Linstitution des enfans, ou conseils dun père à son fils | Page 2

Nicolas François de Neufchâteau
qui veut te trahir.?On corrige un enfant, quand il nous intéresse:?Ménager ses défauts, mon fils, c'est le ha?r.
Ne temerè hunc credas, tibi qui blanditur, amicum. Peccantem puerum quisquis non corrigit, odit.
7.
Mais l'adulation tend des piéges qu'on aime,?Qu'une fois on y tombe, on n'en peut échapper.?L'art des flatteurs n'est rien, sans notre faible extrême; Ils ne trompent que ceux qui se laissent tromper.
Qui semel incautum blando sermone fefellit,?Ille idem, dabitur quoties occasio, fallet.
8.
Un misantrope aigri ne se fie à personne;?Un fou croit tout le monde. Ils ont tort tous les deux.?Le soup?onneux mérite aussi qu'on le soup?onne,?Et le sort du crédule est toujours hasardeux.
Nec cuivis sapiens, nec nulli credere debet.?Fallitur alter s?pè, fidem sibi detrahit alter.
9.
Si tu commets le mal, seulement en idée,?Songe de quels regards tu dois être apper?u.?La vigilance humaine est, en vain, éludée:?Dieu voit tout; l'oeil de Dieu ne peut être dé?u.
Si quid fortè mali facies, aut mente volutes,?Ut lateas homines, certè Deus omnia cernit.
10.
D'un secret confié respecte le mystere.?Des amis éprouvés ont sur toi du crédit;?Tu leur ouvres ton coeur; mais, toi-même il faut taire?Ce que tu ne veux pas qui puisse être redit.
Non nisi spectatis arcana sodalibus effer:?Quodque tacere voles alios, priùs ipse taceto.
11.
Garde ta vue, afin de garder ta pensée.?Des objets indécens ne sois pas curieux.?Lorsque l'honnêteté d'un spectacle est blessée,?Le coeur des spectateurs se corrompt par leurs yeux.
Nil cupidè specta, nisi quod fecisse decorum est: Turpia corrumpunt teneras spectacula mentes.
12.
A tout discours impur ferme aussi ton oreille,?Et de qui s'en amuse évite l'entretien.?Quand la pudeur s'endort, la débauche s'éveille;?Jamais son style affreux ne doit être le tien.
Averte impuris procul à sermonibus aures:?Et qui illis gaudent, horum consortia vita.
13.
C'est l'étude, ? mon fils! qu'il faut que tu préferes.?Combien de ses trésors tu dois être jaloux??Ses racines, d'abord, te sembleront ameres;?Mais, dans peu, tu verras que les fruits en sont doux.
Principio studii radix inamoena videtur,?Sed profert dulces parvo post tempore fructus.
14.
As-tu joué?.... du tems c'est un abus frivole;?Que t'en reste-t-il? Rien; peut-être des regrets.?As-tu lu?.... de l'emploi de ce tems qui s'envole,?L'utile souvenir ne s'efface jamais.
Ludo indulsisti? Subitò evolat illa voluptas.?Legisti? Utilitas studio percepta manebit.
15.
On ne peut pas toujours se livrer à l'étude;?Un repos ménagé remonte nos ressorts;?Mais son excès produit une autre lassitude?Qui ruine l'esprit, en énervant le corps.
Ut moderata quies prodest, viresque ministrat,?Sic hebetat corpus nimia, ingeniumque retundit.
16.
Mon fils, les soins d'autrui se reglent sur les n?tres,?Et l'on fait son bonheur, en faisant des heureux.?Tu ne peux être aimé, si tu n'aimes les autres.?Veux-tu qu'ils soient pour toi? montre-toi donc pour eux.
Si prodesse aliis studeas, tibi proderis ipsi:?At nisi ames alios, et te quoque nullus amabit.
17.
Du méchant, quelquefois, la fortune est prospere;?Mais son éclat ne peut éblouir ton regard.?Sois s?r qu'au fond du coeur, il porte une vipere?Qui le ronge, et qui doit l'étouffer t?t ou tard.
Successus faustos numquam admirare malorum:?Sera licet, tamen olim illos sua poena sequetur.
18.
Aimes-tu le repos, travaille en ta jeunesse;?De ton loisir futur jette les fondemens.?Ce laurier respectable ombrage la vieillesse,?Quand on l'a cultivé dès les premiers momens.
Si tibi grata quies, juvenis ne parce labori:?Dux ad honoratam est homini labor ipse quietem.
19.
Lorsque dans un miroir tu trouves ta figure,?Des dons extérieurs si tu peux t'applaudir,?Songe que la vertu doit être leur parure;?O mon fils! par tes moeurs trembles de t'enlaidir.
Inspice te in speculo: et bona seu tibi forma videtur, Moribus obscoenis illam foedare caveto.
20.
Si la nature ingrate, en formant ton visage,?Ne t'a pas des dehors accordé l'agrément,?Embellis ton esprit, polis tes moeurs, sois sage;?Répare, par le fonds, le défaut d'ornement.
Seu tibi subtraxit vultus natura decorem,?Ingenio ut form? compenses damna, labora.
21.
Ce dont tu peux rougir, tu ne dois pas le faire,?Le mal, même secret, en existe-t-il moins??A soi-même, jamais on ne peut se soustraire,?Et, dans sa conscience, on a mille témoins.
Nil facito quod turpe putes fecisse videri:?Et cura, ut multis tibi sis pro testibus ipse.
22.
Nous n'avons qu'une bouche, et notre oreille est double.?En nous formant ainsi, quel fut le but de Dieu??L'homme, pour éviter la discorde et le trouble,?Doit écouter beaucoup, et doit parler très-peu.
Ut nos pauca loqui, plura autem audire moneret,?Linguam unam natura, duas dedit omnibus aures.
23.
Mon fils, sois attentif, soigneux en toute chose:?Il faut revoir souvent ce qu'on veut conserver.?Vigilant sur ses biens, l'oeil du ma?tre s'oppose?A ce que des voleurs les viennent enlever.
Qu? servare voles, ne crebrò invisere parce.?Namque minùs furem metuunt, qu? s?pè videntur.
24.
La paresse, d'abord, nous séduit et nous flatte;?Elle avilit bient?t qui s'en laisse enivrer.?Du pénible travail l'apparence est ingrate;?Mais il comble d'honneurs, quand on veut s'y livrer.
Blanditur primò, sed perdit inertia famam:?Aspera res primò est, sed fert industria laudem.
25.
Sois sobre; la sagesse, à tout age, l'ordonne;?Mais, au tien, point de vin, s'il n'est noyé dans l'eau.?Au nectar de Bacchus, l'enfant qui s'abandonne,?Dans un brasier ardent jette un brasier nouveau.
Aut vinum ne tange, aut multa prolue lympha:?Cùm vino indulges, igni puer adjicis ignem.
26.
Joindre un air
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