Les etranges noces de Rouletabille | Page 6

Gaston Leroux
avons d��j�� eu l'occasion de dire [Dans le premier ��pisode de _Rouletabille �� la guerre: Le Chateau Noir._] que Marko le Valaque ��tait un journaliste d'occasion, comme il en surgit toujours dans les moments troubles; fort m��pris��--avec raison--des professionnels, ayant fait tous les m��tiers et ayant montr�� dans chacun une bien petite conscience. Son r?le, dans le moment, lui paraissait immense. Il ne manquait point en effet d'importance. En attendant l'arriv��e de l'envoy�� sp��cial de _la Nouvelle Presse_ de Paris, grand quotidien dont le tirage rivalisait avec celui de _l'��poque_, il restait le ma?tre d'exp��dier les t��l��grammes les plus saugrenus �� une feuille qui ��tait lue dans le monde entier. Connaissant la r��putation de Rouletabille et ayant re?u de Paris des instructions pour ne point se laisser distancer par le reporter de _l'��poque_, il n'avait point manqu��, �� Sofia, de surveiller celui-ci et n'avait pas cess�� d'inventer des bruits sensationnels, des nouvelles de la derni��re heure qui bouleversaient la Bourse. Il ��tait la b��te noire de Vladimir Petrovitch, qui l'accusait de manquer de moralit��! --Fiche-nous la paix, avec ton Marko! gronda La Candeur; on dirait que tu ne penses qu'�� lui... --Croyez-vous toujours qu'il nous a suivis dans l'Istrandja?... demanda Rouletabille sur un ton assez ironique. --Monsieur, vous avez tort de vous moquer de moi! r��pliqua Vladimir. --Quand je pense, reprit La Candeur, que, dans les premiers jours de notre voyage, Vladimir regardait �� chaque instant derri��re lui pour voir s'il n'apercevait pas �� l'horizon le nez de Marko! Et il se mit �� rire. --Ne ?blague? pas!... protesta Vladimir, je t'en supplie, ne ?blague? pas... Tu ne sais pas ce que peut entreprendre un Valaque qui s'est fait journaliste!... --Enfin, qu'est-ce qu'il pourrait nous faire? --Est-ce qu'on sait? je vous assure que le dernier soir qui a pr��c��d�� notre arriv��e dans le pays de Gaulow, quand nous avons eu cette vision d'une ombre qui s'enfuyait de la tente de La Candeur, et que La Candeur s'est ��cri�� qu'on lui avait vol�� sa serviette en maroquin, j'aurais mis ma main �� br?ler que nous avions affaire �� Marko!... --Cette ombre, r��pliqua La Candeur sur un ton assez m��prisant, n'a jamais exist�� que dans l'imagination de Vladimir... et quant �� ma serviette que je croyais avoir mise dans ma cantine, je l'ai trouv��e au pied de mon lit, o�� je l'avais certainement d��pos��e moi-m��me avant de me coucher... --Et mes articles ��taient toujours dedans? demanda Rouletabille en mani��re de plaisanterie. --Oui, oui, Rouletabille, tes articles sont l��! --Remettez-vous donc, Vladimir Petrovitch!... et cessez de m��dire de la Valachie... --Ah! monsieur, si vous connaissiez Marko!... Je vous dis, je vous r��p��te qu'il est capable de tout... Rien ne m'��tonnerait de lui, c'est un type qui vendrait son p��re et sa m��re pour un morceau de pain et qui a eu de vilaines histoires avec les femmes!... Je vous affirme, monsieur, que c'est un gar?on qui n'a aucune moralit��!... --Au lit, au lit tout le monde! c'est �� moi la garde commanda Rouletabille. Et il prit la garde. Aucun bruit ne venait des tentes. La campagne paraissait abandonn��e. De-ci, de-l��, sur de lointaines cimes des feux apparaissaient puis disparaissaient presque aussit?t. Rouletabille, le menton sur le canon de sa carabine, regardait le mur de toile derri��re lequel reposait Ivana. Reposait-elle? R��vait-elle?... A qui?... ��nigme!... II VLADIMIR RACONTE UNE ��TRANGE HISTOIRE A ROULETABILLE Relev�� de sa garde par Tondor (le domestique transylvain de Vladimir, le seul qui restat �� la petite troupe depuis la mort h��ro?que de Modeste et du _Katerdjibaschi_), Rouletabille rentra dans sa tente, qu'il partageait avec Athanase Khetew. Le Bulgare dormait profond��ment, envelopp�� dans son manteau qui lui servait de couverture. A la lueur de la bougie plant��e dans le goulot d'une bouteille, Rouletabille consid��ra assez longtemps ce rude visage. Pendant le sommeil, il ��tait vraiment apais��, c'��tait l�� une figure d'honn��te homme qui ne refl��tait aucun remords et qui se reposait de tous les tourments des jours mauvais, lesquels depuis plus de dix ans avaient creus�� leurs sillons terribles dans cette chair encore jeune. ?Il est digne d'��tre aim��!? se dit Rouletabille, mais il pensa qu'Ivana ne l'aimait pas et que c'��tait une tra?tresse qui avait tromp�� tout le monde. L��-dessus, il se d��shabilla, fit ses ablutions comme chez lui, ��teignit le fourneau �� p��trole et se glissa sous les couvertures de son lit de camp. A tout hasard, sur la tablette, il avait mis une carabine toute charg��e �� port��e de sa main. Il s'endormit en pensant �� sainte Sophie et il r��va qu'il se noyait dans une cataracte [Voir Le Chateau Noir.]. Depuis une heure, il somnolait ainsi quand il se dressa tout �� coup sur son s��ant, l'oreille au guet. Il entendait, derri��re sa toile, �� quelques pas de l��, des voix, un chuchotement rapide, puis de
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 97
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.