nous
imposent leur gouvernement, et qui viennent de mettre Riel à mort,
malgré le voeu unanime du peuple canadien-français. Triste résultat de
la Confédération, de la politique de Sir John A. Macdonald et de
l'insignifiance servile de Sir Hector Langevin! Mais, en 1865, la
situation créée par l'acte d'union ne pouvait plus se prolonger; les deux
provinces n'étaient d'accord sur rien. La solution vraiment logique eût
dû consister à rappeler purement et simplement l'acte d'union et à
rendre à chacun sa liberté. Mais alors, personne n'y songea. Les
ministres conservateurs avaient d'autres visées; et sous leur influence,
le Canada s'abandonna à la dangereuse ambition de devenir un grand
État. C'est ainsi que la Confédération fut faite. Comme Ontario et
Québec ne pouvaient s'entendre, on leur adjoignit pour les départager,
le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, qui devait s'augmenter
plus tard de la Colombie Anglaise et de l'île du Prince-Edouard.
Comment nos hommes d'État ne s'aperçurent-ils pas que, par cette
adjonction, la province de Québec passait de la prépondérance ou tout
au moins de l'égalité à un état de minorité forcée; et que tôt ou tard la
Confédération se retournerait fatalement contre nous? Hélas! il a fallu
le gibet de Riel pour nous amener nous-mêmes à nous en convaincre!
Quoiqu'il en soit, la nouvelle Confédération fut formée et son premier
acte consista à acheter à la compagnie de la Baie d'Hudson le territoire
du Nord-Ouest. Les Métis furent vendus comme un vil troupeau, par un
compagnie commerciale à un gouvernement qu'ils ne connaissaient pas.
Ce gouvernement n'avait pas même daigné leur faire savoir qu'ils
étaient devenus ses sujets; et M. McDougall s'était présenté, comme
lieutenant-gouverneur, par la grâce du gouvernement d'Ottawa, avant
même que l'acte de cession n'eut été régulièrement promulgué.
Non seulement on avait disposé des Métis sans eux, mais on avait
disposé en même temps de la terre qui, par le fait de la cession,
devenait terre domaniale et qui allait être livrée au zèle dévorant des
arpenteurs.
On a dit qu'alors les Métis s'insurgèrent. Le fait est vrai, mais
l'expression ne l'est pas. Les Métis étaient, depuis trois quarts de siècle,
sujets de Sa Majesté Britannique, sous la gestion de la compagnie de la
Baie d'Hudson. La retraite de la compagnie de la Baie d'Hudson, les
rendait à eux-mêmes. Ils entendaient rester, comme par le passé, sujets
loyaux de la reine. Mais ils n'entendaient qu'un acte de vente pût les
livrer pieds et poings liés au gouvernement d'Ottawa. Ils avaient raison.
Le 27 janvier 1870, ils établirent un gouvernement provisoire, sous la
présidence de Louis Riel. Ils étaient dans leur droit.
Le gouvernement d'Ottawa le sentait si bien qu'il eut recours à
l'intervention bienveillante de Mgr Taché, et qu'il fut convenu avec Sir
John A. Macdonald et Sir George Cartier, qu'en vertu d'un
arrangement amical, les Métis se soumettraient au gouvernement; et
qu'après les arrangements conclus, une amnistie générale serait
proclamée. C'est en vertu de cet arrangement, que les délégués du
gouvernement canadien et ceux du gouvernement provisoire rédigèrent
ensemble le bill de Manitoba.
Par malheur, la convention n'avait pas été écrite. Sir John A.
Macdonald avait donné à Mgr Taché sa parole d'honneur; et le
gouverneur-général avait déclaré aux délégués des Métis que la chose
ne souffrait aucune difficulté, et qu'on n'attendait que la sanction de la
couronne.
On sait comment Sir John A. Macdonald faussa sa parole d'honneur. Le
colonel Wolseley, qui allait préluder à ses tristes exploits en Égypte par
le pillage du Nord-Ouest, se présenta au fort Garry, non pas comme
représentant du gouvernement canadien, mais comme représentant du
gouvernement impérial, que les Métis n'avaient jamais cessé de
reconnaître; et étant ainsi entré par trahison dans la place, il se conduisit
en vainqueur. Les membres du gouvernement provisoire furent arrêtés
et traînés en prison; et le colonel Wolseley se félicita dans un discours
public «d'avoir mis en fuite les bandits de Riel.»
Malheureusement, le gouvernement, qui avait été capable de s'emparer
du fort Garry par surprise, n'était pas capable de s'opposer à l'invasion
des fénians; et pour se défendre, il dut recourir à la généreuse assistance
de Riel et de Lépine. Cela n'empêcha pas Lépine d'être ensuite mis en
jugement et condamné à mort. La tête de Riel fut mise à prix. Il n'en fut
pas moins élu à la Chambre des Communes en 1873, pour le comté de
Provencher.
Poursuivi et traqué par les orangistes, obligé de se déguiser et de
changer de domicile au moindre soupçon, pour échapper au poignard
des assassins, Riel parvint néanmoins à passer inaperçu à travers les
sbires et se présenta seul au parlement, le 19 mars 1874, où il prêta
serment d'allégeance comme député de Provencher, devant le greffier
des Communes. Mais il fut expulsé par une majorité de 124 voix contre
68. Le 3 septembre de la même année, il
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