Mémoires secrets de Fournier lAméricain | Page 8

Claude Fournier

pour la formation d'une armée révolutionnaire._ Impr. Lottin, 23 août
an II (1793), in-4 de 6 pages.
7. _Affaire de Fournier l'Américain, citoyen de la section des
Tuileries_[25], _détenu aux prisons de l'Abbaye._ Paris, s.d., in-4 de 4
pages.
[Note 25: Fournier demeurait alors cul-de-sac du Doyenné, n° 20.]
8. _Où en sommes-nous? Question par C. Fournier, Américain, à tous
les sans-culottes ses frères._ Imp. Mayer, s.d. (pluviôse an III), in-4 de
8 pages.
9. _Massacres (sic) des prisonniers d'Orléans. Fournier, dit l'Américain,
aux Français._ Paris, 28 nivôse an VIII, in-8 de 16 pages.
10. _Aux honorables membres de la Chambre des députés pour la
présente session. Mémoire présenté par le sieur Fournier l'Héritier, dit
l'Américain, demeurant à Paris, rue Perdue, n° 6, place Maubert._
[Paris], 1822, in-8 de 23 pages.

III
Quant aux _Mémoires secrets_ de Fournier, nous les imprimons pour la
première fois, et il ne nous semble pas qu'aucun historien les ait
consultés ou connus. Nous les avons trouvés aux Archives nationales,
dans le carton F7 6504, qui contient les papiers de Fournier et une suite
de documents officiels relatifs à ses diverses arrestations. Fournier les
avait probablement écrits en l'an II, pendant son incarcération à
l'Abbaye. Il y a un brouillon et une copie de ces mémoires, tous deux
autographes. La copie s'arrête au récit des événements du 17 juillet
1791. Le brouillon va jusqu'au récit du massacre des prisonniers
d'Orléans, inclusivement. Il est souvent difficile à lire, à force de
ratures et de surcharges. L'auteur a laissé cet écrit inachevé, et, comme
on le verra, les phrases incohérentes qui le terminent annonçaient une
suite.
La lecture des mémoires de Fournier est plus intéressante qu'agréable.
Ce condottiere de la Révolution écrit comme un goujat. Mais ses
solécismes sont fort clairs[26] et sa plume grossière suffit très bien à
l'expression de sa pensée, qui n'est ni délicate, ni complexe. Fournier
est un brutal et l'esprit de la Révolution n'est pas en lui. La devise
fraternelle des Cordeliers ne hante ni le coeur, ni les lèvres de ce
Cordelier. C'est un haineux qui ne voit dans les grandes journées de la
Révolution qu'une occasion de frapper. Il n'a d'autre idéal que de
commander à une troupe armée et de remplir sa bourse. Il n'a rien
compris aux causes profondes des événements où il a été mêlé: il n'a vu
que le fait du moment et n'a éprouvé que des sensations.
[Note 26: Sauf dans le chapitre XI de ses mémoires, qui n'est qu'un
brouillon informe. Voir plus bas la note à la page 42.]
Mais son rôle d'agent d'exécution a été considérable. Il a contribué de
son bras au succès de tous les coups d'État populaires jusqu'à la chute
du trône. Ses colères à la Duchesne ne lui ont jamais ôté le sang-froid:
il a toujours bien vu ce qu'il faisait et toujours bien vu ce que faisaient
les autres. C'est ainsi qu'il a enregistré, dans les mémoires que nous
publions, des faits et des attitudes qui avaient échappé à l'histoire. On
verra que ce négrier était vaniteux comme un nègre: mais ne le prenez
pas pour un menteur. Il a en poche presque toutes les preuves, parfois
notariées, de ce qu'il avance. Il ne fait rien, sans demander un certificat.

Les allégations essentielles de ses mémoires sont déclarées conformes
par des pièces dûment signées qui font partie de ses papiers aux
Archives. Ces précautions, qu'il pousse à un point incroyable, ne sont
point d'un véritable homme de bien, et je me garderai de présenter les
mémoires de Fournier comme absolument sincères: cependant il est sûr
que la plupart des faits qui y sont exposés sont vrais.
Il est précieux pour l'histoire d'avoir ainsi le témoignage d'un des
combattants de la rue sur les célèbres journées du 14 juillet, des 5 et 6
octobre 1789, du 17 juillet 1791, du 10 août 1792. On verra combien de
traits la plume de Fournier ajoute au tableau des batailles civiles,
combien de détails essentiels elle corrige ou complète. Je ne crois pas
qu'on puisse désormais raconter ces journées célèbres sans recourir à
Fournier. De plus, ces mémoires sont utiles pour l'histoire, si mal
connue, du club des Cordeliers.
Les notes que nous avons ajoutées au texte ont surtout pour objet de
compléter le récit de Fournier par des extraits de ses papiers[27] ou de
le confirmer par quelques-unes de ces attestations de témoins dont il
corroborait ses dires.
F.-A. AULARD.
[Note 27: Notamment par des extraits d'un Mémoire expositif qu'il
rédigea le 3 février 1790 et fit approuver par ses compagnons d'armes.
Ce récit de la conduite de Fournier au début de la Révolution est
intitulé: _Mémoire expositif des services patriotiques du sieur Fournier
l'Héritier, ancien habitant de Saint-Domingue, où il a servi seize ans
dans les milices bourgeoises, et depuis quatre
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