait de la
quarantaine et passait pour être le meilleur médecin du pays. J'ai su
depuis qu'il se plaisait à faire des théories sur la fraternité universelle,
et que les paquets de livres que lui apportait de temps en temps le
messager Fritz concernaient cet objet important.
Tout cela je le vois,[10] sans oublier notre Lisbeth, une bonne vieille,
qui file dans un coin.
2 Tous les jours, vers la fin du souper un pas lourd traversait l'allée, la
porte s'ouvrait, et sur le seuil apparaissait un homme qui disait:
«Bonsoir, monsieur le docteur.
--Asseyez-vous, mauser,[1] répondait l'oncle. Lisbeth, ouvre la
cuisine.»
Lisbeth poussait la porte, et la flamme rouge, dansant sur l'âtre, nous
montrait le taupier en face de notre table, regardant de ses petits yeux
gris ce que nous mangions.
Le mauser pouvait avoir cinquante ans; ses cheveux grisonnaient, de
grosses rides sillonnaient son front rougeâtre.
On le voyait toujours aux champs en train de poser ses attrapes, ou bien
à la porte de son rucher à mi-côte, dans les bruyères du Birkenwald.
En dehors des taupes et des abeilles, du miel et de la cire, le mauser
avait encore une autre occupation grave: il prédisait l'avenir moyennant
le passage des oiseaux et certaines traditions inscrites dans un gros livre
à couvercle de bois, qu'il avait hérité d'une vieille tante de Héming,[2]
et qui l'éclairait sur les choses futures.
Mais pour entamer le chapitre de ses prédictions, il lui fallait la
présence de son ami Koffel, le menuisier, le tourneur, l'horloger, le
tondeur de chiens, le guérisseur de bêtes, bref, le plus beau génie
d'Anstatt et des environs.
Koffel faisait de tout:[3] il rafistolait la vaisselle fêlée avec du fil de
fer,[4] il étamait les casseroles, il réparait les vieux meubles détraqués,
il remettait l'orgue en bon état quand les flûtes ou les soufflets étaient
dérangés; l'oncle Jacob avait 3 même dû lui défendre de redresser les
jambes et les bras cassés, car il se sentait aussi du talent pour la
médecine. Le mauser l'admirait beaucoup et disait quelquefois: «Quel
dommage que Koffel n'ait pas étudié!... quel dommage!»
Mais tout cela ne faisait pas bouillir sa marmite, et le plus clair de ses
ressources était encore d'aller couper de la choucroute en automne, son
tiroir à rabots[1] sur le dos en forme de hotte, criant de porte en porte:
«Pas de choux?[2] pas de choux?»
Voilà[3] pourtant comment les grands esprits sont récompensés.
Koffel entrait quelques instants après le mauser, et, s'avançant à petits
pas, il disait d'un
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