Discentem
comitantur opes, comitantur honores.
5.
Si quelqu'un d'une faute a daigné te reprendre,
Rends-lui grace, et
surtout tâche de profiter
Du service amical qu'il a voulu te rendre,
En ne l'exposant pas à te le répéter.
Si quis te objurget, malè cùm quid feceris, illi
Gratiam habe, et ne
iterùm queat objurgare, caveto.
6.
Ne crois pas, en aveugle, à la feinte caresse
De celui qui te flatte, et
qui veut te trahir.
On corrige un enfant, quand il nous intéresse:
Ménager ses défauts, mon fils, c'est le haïr.
Ne temerè hunc credas, tibi qui blanditur, amicum. Peccantem puerum
quisquis non corrigit, odit.
7.
Mais l'adulation tend des piéges qu'on aime,
Qu'une fois on y tombe,
on n'en peut échapper.
L'art des flatteurs n'est rien, sans notre faible
extrême; Ils ne trompent que ceux qui se laissent tromper.
Qui semel incautum blando sermone fefellit,
Ille idem, dabitur
quoties occasio, fallet.
8.
Un misantrope aigri ne se fie à personne;
Un fou croit tout le monde.
Ils ont tort tous les deux.
Le soupçonneux mérite aussi qu'on le
soupçonne,
Et le sort du crédule est toujours hasardeux.
Nec cuivis sapiens, nec nulli credere debet.
Fallitur alter sæpè, fidem
sibi detrahit alter.
9.
Si tu commets le mal, seulement en idée,
Songe de quels regards tu
dois être apperçu.
La vigilance humaine est, en vain, éludée:
Dieu
voit tout; l'oeil de Dieu ne peut être déçu.
Si quid fortè mali facies, aut mente volutes,
Ut lateas homines, certè
Deus omnia cernit.
10.
D'un secret confié respecte le mystere.
Des amis éprouvés ont sur toi
du crédit;
Tu leur ouvres ton coeur; mais, toi-même il faut taire
Ce
que tu ne veux pas qui puisse être redit.
Non nisi spectatis arcana sodalibus effer:
Quodque tacere voles alios,
priùs ipse taceto.
11.
Garde ta vue, afin de garder ta pensée.
Des objets indécens ne sois
pas curieux.
Lorsque l'honnêteté d'un spectacle est blessée,
Le
coeur des spectateurs se corrompt par leurs yeux.
Nil cupidè specta, nisi quod fecisse decorum est: Turpia corrumpunt
teneras spectacula mentes.
12.
A tout discours impur ferme aussi ton oreille,
Et de qui s'en amuse
évite l'entretien.
Quand la pudeur s'endort, la débauche s'éveille;
Jamais son style affreux ne doit être le tien.
Averte impuris procul à sermonibus aures:
Et qui illis gaudent, horum
consortia vita.
13.
C'est l'étude, ô mon fils! qu'il faut que tu préferes.
Combien de ses
trésors tu dois être jaloux?
Ses racines, d'abord, te sembleront ameres;
Mais, dans peu, tu verras que les fruits en sont doux.
Principio studii radix inamoena videtur,
Sed profert dulces parvo post
tempore fructus.
14.
As-tu joué?.... du tems c'est un abus frivole;
Que t'en reste-t-il? Rien;
peut-être des regrets.
As-tu lu?.... de l'emploi de ce tems qui s'envole,
L'utile souvenir ne s'efface jamais.
Ludo indulsisti? Subitò evolat illa voluptas.
Legisti? Utilitas studio
percepta manebit.
15.
On ne peut pas toujours se livrer à l'étude;
Un repos ménagé remonte
nos ressorts;
Mais son excès produit une autre lassitude
Qui ruine
l'esprit, en énervant le corps.
Ut moderata quies prodest, viresque ministrat,
Sic hebetat corpus
nimia, ingeniumque retundit.
16.
Mon fils, les soins d'autrui se reglent sur les nôtres,
Et l'on fait son
bonheur, en faisant des heureux.
Tu ne peux être aimé, si tu n'aimes
les autres.
Veux-tu qu'ils soient pour toi? montre-toi donc pour eux.
Si prodesse aliis studeas, tibi proderis ipsi:
At nisi ames alios, et te
quoque nullus amabit.
17.
Du méchant, quelquefois, la fortune est prospere;
Mais son éclat ne
peut éblouir ton regard.
Sois sûr qu'au fond du coeur, il porte une
vipere
Qui le ronge, et qui doit l'étouffer tôt ou tard.
Successus faustos numquam admirare malorum:
Sera licet, tamen
olim illos sua poena sequetur.
18.
Aimes-tu le repos, travaille en ta jeunesse;
De ton loisir futur jette les
fondemens.
Ce laurier respectable ombrage la vieillesse,
Quand on
l'a cultivé dès les premiers momens.
Si tibi grata quies, juvenis ne parce labori:
Dux ad honoratam est
homini labor ipse quietem.
19.
Lorsque dans un miroir tu trouves ta figure,
Des dons extérieurs si tu
peux t'applaudir,
Songe que la vertu doit être leur parure;
O mon
fils! par tes moeurs trembles de t'enlaidir.
Inspice te in speculo: et bona seu tibi forma videtur, Moribus obscoenis
illam foedare caveto.
20.
Si la nature ingrate, en formant ton visage,
Ne t'a pas des dehors
accordé l'agrément,
Embellis ton esprit, polis tes moeurs, sois sage;
Répare, par le fonds, le défaut d'ornement.
Seu tibi subtraxit vultus natura decorem,
Ingenio ut formæ
compenses damna, labora.
21.
Ce dont tu peux rougir, tu ne dois pas le faire,
Le mal, même secret,
en existe-t-il moins?
A soi-même, jamais on ne peut se soustraire,
Et, dans sa conscience, on a mille témoins.
Nil facito quod turpe putes fecisse videri:
Et cura, ut multis tibi sis
pro testibus ipse.
22.
Nous n'avons qu'une bouche, et notre oreille est double.
En nous
formant ainsi, quel fut le but de Dieu?
L'homme, pour éviter la
discorde et le trouble,
Doit écouter beaucoup, et doit parler très-peu.
Ut nos pauca loqui, plura autem audire moneret,
Linguam unam
natura, duas dedit omnibus aures.
23.
Mon fils, sois attentif, soigneux en toute chose:
Il faut revoir souvent
ce
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