le leur montrant: ?Savez-vous bien, dit-elle, ce que signifient ces joyaux? - Non, r��pondirent-ils; mais il ne tiendra qu'�� vous de nous l'apprendre. - Ce sont, reprit-elle, les bagues de tous les hommes �� qui j'ai fait part de mes faveurs; il y en a quatre-vingt-dix-huit bien compt��es, que je garde pour me souvenir d'eux. Je vous ai demand�� les v?tres pour la m��me raison, et afin d'avoir la centaine accomplie: voil�� donc, continua-t-elle, cent amants que j'ai eus jusqu'�� ce jour, malgr�� la vigilance et les pr��cautions de ce vilain g��nie qui ne me quitte pas. Il a beau m'enfermer dans cette caisse de verre, et me tenir cach��e au fond de la mer, je ne laisse pas de tromper ses soins. Vous voyez par l�� que quand une femme a form�� un projet, il n'y a point de mari ni d'amant qui puisse en emp��cher l'ex��cution. Les hommes feraient mieux de ne pas contraindre les femmes; ce serait le moyen de les rendre sages.? La dame, leur ayant parl�� de la sorte, passa leurs bagues dans le m��me fil o�� ��taient enfil��es les autres. Elle s'assit ensuite comme auparavant, souleva la t��te du g��nie, qui ne se r��veilla point, la remit sur ses genoux, et fit signe aux princes de se retirer.
Ils reprirent le chemin par o�� ils ��taient venus; et lorsqu'ils eurent perdu de vue la dame et le g��nie, Schahriar dit �� Schahzenan: ?H�� bien! mon fr��re, que pensez-vous de l'aventure qui vient de nous arriver? Le g��nie n'a-t-il pas une ma?tresse bien fid��le? Et ne convenez-vous pas que rien n'est ��gal �� la malice des femmes? - Oui, mon fr��re, r��pondit le roi de la Grande Tartarie. Et vous devez aussi demeurer d'accord que le g��nie est plus �� plaindre et plus malheureux que nous. C'est pourquoi, puisque nous avons trouv�� ce que nous cherchions, retournons dans nos ��tats, et que cela ne nous emp��che pas de nous marier. Pour moi, je sais par quel moyen je pr��tends que la foi qui m'est due me soit inviolablement conserv��e. Je ne veux pas m'expliquer pr��sentement l��-dessus; mais vous en apprendrez un jour des nouvelles, et je suis s?r que vous suivrez mon exemple.? Le sultan fut de l'avis de son fr��re; et continuant tous deux de marcher, ils arriv��rent au camp sur la fin de la nuit du troisi��me jour qu'ils ��taient partis.
La nouvelle du retour du sultan s'y ��tant r��pandue, les courtisans se rendirent de grand matin devant son pavillon. Il les fit entrer, les re?ut d'un air plus riant qu'�� l'ordinaire, et leur fit �� tous des gratifications. Apr��s quoi, leur ayant d��clar�� qu'il ne voulait pas aller plus loin, il leur commanda de monter �� cheval, et il retourna bient?t �� son palais.
�� peine fut-il arriv��, qu'il courut �� l'appartement de la sultane. Il la fit lier devant lui, et la livra �� son grand vizir, avec ordre de la faire ��trangler; ce que ce ministre ex��cuta, sans s'informer quel crime elle avait commis. Le prince irrit�� n'en demeura pas l��: il coupa la t��te de sa propre main �� toutes les femmes de la sultane. Apr��s ce rigoureux chatiment, persuad�� qu'il n'y avait pas une femme sage, pour pr��venir les infid��lit��s de celles qu'il prendrait �� l'avenir, il r��solut d'en ��pouser une chaque nuit, et de la faire ��trangler le lendemain. S'��tant impos�� cette loi cruelle, il jura qu'il l'observerait imm��diatement apr��s le d��part du roi de Tartarie, qui prit bient?t cong�� de lui, et se mit en chemin, charg�� de pr��sents magnifiques.
Schahzenan ��tant parti, Schahriar ne manqua pas d'ordonner �� son grand vizir de lui amener la fille d'un de ses g��n��raux d'arm��e. Le vizir ob��it. Le sultan coucha avec elle; et le lendemain, en la lui remettant entre les mains pour la faire mourir, il lui commanda de lui en chercher une autre pour la nuit suivante. Quelque r��pugnance qu'e?t le vizir �� ex��cuter de semblables ordres, comme il devait au sultan son ma?tre une ob��issance aveugle, il ��tait oblig�� de s'y soumettre. Il lui mena donc la fille d'un officier subalterne, qu'on fit aussi mourir le lendemain. Apr��s celle-l��, ce fut la fille d'un bourgeois de la capitale; et enfin, chaque jour c'��tait une fille mari��e et une femme morte.
Le bruit de cette inhumanit�� sans exemple causa une consternation g��n��rale dans la ville. On n'y entendait que des cris et des lamentations: ici c'��tait un p��re en pleurs qui se d��sesp��rait de la perte de sa fille; et l�� c'��taient de tendres m��res, qui, craignant pour les leurs la m��me destin��e, faisaient par avance retentir l'air de leurs g��missements. Ainsi, au lieu des louanges et des b��n��dictions que le sultan s'��tait attir��es jusqu'alors, tous ses sujets ne faisaient plus que des impr��cations contre lui.
Le grand vizir, qui, comme on
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