Les huguenots | Page 6

Charles Alfred de Janzé
troisi��mes: Aidez-moi �� faire dispara?tre tout ce qui est contraire �� la tr��s sainte volont�� de Dieu.?
Or, ce qui est contraire �� cette tr��s sainte volont��, c'est, ainsi que le proclamait l'orateur du clerg�� en 1635, la libert�� de conscience. C'est, ainsi que le disait le pape en 1877, la tol��rance, �� c?t�� de l'enseignement catholique, d'autres enseignements, l'existence de temples protestants �� c?t�� des temples catholiques.
?Vous voyez ici la capitale du monde catholique, disait-il aux p��lerins bretons qu'il recevait au Vatican, o�� on a plac�� l'arche du nouveau-testament, mais elle est entour��e de beaucoup de Dragons; d'un c?t��, l'on voit l'enseignement protestant, incr��dule, impie, de l'autre des temples protestants de toutes les sectes. Que faire pour renverser tous ces Dragons? Nous devons prier et esp��rer que l'arche sainte du nouveau testament sera bient?t libre, et d��barrass��e de toutes ces idoles qui font honte �� la capitale du monde catholique.?
Quand l'��glise n'a pas �� sa disposition, des princes assez chr��tiens pour fermer la bouche �� l'erreur et d��truire les fausses religions, elle d��clare attendre d'une intervention d'en haut la r��alisation de ses d��sirs, et sa patiente attente dure jusqu'�� ce qu'elle trouve dans la puissance temporelle un secours efficace.
Entre temps elle ne laisse pas ��chapper une occasion de se rapprocher peu �� peu de son but, en limitant habilement ses exigences apparentes, et en les mettant au niveau des possibilit��s du moment. C'est ainsi que le clerg�� de France se comporta vis-��- vis de l'��dit de Nantes et, le d��truisant pi��ce par pi��ce, finit par obtenir sa r��vocation; en sorte qu'��lie Beno?t a pu r��sumer ainsi l'histoire de ce m��morable ��dit. Elle embrasse le r��gne de trois rois, dont le premier a donn�� aux r��form��s un ��dit et des s?ret��s, le second leur ?ta les s?ret��s, et le troisi��me a cass�� l'��dit.
Le clerg�� se borne d'abord �� mettre dans la bouche de Henri IV ce voeu timide et discret en faveur du retour du royaume �� l'unit�� religieuse: ?Maintenant qu'il pla?t �� Dieu de commencer �� nous faire jouir de quelque meilleur repos, nous avons estim�� ne le pouvoir mieux employer qu'�� vaquer, �� ce qui peut concerner la gloire de son saint nom, et �� pourvoir �� ce qu'il puisse ��tre ador�� et pri�� par tous nos sujets, et, s'il ne lui a plu que ce fut encore dans la m��me forme, que ce soit au moins dans une m��me intention.?
Quant �� Louis XIII, pour se mettre �� l'abri des reproches que lui adressaient des catholiques fanatiques �� l'occasion du serment qu'il avait pr��t�� lors de son sacre, d'exterminer les h��r��tiques, il trouvait ce singulier subterfuge de d��fendre par un ��dit de qualifier d'h��r��tiques ses sujets protestants; ceci ne rappelle-t-il pas l'habilet�� gasconne de fr��re Gorenflot, baptisant carpe, le poulet qu'il veut manger un vendredi, sans commettre de p��ch��.
Apr��s avoir priv�� les protestants de leurs places de s?ret��, Louis XIII ne dissimule pas son d��sir de les voir revenir au culte catholique, mais comme le pape en 1877, il d��clare ne compter que sur l'intervention d'en haut pour faire dispara?tre l'enseignement et les temples protestants. ?Nous ne pouvons [[1]], dit-il, que nous ne d��sirions la conversion de ceux de nos sujets qui font profession de la religion pr��tendue r��form��e... nous les exhortons �� se d��pouiller de toute passion pour ��tre plus capables de recevoir la lumi��re du ciel, et revenir au giron de l'��glise.?
S'il d��clare qu'il se borne �� attendre cette conversion de la bont�� de Dieu, c'est ?parce qu'il est trop persuad��, dit-il, par l'exemple du pass��, que les rem��des qui ont eu de la violence, n'ont servi que d'accro?tre le nombre de ceux qui sont sortis de l'��glise?.
Louis XIII avait raison, car, ainsi que le rappelle en 1689 le mar��chal de Vauban ?apr��s les massacres de la Saint-Barth��lemy (un rem��de qui avait eu de la violence), un nouveau d��nombrement des huguenots prouva que leur nombre s'��tait accru de cent dix mille?.
Louis XIV ��tait loin, m��me d��s le d��but de son r��gne, de croire �� l'inefficacit�� de la violence en pareille mati��re, ainsi qu'en t��moigne ce passage des m��moires du duc de Bourgogne:
?Il arriva un jour que les habitants d'un village de la Saintonge, tous catholiques, mirent le feu �� la maison d'un huguenot qu'ils n'avaient pu emp��cher de s'��tablir parmi eux. Le roi (Louis XIV), en condamnant les habitants du lieu �� d��dommager le propri��taire de la maison, ne put s'emp��cher de dire que ses pr��d��cesseurs auraient ��pargn�� bien du sang �� la France, s'ils s'��taient conduits par la politique pr��voyante de ces villageois, dont l'action ne lui paraissait vicieuse que par le d��faut d'autorit��.?
Quoiqu'il en f?t des sentiments secrets de Louis XIV, il affirma tout d'abord qu'il ne voulait pas obtenir la conversion de ses sujets huguenots par aucune rigueur nouvelle, et pendant la premi��re partie
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