Les lois sociologiques | Page 8

Guillaume de Greef
concr��tes, puis abstraites.
L'enseignement inf��rieur et m��me moyen, dans les classes inf��rieures, celui-ci cependant dans une proportion d��j�� moindre, sera donc avant tout un enseignement intuitif, inductif, concret. Tout en embrassant partout et toujours l'arbre encyclop��dique complet des sciences, y compris les sciences sociales, il ne se d��partira qu'avec une circonspection extr��me de ces proc��d��s dogmatiques impos��s par la nature elle-m��me. C'est dans tous les cas par des observations tir��es des sciences les plus g��n��rales et les plus simples, des ph��nom��nes les plus fr��quents et les plus ordinaires qu'il faudra commencer, �� pas compt��s, par enseigner aux jeunes gens �� formuler eux-m��mes leurs premi��res g��n��ralisations, leurs abstractions spontan��es, notamment dans la g��om��trie, le calcul, la m��canique et la physique, tous ordres de ph��nom��nes du plus haut int��r��t pour les enfants et les jeunes gens et constituant m��me une v��ritable r��cr��ation quand, au lieu de se servir de formules s��ches et abrutissantes, le professeur objective exp��rimentalement son enseignement. C'est assez dire que l'irrationnel enseignement des r��gles de la grammaire, par exemple, est aussi peu en rapport avec l'��tat des jeunes intelligences que celui d'une m��taphysique ou d'une philosophie g��n��rale et abstraite des sciences. La grammaire, en tant que formulaire des lois du langage oral ou ��crit doit ��tre rigoureusement expuls��e de renseignement au moins primaire tout aussi bien que le cath��chisme. Il n'y a pas plus de place dans les cerveaux infantiles pour une conception des lois du langage, que pour une conception cosmogonique et sociale, g��n��rale ou abstraite et m��me concr��te.
C'est ainsi qu'au point de vue dogmatique, il convient de combiner toujours rigoureusement les n��cessit��s de l'ordre logique avec celles de l'ordre historique, en proc��dant en d��finitive pour chaque ��ducation particuli��re, mais avec une rapidit�� incomparable, par les m��mes stades travers��s par les civilisations particuli��res et l'humanit�� en g��n��ral dans son ��volution scientifique, avec cette restriction capitale qu'il est inutile de repasser par les m��mes erreurs ou d��viations, et qu'il est possible actuellement de suivre une ligne raisonn��e et droite.
En r��sum��, les proc��d��s dogmatiques, tout en se conformant aux classifications logiques, suivent un ordre moins simple et moins rigoureux; ils doivent ��galement tenir compte des grandes conditions de simultan��it�� et d'interd��pendance historiques des sciences, surtout concr��tes. Ce n'est pas tout: comme nous venons de le voir, les classifications logiques sont elles-m��mes en rapport avec la structure et le fonctionnement de notre intelligence; celle-ci, au cours de l'��volution de toute vie individuelle, se manifeste suivant des modalit��s diff��rentes selon les ages; son activit�� est autrement conditionn��e pendant l'enfance et l'adolescence qu'en pleine maturit��; les m��thodes dogmatiques, tout en se diff��renciant partiellement de l'ordre purement logique, doivent donc toujours se conformer �� la constitution physiologique et psychique des ��l��ves; elles doivent par cons��quent transiter du concret �� l'abstrait, du particulier au g��n��ral, du simple au compos��.
D'un autre c?t��, renseignement scientifique n'a pas son objectif en lui-m��me; il a une destination sociale; il s'applique �� tous les besoins de plus en plus complexes, non seulement mat��riels, mais id��aux, des individus et des soci��t��s; chaque science correspond, dans ses applications, �� un ou �� plusieurs arts et professions diff��rents. Aux premiers stades de l'enseignement, les notions les plus simples se confondent g��n��ralement avec leur utilit�� pratique, mais �� mesure qu'il devient �� la fois plus g��n��ralisateur, plus abstrait et en m��me temps plus intensif, la n��cessit�� appara?t, dans l'int��r��t de l'��quilibre intellectuel et m��me physiologique et surtout dans l'int��r��t sup��rieur de l'adaptation incessante aux conditions sociales de l'existence, d'une intervention de plus en plus consid��rable de l'enseignement professionnel. Ainsi, dans les instituts sup��rieurs du Commerce, de l'Industrie, de l'Agriculture, dans les ��coles polytechniques et dans les diverses facult��s universitaires, le maximum d'abstraction et de g��n��ralisation scientifiques et philosophiques doit ��tre naturellement contre-balanc�� par le maximum de sp��cialisation professionnelle. L�� o�� l'enseignement universitaire se r��duit �� ��tre une fabrique de dipl?mes professionnels, il est aussi vicieux que l�� o�� il ne produirait que des th��oriciens et des abstracteurs de quintessence. En outre, qu'on y prenne garde, ce n'est pas la m��taphysique qui peut servir de contrepoids, avec ses r��ves, �� la diff��renciation sociale progressive des ��tudes et des fonctions; la philosophie de chaque science particuli��re et la philosophie g��n��rale des sciences peuvent seules remplir cette indispensable mission; la sp��cialisation scientifique et professionnelle a son antidote dans la g��n��ralisation ��galement scientifique qui permet �� chaque conscience individuelle de rattacher l'existence de toute profession particuli��re �� l'ensemble de l'organisation collective et par l�� de reconna?tre et de proclamer la dignit�� et l'��quivalence de tous les m��tiers, lib��raux ou manuels, dans la trame indivisible de la vie des soci��t��s.
Cette consid��ration est de la plus haute importance, surtout si l'on compl��te le tableau hi��rarchique des sciences par la philosophie des sciences sociales particuli��res, c'est-��-dire par la sociologie qui en est le couronnement. L'enseignement de la sociologie est l'indispensable conclusion de
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