Lhomme Qui Rit | Page 2

Victor Hugo
EST DANS LE JUSTE, URSUS EST DANS LE VRAI
XII - URSUS LE POËTE ENTRAINE URSUS LE PHILOSOPHE
LIVRE TROISIÈME --- COMMENCEMENT DE LA FÊLURE
I - L'INN TADCASTER II - ÉLOQUENCE EN PLEIN VENT III - OU LE PASSANT
REPARAIT IV - LES CONTRAIRES FRATERNISENT DANS LA HAINE V - LE
WAPENTAKE VI - LA SOURIS INTERROGÉE PAR LES CHATS VII - QUELLES
RAISONS PEUT AVOIR UN QUADRUPLE POUR VENIR S'ENCANAILLER
PARMI LES GROS SOUS? VIII - SYMPTOMES D'EMPOISONNEMENT IX -
ABYSSUS ABYSSUM VOCAT
LIVRE QUATRIÈME --- LA CAVE PÉNALE
I - LA TENTATION DE SAINT GWYNPLAINE II - DU PLAISANT AU SÉVÈRE III -
LEX, REX, FEX IV - URSUS ESPIONNE LA POLICE V - MAUVAIS LIEU VI -
QUELLES MAGISTRATURES IL Y AVAIT SOUS LES PERRUQUES
D'AUTREFOIS VII - FRÉMISSEMENT VIII - GÉMISSEMENT

LIVRE CINQUIÈME --- LA MER ET LE SORT REMUENT SOUS LE MÊME
SOUFFLE
I - SOLIDITÉ DES CHOSES FRAGILES II - CE QUI ERRE NE SE TROMPE PAS III -
AUCUN HOMME NE PASSERAIT BRUSQUEMENT DE LA SIBÉRIE AU
SÉNÉGAL SANS PERDRE CONNAISSANCE. (Humboldt.) IV - FASCINATION V -
ON CROIT SE SOUVENIR, ON OUBLIE
LIVRE SIXIÈIME --- ASPECTS VARIÉS D'URSUS
I - CE QUE DIT LE MISANTHROPE II - CE QU'IL FAIT III - COMPLICATIONS IV -
MOENIBUS SURDIS CAMPANA MUTA V - LA RAISON D'ÉTAT TRAVAILLE EN
PETIT COMME EN GRAND
LIVRE SEPTIEME --- LA TITANE
I - RÉVEIL II - RESSEMBLANCE D'UN PALAIS AVEC UN BOIS III - EVE IV -
SATAN V - ON SE RECONNAIT, MAIS ON NE SE CONNAIT PAS
LIVRE HUITIEME --- LE CAPITOLE ET SON VOISINAGE
I - DISSECTION DES CHOSES MAJESTUEUSES II - IMPARTIALITÉ III - LA
VIEILLE SALLE IV - LA VIEILLE CHAMBRE V - CAUSERIES ALTIÈRES VI - LA
HAUTE ET LA BASSE VII - LES TEMPÊTES D'HOMMES PIRES QUE LES
TEMPETES D'OCÉANS VIII - SERAIT BON FRÈRE S'IL N'ÉTAIT BON FILS
LIVRE NEUVIEME --- EN RUINE
I - C'EST A TRAVERS L'EXCÈS DE GRANDEUR QU'ON ARRIVE A L'EXCÈS DE
MISÈRE II - RÉSIDU
CONCLUSION --- LA MER ET LA NUIT
I - CHIEN DE GARDE PEUT ÊTRE ANGE GARDIEN II - BARKILPHEDRO A VISÉ
L'AIGLE ET A ATTEINT LA COLOMBE III - LE PARADIS RETROUVÉ ICI-BAS
IV - NON. LA-HAUT
NOTE

PREMIÈRE PARTIE
LA MER ET LA NUIT

DEUX CHAPITRES PRÉLIMINAIRES

I -- URSUS

I
Ursus et Homo étaient liés d'une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un
loup, Leurs humeurs s'étaient convenues. C'était l'homme qui avait baptisé le loup.
Probablement il s'était aussi choisi lui-même son nom; ayant trouvé Ursus bon pour lui, il
avait trouvé Homo bon pour la bête, L'association de cet homme et de ce loup profitait
aux foires, aux fêtes de paroisse, aux coins de rues où les passants s'attroupent, et au
besoin qu'éprouve partout le peuple d'écouter des sornettes et d'acheter de l'orviétan. Ce
loup, docile et gracieusement subalterne, était agréable à la foule. Voir des
apprivoisements est une chose qui plaît. Notre suprême contentement est de regarder
défiler toutes les variétés de la domestication. C'est ce qui fait qu'il y a tant de gens sur le
passage des cortèges royaux.
Ursus et Homo allaient de carrefour en carrefour, des places publiques d'Aberystwith aux
places publiques de Yeddburg, de pays en pays, de comté en comté, de ville en ville. Un
marché épuisé, ils passaient à l'autre. Ursus habitait une cahute roulante qu'Homo,
suffisamment civilisé, traînait le jour et gardait la nuit. Dans les routes difficiles, dans les
montées, quand il y avait trop d'ornière et trop de boue, l'homme se bouclait la bricole au
cou et tirait fraternellement, côte à côte avec le loup. Ils avaient ainsi vieilli ensemble. Ils
campaient à l'aventure dans une friche, dans une clairière, dans la patte d'oie d'un
entre-croisement de routes, à l'entrée des hameaux, aux portes des bourgs, dans les halles,
dans les mails publics, sur la lisière des parcs, sur les parvis d'églises, Quand la carriole
s'arrêtait dans quelque champ de foire, quand les commères accouraient béantes, quand
les curieux faisaient cercle, Ursus pérorait, Homo approuvait. Homo, une sébile dans sa
gueule, faisait poliment la quête dans l'assistance. Ils gagnaient leur vie. Le loup était
lettré, l'homme aussi. Le loup avait été dressé par l'homme, ou s'était dressé tout seul, à
diverses gentillesses de loup qui contribuaient à la recette.--Surtout ne dégénère pas en
homme, lui disait son ami.
Le loup ne mordait jamais, l'homme quelquefois. Du moins, mordre était la prétention
d'Ursus. Ursus était un misanthrope, et, pour souligner sa misanthropie, il s'était fait
bateleur. Pour vivre aussi, car l'estomac impose ses conditions. De plus ce bateleur
misanthrope, soit pour se compliquer, soit pour se compléter, était médecin. Médecin
c'est peu, Ursus était ventriloque. On le voyait parler sans que sa bouche remuât.
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