est jour. Le soleil inonde
La chaumière de mille feux.
Soudain,
levant sa tête blonde,
L'enfant pousse des cris joyeux.
La mère, à ces tons d'allégresse,
Se lève et croit rêver encor!
L'enfant l'embrasse et la caresse
En lui montrant les pièces d'or.
Sauvés! Sauvés exclame-t-elle!
--Enfant, d'où vient ce trésor-là?
--Mère, la chose est naturelle:
Il vient du bon Jésus, voilà!
Intelligente autant que sage,
La mère devine à l'instant;
Et,
décrochant une humble image,
Elle dit en s'agenouillant:
«Enfant, devant cette madone,
Disons, en ce jour solennel:
Oh!
bénissez celui qui donne
L'or et les bonbons de Noël!»
27 décembre 1890.
L'HIRONDELLE
C'était un jour de juin. Sous la verte ramée
L'onde et l'oiseau mêlaient
les accords de leurs voix.
Le soleil argentait la pelouse embaumée
Et la brise agitait le grand clavier des bois.
Je contemplais, pensif, l'orgueilleuse nature
Déroulant au regard ses
féeriques splendeurs,
Quand, soudain, j'aperçus au fond de la ramure
Un petit chantre ailé volant de fleur en fleur.
Je m'approchai--c'était la gentille hirondelle
Qui saluait l'aurore aux
brillantes couleurs;
Joyeuse, elle égrenait sa tendre ritournelle
Dans
l'air tout imprégné d'agréables senteurs.
Oh! sois la bienvenue, hirondelle vaillante,
Compagne de la rose,
oiseau consolateur!
Lorsque tu viens, petite, une joie éclate
Illumine le front du pauvre moissonneur!
Tu veilles sur le grain, de village en village,
Et sais le protéger contre
le moucheron;
Chaque été tu poursuis ta tâche avec courage
En
brisant sans pitié l'insecte et l'embryon!
Le riche a ses oiseaux qu'à prix d'or il achète,
Oiseaux bariolés
comme les arcs-en-ciel,
Qui soupirent leurs chants, ainsi qu'une
fillette,
Pour de légers gâteaux ou des rayons de miel.
L'hirondelle se rit des naïves caresses
Que le riche prodigue à ses
oiseaux aimés;
La liberté, voilà sa corbeille d'ivresses!
Elle aime le
grand air et les nids parfumés.
Elle habite partout: la terre est sa patrie.
Des rivages du Gange aux
bords du Saint-Laurent,
Le laboureur l'accueille avec idolâtrie,
Car
cet oiseau, pour lui, c'est plus qu'un conquérant!
Puis quand le morne hiver, cet hôte impitoyable,
Déroule sur nos prés
son tapis de frimas;
Quand le nid des amours devient inhabitable,
Elle prend son essor, vers de plus chauds climats.
Poussant son vol altier à travers les empires,
Les fleuves, les déserts,
les pics vertigineux,
Elle berce en volant, sur l'aile des zéphires
Ses
suaves accords qui montent vers les cieux.
Mais vienne le printemps avec ses nids de mousse,
Son radieux soleil,
ses bosquets enchantés,
On la voit aussitôt, comme une amante douce,
Joyeuse, revenir aux lieux qu'elle a quittés.
Puissé-je encor longtemps, ô gentille hirondelle,
Écouter ta romance
et tes cris de bonheur!
Ah! reviens sous nos cieux, messagère fidèle,
Mettre un rayon d'espoir dans notre pauvre coeur!
Juin 1878.
A MON PÈRE
Quand la première fleur au champ des morts rayonne,
J'aime à te
visiter, ô modeste colonne,
Qui rappelles le nom de mon père chéri;
Devant toi je m'incline en fermant les paupières,
Et mon âme redit
de ferventes prières
Pour le chrétien qui dort sous ce gazon fleuri.
Méprisant les honneurs que l'orgueilleux envie,
Sans fiel il traversa le
sentier de la vie
En pratiquant toujours la foi de ses aïeux.
Il n'aura
pas sa place aux pages de l'histoire,
Mais son nom restera gravé dans
la mémoire
Des plus pauvres que lui qu'il aida de son mieux.
Il est là, maintenant, sous quelques pieds de sable,
Cet honnête
vieillard, doux, généreux, affable,
Qui ne faillit jamais aux règles de
l'honneur.
Chrétiens, qui visitez ce sombre coin de terre,
Où l'oiseau,
plein d'émoi, gazouille avec mystère,
Ah! daignez pour mon père
implorer le Seigneur!
12 juillet 1883.
BOUQUET DE VIOLETTES
L'ÉPÉE ET LA CHARRUE
Nos aïeux, sur ce sol, avec leur fière épée
Ont écrit ce grand mot:
civilisation!
Nous, avec la charrue, achevons l'épopée
Par ce terme
viril: colonisation!
LA PRESSE
La presse, c'est le phare illuminant le monde,
Le phare qui répand sa
lumière féconde
Dans les nombreux esprits où l'erreur existait.
Mais
la mauvaise presse attaque la morale
Sape l'autorité, provoque le
scandale
Et renverserait tout, si Dieu ne l'arrêtait!
RICHESSE ET PAUVRETÉ
De la richesse naît quelquefois l'avarice,
Et le coeur de l'avare est
toujours malheureux;
Mais de la pauvreté jamais ne vient ce vice
Voilà pourquoi le pauvre est si souvent joyeux.
L'ORPHELINE ET SA MÈRE
Une orpheline, un jour, demandait à sa mère
Pourquoi, soir et matin,
elle priait Jésus?
C'est que, répondit-elle, en lui je vois un père
Qui
remplace celui que tu n'embrasse plus!
LE DOIGT DE DIEU
Par un froid de décembre, une tremblante mère
Chez un riche
orgueilleux alla tendre la main;
Le riche en blasphémant repoussa sa
prière,
Mais l'ange de la mort le foudroya soudain.
LA RECONNAISSANCE
Tout bienfaiteur a droit à la reconnaissance;
L'être suprême à qui
nous devons l'existence
A les prémices de ce droit.
C'est un devoir auquel chaque bienfait
nous lie,
Et l'ingrat est un monstre indigne de la vie,
Un être à l'esprit trop étroit!
MA POLITIQUE
Ma politique à moi, voulez-vous la connaître?
--Non,
dites-vous?--Alors, ce sera plus tôt fait!
D'ailleurs, je vous dirais
qu'elle est encore à naître:
Quoi! cela vous étonne? et pourtant c'est
un fait.
A NOS FRÈRES EXILÉS
O frères, qui vivez loin de notre patrie
Et qui gardez encore avec
idolâtrie
Les coutumes, les moeurs et la foi des aïeux,
Soyez bénis!
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