Les joyeuses Bourgeoises de Windsor | Page 2

William Shakespeare
il d��crit �� M. Brook ses souffrances dans le panier au linge sale n'est plus celle de Falstaff racontant ses exploits contre les voleurs de Gadshill, et se tirant ensuite si plaisamment d'affaire lorsqu'il est pris en mensonge. Le besoin de se vanter n'est plus un de ses premiers besoins; il lui faut de l'argent, avant tout de l'argent, et il ne sera convenablement chati�� que par des inconv��nients aussi r��els que les avantages qu'il se promet. Ainsi le panier de linge sale, les coups de baton de M. Ford, sont parfaitement adapt��s au genre de pr��tentions qui attirent �� Falstaff une correction pareille; mais bien qu'une telle aventure puisse, sans aucune difficult��, s'adapter au Falstaff des deux Henri IV, elle l'a pris dans une autre portion de sa vie et de son caract��re; et si on l'introduisait entre les deux parties de l'action qui se continue dans les deux Henri IV, elle refroidirait l'imagination du spectateur, au point de d��truire enti��rement l'effet de la seconde.
Bien que cette raison paraisse suffisante, on en pourrait trouver plusieurs autres pour justifier l'opinion de Johnson. Ce n'est cependant pas dans la chronologie qu'il faudrait les chercher. Ce serait une oeuvre impraticable que de pr��tendre accorder ensemble les diverses donn��es chronologiques que, souvent dans la m��me pi��ce, il pla?t �� Shakspeare d'��tablir; et il est aussi impossible de trouver chronologiquement la place des Joyeuses Bourgeoises de Windsor entre Henri IV et Henri V, qu'entre les deux parties de Henri IV. Mais, dans cette derni��re supposition, l'entrevue entre Shallow et Falstaff dans la seconde partie de Henri IV, le plaisir qu'��prouve Shallow �� revoir Falstaff apr��s une si longue s��paration, la consid��ration qu'il professe pour lui, et qui va jusqu'�� lui pr��ter mille livres sterling, deviennent des invraisemblances choquantes: ce n'est pas apr��s la com��die des Joyeuses Bourgeoises de Windsor, que Shallow peut ��tre attrap�� par Falstaff. Nym, qu'on retrouve dans Henri V, n'est point compt�� dans la seconde partie de Henri IV, au nombre des gens de Falstaff. Il serait assez difficile, dans les deux suppositions, de se rendre compte du personnage de Quickly, si l'on ne supposait que c'est une autre Quickly un nom que Shakspeare a trouv�� bon de rendre commun �� toutes les entremetteuses. Celle de Henri IV est mari��e; son nom n'est donc point un nom de fille; la Quickly des Joyeuses Bourgeoises ne l'est pas.
Au reste, il serait superflu de chercher �� ��tablir d'une mani��re bien solide l'ordre historique de ces trois pi��ces; Shakspeare lui-m��me n'y a pas song��. On peut croire cependant que, dans l'incertitude qu'il a laiss��e �� cet ��gard, il a voulu du moins qu'il ne f?t pas tout �� fait impossible de faire de ses Joyeuses Bourgeoises de Windsor la suite des Henri IV. Press�� �� ce qu'il para?t par les ordres d'��lisabeth, il n'avait d'abord donn�� de cette com��die qu'une esp��ce d'��bauche qui fut cependant repr��sent��e pendant assez longtemps, telle qu'on la trouve dans les premi��res ��ditions de ses oeuvres, et qu'il n'a remise que plusieurs ann��es apr��s sous la forme o�� nous la voyons maintenant. Dans cette premi��re pi��ce, Falstaff, au moment o�� il est dans la for��t, effray�� des bruits qui se font entendre de tous c?t��s, se demande si ce n'est pas ce libertin de prince de Galles qui vole les daims de son p��re. Cette supposition a ��t�� supprim��e dans la com��die mise sous la seconde forme, lorsque le po?te voulut tacher apparemment d'indiquer un ordre de faits un peu plus vraisemblable. Dans cette m��me pi��ce comme nous l'avons �� pr��sent, Page reproche �� Fenton d'avoir ��t�� de la soci��t�� du prince de Galles et de Poins. Du moins n'en est-il plus, et l'on peut supposer que le nom de Wild-Prince demeure encore pour d��signer ce qu'a ��t�� le prince de Galles et ce que n'est plus Henri V. Quoi qu'il en soit, si la com��die des Joyeuses Bourgeoises offre un genre de comique moins relev�� que la premi��re partie de Henri IV, elle n'en est pas moins une des productions les plus divertissantes de cette gaiet�� d'esprit dont Shakspeare a fait preuve dans plusieurs de ses com��dies.
Plusieurs nouvelles peuvent se disputer l'honneur d'avoir fourni �� Shakspeare le fond de l'aventure sur laquelle repose l'intrigue des Joyeuses Bourgeoises de Windsor. C'est probablement aux m��mes sources que Moli��re aura emprunt�� celle de son ��cole des Femmes; ce qui appartient �� Shakspeare, c'est d'avoir fait servir la m��me intrigue �� punir �� la fois le mari jaloux et l'amoureux insolent. Il a ainsi donn�� �� sa pi��ce, sauf la libert�� de quelques expressions, une couleur beaucoup plus morale que celle des r��cits o�� il a pu puiser, et o�� le mari finit toujours par ��tre dupe, et l'amant heureux.
Cette com��die para?t avoir ��t�� compos��e en 1604.
LES JOYEUSES BOURGEOISES DE WINDSOR
COM��DIE
PERSONNAGES
SIR JOHN FALSTAFF.
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