courage?En brisant sans pitié l'insecte et l'embryon!
Le riche a ses oiseaux qu'à prix d'or il achète,?Oiseaux bariolés comme les arcs-en-ciel,?Qui soupirent leurs chants, ainsi qu'une fillette,?Pour de légers gateaux ou des rayons de miel.
L'hirondelle se rit des na?ves caresses?Que le riche prodigue à ses oiseaux aimés;?La liberté, voilà sa corbeille d'ivresses!?Elle aime le grand air et les nids parfumés.
Elle habite partout: la terre est sa patrie.?Des rivages du Gange aux bords du Saint-Laurent,?Le laboureur l'accueille avec idolatrie,?Car cet oiseau, pour lui, c'est plus qu'un conquérant!
Puis quand le morne hiver, cet h?te impitoyable,?Déroule sur nos prés son tapis de frimas;?Quand le nid des amours devient inhabitable,?Elle prend son essor, vers de plus chauds climats.
Poussant son vol altier à travers les empires,?Les fleuves, les déserts, les pics vertigineux,?Elle berce en volant, sur l'aile des zéphires?Ses suaves accords qui montent vers les cieux.
Mais vienne le printemps avec ses nids de mousse,?Son radieux soleil, ses bosquets enchantés,?On la voit aussit?t, comme une amante douce,?Joyeuse, revenir aux lieux qu'elle a quittés.
Puissé-je encor longtemps, ? gentille hirondelle,?écouter ta romance et tes cris de bonheur!?Ah! reviens sous nos cieux, messagère fidèle,?Mettre un rayon d'espoir dans notre pauvre coeur!
Juin 1878.
A MON PèRE
Quand la première fleur au champ des morts rayonne,?J'aime à te visiter, ? modeste colonne,?Qui rappelles le nom de mon père chéri;?Devant toi je m'incline en fermant les paupières,?Et mon ame redit de ferventes prières?Pour le chrétien qui dort sous ce gazon fleuri.?Méprisant les honneurs que l'orgueilleux envie,?Sans fiel il traversa le sentier de la vie?En pratiquant toujours la foi de ses a?eux.?Il n'aura pas sa place aux pages de l'histoire,?Mais son nom restera gravé dans la mémoire?Des plus pauvres que lui qu'il aida de son mieux.
Il est là, maintenant, sous quelques pieds de sable,?Cet honnête vieillard, doux, généreux, affable,?Qui ne faillit jamais aux règles de l'honneur.?Chrétiens, qui visitez ce sombre coin de terre,?Où l'oiseau, plein d'émoi, gazouille avec mystère,?Ah! daignez pour mon père implorer le Seigneur!
12 juillet 1883.
BOUQUET DE VIOLETTES
L'éPéE ET LA CHARRUE
Nos a?eux, sur ce sol, avec leur fière épée?Ont écrit ce grand mot: civilisation!?Nous, avec la charrue, achevons l'épopée?Par ce terme viril: colonisation!
LA PRESSE
La presse, c'est le phare illuminant le monde,?Le phare qui répand sa lumière féconde?Dans les nombreux esprits où l'erreur existait.?Mais la mauvaise presse attaque la morale?Sape l'autorité, provoque le scandale?Et renverserait tout, si Dieu ne l'arrêtait!
RICHESSE ET PAUVRETé
De la richesse na?t quelquefois l'avarice,?Et le coeur de l'avare est toujours malheureux;?Mais de la pauvreté jamais ne vient ce vice?Voilà pourquoi le pauvre est si souvent joyeux.
L'ORPHELINE ET SA MèRE
Une orpheline, un jour, demandait à sa mère?Pourquoi, soir et matin, elle priait Jésus??C'est que, répondit-elle, en lui je vois un père?Qui remplace celui que tu n'embrasse plus!
LE DOIGT DE DIEU
Par un froid de décembre, une tremblante mère?Chez un riche orgueilleux alla tendre la main;?Le riche en blasphémant repoussa sa prière,?Mais l'ange de la mort le foudroya soudain.
LA RECONNAISSANCE
Tout bienfaiteur a droit à la reconnaissance;?L'être suprême à qui nous devons l'existence
A les prémices de ce droit.?C'est un devoir auquel chaque bienfait nous lie,?Et l'ingrat est un monstre indigne de la vie,
Un être à l'esprit trop étroit!
MA POLITIQUE
Ma politique à moi, voulez-vous la conna?tre??--Non, dites-vous?--Alors, ce sera plus t?t fait!?D'ailleurs, je vous dirais qu'elle est encore à na?tre:?Quoi! cela vous étonne? et pourtant c'est un fait.
A NOS FRèRES EXILéS
O frères, qui vivez loin de notre patrie?Et qui gardez encore avec idolatrie?Les coutumes, les moeurs et la foi des a?eux,?Soyez bénis! Nos coeurs caressent l'espérance?Qu'un jour vous reviendrez dans la Nouvelle-France?Partager nos travaux et leurs fruits glorieux!
AH! LES ENFANTS!
Bébé fait le malin depuis une heure entière,?Et la faible maman ne peut le ma?triser.?Soudain le père arrive et se met en colère,?Mais bébé l'adoucit avec un seul baiser...
LES PARVENUS
Il est des parvenus qui croient, dans leur folie,?Que la toilette et l'or éclipsent le génie,?Et que tous leurs désirs doivent être exaucés.?Erreur! car ici-bas le génie est le ma?tre,?Et quand ces pauvres sots s'efforcent de para?tre,?Ils sont pris en pitié par les hommes sensés!
TEL PèRE, TEL FILS
Autrefois, j'ai connu, tout près de cette ville,?Un gamin de neuf ans qui blasphémait déjà.??Enfant, lui dis-je un jour, cette habitude est vile.??Monsieur, répondit-il, je fais comme papa!?
LE MOT PATRIE
Le mot patrie est doux à l'oreille de l'homme;?L'enfant, sans le comprendre, avec amour le nomme;?L'adulte en l'entendant sent palpiter son coeur.?A ce mot nous volons sur le champ de bataille,?Et pour lui nous bravons le fer de la mitraille;?Ce mot veut dire enfin: pays, famille, honneur!
22 octobre 1887.
LA SAINT-JEAN-BAPTISTE
A M. AMéDéE ROBITAILLE?Président général de la société St-Jean-Baptiste.
Quand brille à l'horizon le jour de la patrie,?Les Canadiens-Fran?ais, l'ame toute attendrie,?Célèbrent des a?eux les vertus, les exploits;?Et, léguant à l'oubli tout ce qui les divise,?Ils suivent l'étendard qui porte leur devise:??Nos institutions, notre langue et nos lois!?
Ils marchent, le front haut, sur ce sol où leurs pères?Ont posé les jalons de ces villes prospères?Que
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