Mémoires de Joseph Fouché, Duc
d'Otrante,
by Joseph Fouché
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d'Otrante,
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Title: Mémoires de Joseph Fouché, Duc d'Otrante, Ministre de la Police
Générale Tome II
Author: Joseph Fouché
Release Date: August 8, 2006 [EBook #19008]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MÉMOIRES DE JOSEPH FOUCHÉ ***
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[Note du transcripteur: l'orthographe originale de Fouché est conservée]
MÉMOIRES DE JOSEPH FOUCHÉ, DUC D'OTRANTE, MINISTRE
DE LA POLICE GÉNÉRALE. SECONDE PARTIE.
Réimpression de l'édition 1824
Osnabrück
Biblio-Verlag
1966
Gesamtherstellung Proff&Co.KG, Osnabrück
AVIS DE L'ÉDITEUR.
Jamais peut-être aucun ouvrage sur les événemens comtemporains n'a
été attendu et désiré aussi impatiemment que cette seconde partie des
Mémoires posthumes de l'ex-ministre Fouché, duc d'Otrante. Au
moment où parut le premier volume de ces Mémoires accueillis avec
tant d'empressement et de curiosité, j'annonçai moi-même au public que
la suite serait bientôt mise au jour. L'impatience fut d'autant plus vive
que l'intérêt de cette seconde partie ne pouvait manquer de surpasser
celui qu'offrait déjà la première, puisqu'elle traite d'une période plus
difficile et plus épineuse sous le point de vue politique. Je ne
soupçonnais pas alors que cette annonce put réveiller les craintes trop
susceptibles de certaines personnes sur ce complément des révélations
du duc d'Otrante. Pouvais-je m'attendre qu'elle m'entraînerait, comme
éditeur, dans un procès en action civile, dont ni le public ni moi n'avons
pu d'abord apprécier les vrais motifs? Ce procès m'est suscité par les
héritiers d'Otrante. Ils n'ont pourtant point à venger la mémoire de leur
père, qui lui-même a pris soin de justifier sa conduite politique; ils n'ont
pas non plus à défendre leurs intérêts dont aucun n'est compromis. Je
ne puis donc attribuer qu'à des suggestions étrangères l'action judiciaire
qu'ils m'intentent.
Quant à moi, fort de la justice de ma cause, tranquille sous l'égide des
lois protectrices de la propriété littéraire, je n'hésite donc pas à déposer
sur le tribunal de mes juges ce complément de mon corps de délit
imaginaire. La culpabilité de ces deux parties, s'il pouvait en exister
quelques traces, serait d'ailleurs identique, et dans l'une comme dans
l'autre, je suis certain de n'avoir blessé, ni les lois, ni le gouvernement,
ni les convenances individuelles. Voilà ce qu'établira victorieusement
dans son plaidoyer l'éloquent et habile avocat qui a bien voulu se
charger de ma cause. Elle est remise aux soins de M. Berryer fils; je me
présente donc avec confiance devant mes juges, et je soumets à leur
équité et à leurs lumières l'ensemble de ces Mémoires.
* * * * *
MÉMOIRES DE JOSEPH FOUCHÉ, DUC D'OTRANTE.
Je m'impose une tâche grande et forte en m'offrant de nouveau à toute
la sévérité d'une investigation publique; mais c'est pour moi un devoir
de chercher à détruire les préventions de l'esprit de parti et les
impressions de la haine. Du reste, j'ai peu d'espoir que la voix de la
raison puisse se faire entendre au milieu des clameurs de deux factions
acharnées qui divisent le monde politique. N'importe, ce n'est pas pour
le temps d'aujourd'hui que je raconte; c'est pour un temps plus calme. A
présent, que ma destinée s'accomplisse! Et quelle destinée, grand Dieu!
Que me reste-t-il de tant de grandeurs et d'un si énorme pouvoir, dont je
n'abusai jamais que pour éviter de plus grands maux? Ce que je prise le
moins, ce que j'amassai pour d'autres, me reste: à moi, qui, par mes
goûts simples, eût pu me passer de richesses; à moi qui n'apportai dans
les splendeurs que la réserve d'un sage et la sobriété d'un anachorète!
Tour-à-tour puissant, redouté ou dans la disgrâce, je recherchai
l'autorité, il est vrai, mais je détestai l'oppression. Que de services
n'ai-je pas rendus! que de larmes n'ai-je pas séchées! Osez le nier, vous
tous dont je réussis à me concilier les suffrages malgré de fâcheux
antécédens? N'étais-je pas devenu votre protecteur, votre appui contre
vos propres ressentimens, contre les passions si impétueuses du chef de
l'État? J'avoue que jamais police ne fut plus absolue que celle dont
j'avais le sceptre; mais ne disiez-vous pas qu'il n'y en eût jamais de plus
protectrice sous un gouvernement militaire? de plus ennemie de la
violence, qui pénétrât par des moyens plus doux dans le secret des
familles, et dont l'action moins sentie se laissât moins apercevoir? Ne
disiez-vous
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