douze nouvelles nouvelles, by Arsene Houssaye
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Title: Les douze nouvelles nouvelles
Author: Arsene Houssaye
Release Date: April 7, 2004 [EBook #11928]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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ARSENE HOUSSAYE
LES DOUZE NOUVELLES NOUVELLES
[Illustration: 001.png]
I
MADEMOISELLE SALOM��.
I
Ils valsaient avec emportement, mais avec abandon, ce qui est la grace supr��me de la valse. Il y avait un peu de l'��pervier qui enl��ve une colombe. On lui en voulait presque, �� lui, de sa rapidit�� vertigineuse, mais on voyait bien que la jeune fille se livrait sans peur, enivr��e par le tourbillon.
Et quand ce fut fini, elle lui dit, tout en se d��gageant:
--Avec qui, monsieur, ai-je eu le plaisir de valser dans cette r��union selected?
--Oh! mon Dieu, mademoiselle, un nom ridicule; je ne descends ni des crois��s ni de l'Oeil-de-Boeuf. Je m'appelle tout b��tement M. Arthur Dupont. Maintenant, si vous ��tes curieuse de savoir ma profession, je suis auditeur au Conseil d'��tat, profession tout aussi ridicule que l'est mon nom.
Un physionomiste qui e?t ��tudi�� la figure de la jeune fille aurait bien vu passer un nuage sur l'enjouement passionn�� de la valseuse. Elle retombait sur la terre du haut de son envolement amoureux.
Arthur Dupont! porter dans le monde un nom qui n'est pas mondain, n'est-ce pas y para?tre dans un habit mal fait, avec une cravate mal mise?
La jeune fille reprit son fauteuil avec un sourire impertinent, se disant tout bas: ?Auditeur au Conseil d'��tat! En effet, il a de grandes oreilles.?
Parti pris, car Arthur Dupont avait de jolies oreilles. C'��tait d'ailleurs ce qu'on peut appeler un joli valseur, qui ne d��parait ni le monde o�� l'on s'amuse ni le monde o�� l'on s'ennuie; profil �� peu pr��s correct, front lumineux, yeux vifs, bouche spirituelle.
Sa valseuse ��tait s��v��re; on peut bien s'appeler Arthur Dupont sans encourir les foudres de la mode.. C'est que cette valseuse avait ��t�� ��lev��e par sa m��re �� jouer les C��lim��nes, celles qui n'aiment que leurs robes, leur ��ventail et leur beaut��,--m��me quand elles ne sont pas belles. Il est vrai que celle-ci ��tait bien jolie: figure parisienne �� donner le vertige �� ceux qui n'ont pas couru les filles du demi-monde. Ce qui surtout couronnait son air impertinent, c'est qu'elle portait un grand nom, que je masquerai ici par celui de Laure de Montaignac.
Une de ses amies la f��licita d'avoir si bien vals�� avec un si bon valseur.
--Je ne m'en souviens pas, dit-elle d'un air distrait.
Vint une autre valse. Elle prit un mauvais valseur; elle en faillit briser son ��ventail. Aussi Arthur Dupont fut-il le bienvenu quand il se pr��senta pour la troisi��me valse. Elle s'avoua alors que le nom ne faisait pas l'homme. Ce fut un si joli spectacle de les voir, elle et lui, valser en tourbillonnant, que tout le monde applaudit comme si on e?t entendu chanter la Patti et jouer Sarah Bernhardt. Laure s'indigna.
--Me prend-on pour une com��dienne? Je valse pour moi et non pour la galerie.
Ceci se passait �� l'ambassade d'Espagne. Le lendemain, autre f��te chez Mme Mackay; nouvelles valses; les oreilles parurent moins grandes, le nom moins vulgaire, tandis que le valseur parut plus entra?nant.
Cela continua toute la semaine, si bien que le bruit se r��pandit dans le monde que M. Arthur Dupont ��pousait Mlle Laure de Montaignac.
--Pourquoi pas? dit Arthur �� Laure.
Mais Laure r��pondit �� Arthur:
--Comment voulez-vous que je change mon nom contre le v?tre? Ah! si vous ��tiez tout �� coup, par un miracle, un homme d'��tat, un ambassadeur, un grand po��te, un grand peintre....
--Je ne suis, h��las! rien de tout cela, dit le valseur avec amertume.
Il aimait follement Laure, il ne se croyait pas �� une si grande distance de l'id��al de la jeune fille.
--Encore, lui dit-elle avec un soupir, si vous aviez une ��curie et un four in hands!
--Qu'�� cela ne tienne, s'��cria Arthur en lui saisissant la main. Vous savez que j'ai quelque fortune; d��s demain j'aurai une ��curie, co?te que co?te. O�� la voulez-vous!
--A Chantilly, pour le plus beau rally-papers d'outre-Manche.
II
Ce qui fut dit fut fait.
Autrefois, les jeunes filles r��vaient un chateau gothique au bord d'un lac ou d'un ��tang, un h?tel aux Champs-Elys��es, un palais d'��t�� �� Deauville; aujourd'hui, grace au progr��s des lumi��res, leur r��ve est une ��curie.
Les hommes sont bien quelque chose pour elles, mais les chevaux! Elles n'ont pourtant pas lu M. de Buffon; mais leur journal officiel n'est-il
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