propageant dans les flancs de la montagne, dénotait la présence d'une importante caverne.
Sentant là un abri enviable pour la nuit, qui s'annon?ait froide, Jou?l, sans gravir davantage, fit chercher par ses gens quelque faille donnant accès dans l'antre imprévu.
Contrarié par l'échec de toute investigation, le roi, songeant à l'existence possible d'une ouverture ensablée, ordonna de déblayer, au-dessous de l'endroit sonore, la montagne dont un fin gravier envahissait la base.
Quelques travailleurs improvisés, s'armant d'instruments de fortune, mirent à nu, presque d'emblée, le sommet d'une vo?te, qu'ils dégagèrent pour le passage strict d'un homme.
Jou?l, pénétrant torche en main dans l'étroit couloir, eut vite connaissance d'une caverne splendide, tout en marbre vert garni par un étrange phénomène géologique d'énormes pépites d'or--représentant à elles seules une incalculable fortune, susceptible d'être décuplée par celles que recelait à coup s?r l'épaisseur du massif.
ébloui, Jou?l voulut, en les réservant pour d'éventuelles époques de ruineux malheurs, garantir de toute cupidité ces richesses fabuleuses, présentement inutiles à un royaume heureux jouissant d'une calme prospérité due au génie de son fondateur.
Taisant ses pensées, le roi se fit rejoindre par sa suite, et la nuit s'écoula paisible dans l'hospitalière caverne.
Le lendemain, un va-et-vient s'établit avec le plus prochain village, et des ouvriers se mirent à l'oeuvre sous la conduite de Jou?l. Libéré par leurs soins de tout ensablement, l'étroit passage primitif devint un spacieux tunnel, à mi-chemin duquel, après évacuation de la grotte, on établit une importante grille à deux battants, dépourvue de serrure par ordre formel du roi.
Alors, devant tous, Jou?l, qui pratiquait la magie, pronon?a deux solennelles incantations. Par la première, il rendait à jamais l'extérieur du mont invulnérable aux plus durs outils, et fermait impérieusement, par la seconde, l'épaisse et haute grille, immunisée en même temps contre le bris et le descellement.
Puis le monarque fit aux assistants de précieuses révélations. Actuellement ignorée de lui-même, impuissant à reconquérir, quand il l'e?t voulu, les richesses interdites, certaine phrase magique, relatant un personnel événement surhumain appelé à illustrer sa mort, serait à même d'ouvrir momentanément la grille à chaque impeccable énoncé. Une seule fois au cours des siècles futurs, en cas de grands désastres publics dont le décha?nement ou l'expectative pourrait nécessiter l'appoint de ces trésors, Jou?l aurait la faculté de dévoiler à l'un de ses successeurs, au moyen d'un songe, le propos cabalistique. Il livrait d'avance la substance du sésame pour que maints téméraires, par leurs essais périodiques, sauvassent l'important gisement de l'oubli forcé où l'e?t plongé un emprisonnement absolu.
Un mois plus tard, rentré à Gloannic après l'achèvement de sa tournée, Jou?l, par une nuit limpide, mourut chargé d'ans et de gloire--et soudain un astre neuf brilla au firmament.
Prompt à reconna?tre là cet incident surnaturel récemment prédit par Jou?l pour l'heure de son trépas, le peuple, avec certitude, salua en l'étoile imprévue l'ame même du défunt, prête à veiller éternellement sur les destinées du royaume.
Sachant désormais quel fait devait exprimer la formule propre à livrer les immenses biens du Morne-Vert, le nouveau souverain, ambitieux fils de Jou?l, pronon?a devant la grille ensorcelée force textes laconiques rapportant de mille fa?ons diverses la transformation du feu roi en astre des cieux. Mais il n'atteignit pas le dire juste, car les battants restèrent clos. Et ce fut toujours en vain que, dans la suite, de semblables tentatives eurent lieu derechef.
Or, cette proposition rebelle, Kourmelen, pendant son rêve, l'avait re?ue des lèvres de Jou?l, autorisé à en faire l'aveu par le mena?ant orage politique suspendu sur le royaume.
Au seuil du Morne-Vert, il l'émit en ces termes, dont les chercheurs, au cours des siècles, s'étaient seulement approchés:
?Jou?l br?le, astre aux cieux.?
La grille s'ouvrit largement--puis se referma, franchie par le visiteur, qui pénétra dans la grotte verte.
Par ordre de Jou?l, dont il comprenait le mobile, Kourmelen venait cacher là tout l'or de sa couronne. Où trouver une retraite plus s?re que cet antre, depuis si longtemps inviolé en dépit de mille efforts? Puis, au cas même où un intrigant e?t à force d'essais déniché le sésame exact, la présence dans la caverne d'innombrables pépites, dont la Massive transformée par sa fonte ne se distinguait en rien, constituait une garantie contre l'usurpation redoutée. Seul, en effet, vu le fétichisme populaire un front ceint de la couronne ancestrale reconstituée sans nul conteste avec son or primitif pourrait devenir royal. Et quel moyen aurait-on d'identifier le lingot vénérable parmi tant d'autres spécimens pareils à lui?
Extrayant sans trop de peine un long caillou à moitié pris dans la surface d'un bloc isolé de marbre vert, Kourmelen obtint une cavité parfaite où le précieux objet lourd entra juste, offrant dès lors le même aspect que les multiples échantillons d'or partout sertis dans l'ophite de la caverne.
Mais un trop strict anonymat du lingot e?t enlevé toute possibilité de règne à Hello même, qui, un jour, avant de lui rendre pour son front
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