l'oeuvre de M.
Descaves.»
Dans le Gil Blas du 21 décembre, M. Charles Leser donne cette appréciation:
«C'est l'armée que M. Descaves a outragée, et l'armée ne peut pas avoir d'autre avocat
que son chef. C'est une honte déjà qu'elle ait besoin d'un avocat.»
En réponse à une sorte de protestation en faveur de Sous-Offs, M. De Cassagnac, dans
l'Autorité du 26 décembre, revient sur un sujet qui l'écoeure profondément:
«J'ose croire que le gouvernement repoussera honteusement cette levée de plumes d'oie.
Il nous plait, à nous, de défendre contre vos prétentions exorbitantes l'âme de la France!
Nous vous défendons d'y toucher, vous entendez.»
C'est ce qui s'appelle clouer d'un seul coup le bec à la plume des folliculaires.
Dans le Matin du 9 janvier 1890, M. Jules Simon, jugeant qu'il n'est jamais trop tard pour
dire une bonne chose, s'écrie:
«Le collège préparera la caserne, c'est parfait. Que la caserne, à son tour, RAPPELLE
UN PEU ET CONTINUE LE COLLÈGE.»
Dans l'Eclair du 9 janvier, M. Camille Doucet, de l'Académie française, dans sa passion
pour la considération, reproche à M. Descaves les moyens qu'il y a employés pour
s'assurer un succès de mauvais aloi:
«Je n'ai pas lu Sous-Offs. Mais l'auteur a choisi un excellent moyen de forcer
l'indifférence et de s'imposer à l'attention publique.»
Dans la République Française du 9 janvier, M. Albert Delpit, un de nos illustres
romanciers, donne l'appréciation suivante:
«Le roman de M. Descaves n'est qu'une lanterne magique, où passent et repassent des
bonshommes grotesques et répugnants. Ce sont des caricatures... Je comprends qu'on aille
de temps en temps dans un mauvais lieu, mais, vrai! ça «me fatiguerait d'y passer ma vie
tout entière.»
C'est la leçon de l'expérience.
* * * * *
Assez de citations. Nos lecteurs sont édifiés sur la portée de Sous-Offs. Personne n'a été
dupe de ce roman et l'opinion publique s'est chargée d'infliger à M. Descaves le démenti
le plus sévère.
C'est une rude leçon, mais elle n'est point complète. A chacune des accusations échappées
à une plume aigrie par la rancune, il ne suffit pas de répondre par une négation: une
affirmation est nécessaire.
Il est temps d'élever une digue indestructible devant le flot débordant d'injures,
d'imputations calomnieuses, qui tente de submerger l'honneur de notre armée.
Aux faits imaginaires avancés par l'invention malade du malsain pamphlétaire, nous
allons opposer des faits historiques, des faits indiscutables, des faits qui prouveront
qu'aujourd'hui, comme par le passé, il y a dans l'âme du Sous-Offs autre chose que de la
sanie et de la boue!
Où M. Descaves trouve couardise et lâcheté, nous allons montrer bravoure et héroïsme.
Où M. Descaves trouve concussion et vol, nous allons montrer abnégation et sacrifice.
Où M. Descaves trouve des vices honteux et des moeurs infâmes, nous allons montrer
une tempérance parfois stoïque et de généreuses passions.
Où M. Descaves trouve l'égoïsme le plus abject, nous allons montrer la France!
* * * * *
«On demandait des volontaires pour le Tonkin.
«... Les gradés devaient faire l'objet d'un état ad hoc.
«Au déjeuner des sergents, les fourriers qui venaient d'assister à la lecture du rapport,
dans les chambres, divulguèrent l'impression générale:
«--C'est un four. Un seul sous-officier s'est fait inscrire: l'adjudant Rupert.
«--Parce qu'il sait qu'on ne le prendra pas, avec sa maladie.
«--Oui, mais vis à vis des chefs, c'est adroit.
«On discutait surtout l'abstention du seul sergent rengagé que possédât le bataillon,
Vaubourgeix.
«--Vaubourgeix! dit quelqu'un, on devrait l'envoyer là-bas d'office. C'est son métier,
n'est-ce pas? Mais voilà: ceux qui restent au régiment lui donnent non leur peau, MAIS
LE POIL QU'ILS ONT DANS LA MAIN...
«... Quant aux hommes, les quatre compagnies réunies n'en fournissaient que huit. On
cita deux caporaux récemment cassés de leur grade, deux engagés volontaires, deux
découcheurs tenaces, actuellement en prison, un ivrogne et une forte tête.
«...--Leur Tonkin, on l'a quelque part!
«... Et, sous ce raisonnement en façade, sous ces prétextes décoratifs, une inquiète lâcheté
s'aménageait, se terrait dans les caves de l'âme, ou bien apparaissait aux fenêtres du for
intérieur, aux lucarnes du corps, fardée, tremblant pour la bâtisse, criant éperduement, par
la bouche et par les yeux, son insatiable amour de la peau...»
Sans la crainte d'être accusé de parti pris et d'exagération en affirmant que Sous-Offs
représente notre armée, comme un ramassis de lâches, jamais nous ne nous serions
permis de citer les lignes honteuses qui précèdent.
Nous ne voulons pas les discuter. Notre histoire militaire tout entière crie au mensonge et
s'inscrit en faux.
Depuis qu'il y a des sous-officiers, les exemples de courage, les traits d'héroïsme ne se
comptent pas.
N'était-ce pas un sous-off, ce grenadier qui, à l'assaut de Prague, monta le premier sur les
remparts et assura la capture de la ville par l'héroïque Chevert?
Dans la même campagne (1745 à
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