je serais tourment��e.
Il fait un clair de lune superbe et notre h?tel est situ�� sur la seule partie de l'Arno qui ne soit laide et dess��ch��e, comme le Paillon de Nice. �� demain les visites aux galeries, aux palais!
Ah! comme on vit bien ici! Nous avons visit�� le Palazzo Pitti, puis la galerie de tableaux. Le tableau qui m'a le plus frapp��, c'est le jugement de Salomon en costume moyen age,--il y a plusieurs autres na?vet��s pareilles. Tu sais que je respecte les tableaux tr��s anciens, ce qui ne m'emp��che pas cependant de voir leurs d��fauts. Une V��nus avec des pieds si mal faits, qu'on dirait qu'elle a port�� des souliers �� grands talons. Mes pieds sont bien mieux.
Il y a de tr��s belles et tr��s curieuses choses dans ce palais, il y en a pour des millions. Ce que j'aime le mieux, ce sont des portraits, parce que ce n'est pas invent��, compos��, arrang��. Il y a aussi une curieuse collection de miniatures. Pourquoi donc ne s'habille-t-on pas comme avant? Les modes d'�� pr��sent sont laides. Tu sais, une fois mari��e, mon genre est tout d��cid��, genre mythologique, empire ou plut?t directoire, mais plus d��cent, tr��s d��cent. Il y a de ces d��licieuses robes, crois��es comme par hasard, et serr��es devant par une ceinture. Oh! les femmes d'�� pr��sent ne savent pas s'habiller, les plus ��l��gantes sont mal mises. Enfin, ayez patience, si Dieu m'accorde la grace de faire ce que je veux, vous verrez une femme un peu bien arrang��e.
De l�� nous allons �� la maison de Buonarotti; mais il y a une telle foule, qu'on ne peut pas bien voir. Ensuite al Museo del Pietre D. Superbe mosa?que. Ensuite al galeria del Belorta. Je ne vais pas la d��crire. Quand tu seras bien portante, nous irons ensemble; d'ailleurs il faudrait un volume et la description n'en donnerait aucune id��e. Tu sais que j'adore la peinture, la sculpture, l'art enfin.
Au revoir, �� bient?t. Je t'embrasse.
�� son grand-p��re. Florence, mercredi, 15 septembre 1875.
Cher grand-papa,
Nous sommes all��es �� la galerie Degli uffici qui communique avec le Palais Pitti et que j'ai vue hier autant qu'on peut voir en passant. Aujourd'hui, c'est autre chose; j'y suis rest��e une heure et demie. Les statues et les bustes grecs me retiennent longtemps.
Je suis d��sappoint��e �� la vue de la t��te d'Alcibiade; jamais je ne me le figurais avec le front charnu, cette petite bouche montrant les dents, cette petite barbe.
Cic��ron est assez (je ne le prends pas pour un Grec, soyez tranquille) bien, mais ce pauvre Socrate! Oh! Il a bien fait de faire de la philosophie et de causer avec son g��nie, il ne pouvait pas faire autre chose! Quelle laideur ridicule!
Enfin me voil�� devant la fameuse Venera Medica! Cette petite poup��e est une d��ception nouvelle. Ces chevilles ressortantes n'excitent pas mon admiration, et la t��te et les traits communs �� toutes les statues grecques! Non ce n'est pas l�� V��nus, la d��esse charmante, la m��re de l'amour. La bouche est froide, les yeux sans expression; certes les proportions sont admirablement gard��es, mais que lui resterait-il donc, si les proportions ��taient moins parfaites! Qu'on me nomme barbare, ignorante, arrogante, stupide, mais c'est mon avis. La V��nus de Milo est beaucoup plus V��nus.
Je passe aux peintures et trouve enfin une chose digne du nom de Rapha?l, pas une image plate et effac��e comme ces madones, pas un Christ enfant comme en papier mach��, mais une t��te vivante, belle, fra?che. La Fornarina. Peut-��tre est-ce parce que je n'y comprends rien, mais je pr��f��re de beaucoup cette t��te �� toutes ses madones ensemble. Une femme de Titien, blonde et grasse, est admirable en Flore, on la retrouve au Palais Pitti, peinte, toujours par Titien, en _Cl��opatre se faisant mordre par un aspic_, elle repr��sente une absurdit��. Trop grasse, trop blonde, pas du tout grecque-��gyptienne. Les effets de lumi��re dans les tableaux de Gherardo delle Notti me plaisent ��norm��ment. Les figures sont belles et vivantes. La grande toile repr��sentant les Patres autour du berceau de J��sus est magnifique. Sous cette banale aur��ole, l'enfant divin illumine tous les entourants et semble lui m��me ��tre fait de lumi��re. La vierge Marie tient la couverture d��couvrant l'enfant et regarde les patres, avec un v��ritable sourire du ciel. Ils ont des figures radieusement respectueuses et ceux qui sont le plus pr��s se font de la main une visi��re comme on fait quand le soleil emp��che de voir. Toutes les figures sont belles, v��ritables. On voit bien que le peintre a compris ce qu'il faisait.
Dans la salle fran?aise il y a un tr��s joli petit portrait de Mignard et dans la salle flamande un petit tableau de Fran?ois Van Mieris, qui m'a ravie par sa finesse extraordinaire. Plus on regarde de pr��s, plus c'est joli et plus la mani��re dont les
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