ses palais de rois,?Je suis pleine de force et de douleur pour toi!
JE ME DEFENDS DE TOI...
Je me d��fends de toi chaque fois que je veille,?J'interdis �� mon vif regard, �� mon oreille,?De visiter avec leur tumulte empress��?Ce coeur d��sordonn�� o�� tes yeux sont fix��s.?J'erre hors de moi-m��me en n��gligeant la place?O�� ton clair souvenir m'exalte et me terrasse.?Je refuse �� ma vie un baume essentiel.?Je peux, pendant le jour, ne pas go?ter au miel?Que ton rire et ta voix ont laiss�� dans mon ame,?O�� la plaintive faim brusquement me r��clame...?--Mais la nuit je n'ai pas de force contre toi,?Mon sommeil est ouvert, sans portes et sans toit.?Tu m'envahis ainsi que le vent prend la plaine.?Tu viens par mon regard, ma bouche, mon haleine?Par tout l'int��rieur et par tout le dehors.?Tu entres sans d��bats dans mon esprit qui dort.?Comme Ulysse, pieds nus, d��barquait sur la gr��ve;?Et nous sommes tout seuls, enferm��s dans mon r��ve.?Nous avan?ons furtifs, confiants, hasardeux,?Dans un monde infini o�� l'on ne tient que deux.?Un mur prudent et fort nous s��pare des hommes,?Rien d'humain ne p��n��tre aux doux lieux o�� nous sommes.?Les bonheurs, les malheurs n'ont plus de sens pour nous;?Je recherche la mort en pressant tes genoux,?Tant mon amour a hate et soif d'un sort extr��me,?Et tu n'existes plus pour mon coeur, tant je t'aime!?Mon vertige est scell�� sur nous comme un tombeau.?--Ce terrible moment est si br?lant, si beau,?Que lorsque lentement l'aube teint ma fen��tre,?C'est en me r��veillant que je crois cesser d'��tre...
LA DOULEUR
?Lion, supporte avec courage ton sort intol��rable!? HERODOTE.
Quand la douleur est vaste, ardente, sans m��lange,?Quand elle aveugle ainsi qu'un t��n��breux soleil,?Elle est dans l'eau qu'on boit et dans le pain qu'on mange,
Et dans les rideaux du sommeil!
Comme l'odeur du sel sur les routes marines,?Comme les chauds parfums de Corse ou d'Orient,?Elle emplit le poumon, ��tourdit la narine,
Et griffe ainsi qu'un diamant!
Les arceaux de l'azur, le fier tranchant des cimes,?La longueur des cit��s et leurs hauts monuments,?Ne sont qu'une eau rampante et qu'un grisatre ab?me
Aupr��s de son envolement!
--Douleur qui me comblez, chantez, voix infinie!?Attachez �� mon cou vos froids colliers de fer;?Qu'importent l'esclavage et la dure agonie,
Je vois les mondes entr'ouverts!
J'ai vu l'immensit�� moins vaste que mon ��tre;?L'espace est un noyau que mon coeur contenait;?Je sais ce qu'est avoir, je sais ce qu'est conna?tre,
J'englobe ce qui meurt et na?t!
L'ange qui fit r��ver J��sus sur la montagne,?Qui lui montra le monde et tenta son esprit,?M'a, dans les calmes soirs des verdatres campagnes,
Tout soupir�� et tout appris!
Serai-je d��sormais l'ermite magnanime?Qui vit de son secret, par-del�� les humains??Pourrai-je conserver, d��daigneuse victime,
La solitude de mes mains?
Pourrai-je, quand r��sonne, ? Printemps, ta cadence,?Ivre du seul orgueil et des seules piti��s,?Ecouter la secr��te et chaste confidence
Qui va des soleils �� mes pieds?
O Douleur! je comprends, arr��tez vos batailles:?Au travers de mes pleurs j'entrevois vos projets;?Un chaud pressentiment m'��blouit et m'assaille;
C'est dans ce feu que je plongeais!
Je sais,--moi qui vous tiens, vous respire, vous touche,?Moi qui vis contre vous et qui bois votre vin?Dans un dur gobelet coll�� contre ma bouche,--
Quel est votre dessein divin;
Vous pr��parez la vie avec vos sombres armes,?Le corps que vous brisez r��ve d'��ternit��,?H��las! les purs sanglots, les tremblements, les larmes
Aspirent �� la volupt��!
SEIGNEUR, POURQUOI L'AMOUR...
Seigneur, pourquoi l'amour et son divin supplice?Sont-ils, entre deux coeurs noblement rapproch��s,?Comme un glaive qui rend une inique justice,?Et qui toujours chatie un mystique p��ch��?
Tour �� tour l'un des deux est votre humble victime,?Il doute, il est br?lant, bondissant, abattu;?Les regards h��b��t��s il mesure l'ab?me?O�� le buisson ardent parlait, et puis s'est tu...
--Mon Dieu, dans ces amours, la douleur est si forte?Que, malgr�� le courage, on ne peut pas vouloir?��tre celui des deux qui chancelle, et qui porte?Tout le poids d'un si lourd et cuisant d��sespoir;
Faut-il que l'un des deux seulement reste libre,?Que tour �� tour l'on ait le calme ou le d��sir,?Et que l'amour ne soit que l'instable ��quilibre?D'��tre celui des deux qui ne va pas mourir?
Faut-il que l'un des deux brusquement se repose?Dans le bonheur amer et puissant d'aimer moins,?Et d'��tre, �� la faveur de cette froide pause,?Non plus le combattant vaincu, mais le t��moin;
D'��tre celui des deux qui n'est pas l'humble esclave?Dont on voit panteler la muette terreur,?Et dont les yeux, pareils �� des torrents de lave,?Font un don infini de soupirs et de pleurs.
--On a besoin parfois de la douleur de l'autre,?De ses bras suppliants, de son front inquiet?Pench�� comme celui du plus doux des ap?tres?Sur son c��leste ami, qui songe et qui se tait.
On a besoin de voir sourdre au bord de la vie?Cet ineffable sang des larmes de cristal,?Offrande qui toujours r��pond �� notre envie?D'��pier la douleur et son puissant signal;
--Et moi, qui me rev��ts de vos graces pr��coces,?Comme un br?lant frelon dans un lis engouffr��,?Cher ��tre par qui j'ai, plus qu'�� mon tour, pleur��,?Pourrai-je pardonner �� mon ame f��roce?La paix qui m'envahit quand c'est vous
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