pas les terres sup��rieures, laiss��es vierges et improductives. Il r��sulte de l�� que les manufacturiers, fabricants et entrepreneurs s'��chelonnent graduellement devant une ville, en refoulant son cours d'eau, s?rs qu'ils sont d'acheter meilleur march�� les emplacements n��cessaires �� l'��tablissement de leurs usines ou entrep?ts et d'obtenir des forces motrices plus consid��rables.
Mais ces entrepreneurs, fabricants et manufacturiers sont les avant-coureurs du commerce. Celui-ci ne peut pas plus vivre sans eux, qu'ils ne peuvent vivre sans lui. Autour des usines se groupent promptement les magasins; car, pour ��viter les frais de transport, le consommateur se rapproche constamment du producteur. Bient?t les terrains enserr��s par la manufacture montent: ils doublent, ils triplent de valeur. Non-seulement le propri��taire ou directeur comprend qu'il aurait avantage �� vendre son emplacement et �� transf��rer plus haut ses ateliers, mais il s'aper?oit de l'impossibilit�� pour lui d'augmenter ses moyens de production par un agrandissement de local, �� cause de la chert�� excessive des lots avoisinants.
Il d��loge; les chantiers l'accompagnent. La navigation, forc��e de d��poser ou prendre son fret pr��s de ces chantiers, la navigation bon gr�� mal gr�� suit leurs mouvements. Le cours d'eau est-il trop peu profond, on le creuse; est-il sem�� de rochers, on le drague; est-il h��riss�� de r��cifs, de cataractes, on perce un canal, comme celui de Lachine au pied des rapides du Sault Saint-Louis ou Caughnawagha.
Et toujours, toujours la ville va refluant vers la source. Se serait-il pas possible de d��couvrir dans ce ph��nom��ne la preuve de notre marche ascensionnelle aussi bien que la preuve de notre penchant �� remonter des effets aux causes?
Quant �� la cit��, elle subit autant de m��tamorphoses que de progressions. La manufacture est supplant��e par le magasin, qui sera supplante �� son tour par la maison bourgeoise, et peut-��tre en dernier lieu par la ferme. Montr��al nous en pr��sente un exemple frappant. Il y a un si��cle, les comptoirs du commerce ne d��passaient pas la rue des Commissaires. La rue des Communes, qui s'annexe �� elle, n'existait m��me pas. Mais l�� o�� prend pied le quartier Sainte-Anne, des moulins, des scieries, des fonderies, des forges fonctionnaient du matin au soir. Maintenant forges, fonderies, moulins immigrent, et des stores, des warehouses leur succ��dent partout. Le n��goce s'enfuit �� tire d'ailes du march�� Bonsecours vers les rues Saint-Paul, Notre-Dame, Saint-Jacques, et se pr��cipite dans la rue Mac-Gill.
Avant vingt ans, il aura, nous en avons la conviction, d��sert�� ses vieux foyers et inond�� le quartier Sainte-Anne. Ses r��volutions pass��es sont un crit��rium pour pr��ciser ses r��volutions �� venir. L'abaissement lent mais continu du prix des loyers dans le faubourg Qu��bec et leur ��l��vation inusit��e du c?t�� du faubourg Saint-Antoine suffisent d��j�� �� d��montrer d'une fa?on concluante la justesse de cette assertion. L'ach��vement du pont Victoria et l'��tablissement �� la pointe Saint-Charles d'une gare centrale pour la compagnie du chemin de fer du Grand-Tronc, n'ont fait que bater le transfert du centre commercial au quartier Sainte-Anne ou Griffinton, ce bourbier infect, cette l��proserie o�� grouille une population irlandaise, sordide, d��guenill��e, fanatique, pr��te �� tous les crimes, la honte et l'effroi de la m��tropole canadienne, comme les Cinq-Points de New-York, la Cit�� de Londres ou de Paris, le Ghetto de Rome, furent longtemps la honte et l'effroi des nobles capitales qui recelaient ces clapiers dans leur sein.
Le Griffinton, une fois assaini, purg�� des bandes de mis��rables qui rendent son s��jour dangereux autant que d��go?tant, Montr��al, avec ses maisons bien baties, ses grand ��difices publics, civils ou religieux, ses rues r��guli��res parfaitement a��r��es, ses nombreux instituts, son riche mus��e de g��ologie, son jardin botanique, son magnifique port, ses prodigieuses ressources maritimes, industrielles et agricoles, et les splendides campagnes qui se d��ploient �� ses portes, Montr��al prendra d��finitivement rang parmi les villes les plus favoris��es et les plus agr��ables des deux h��misph��res.
CHAPITRE III
LES DERNIER IROQUOIS
Quoique Montr��al ne poss��dat pas, en 1837, la moiti�� de la population et des embellissements dont elle s'enorgueillit, �� juste titre, aujourd'hui, c'��tait d��j��, par son vaste n��goce et son esprit d'entreprise, une des cit��s les plus importantes de l'Am��rique septentrionale. Cette m��tropole, qui compte pr��s de cent mille ames dans son enceinte, n'en avait gu��re alors que quarante �� quarante-cinq[17]. Mais ils ��taient dou��s d'une activit��, d'une intelligence commerciale, et d'un amour de l'ind��pendance qui, d��s cette ��poque, faisaient de leur ville le foyer du lib��ralisme canadien. Tandis que la capitale politique de la colonie, Qu��bec, demeurait immobile dans son corset de remparts et de pr��jug��s religieux; tandis que ses plus nobles famille fran?aises acceptaient presque toutes sans murmurer le joug de la domination anglaise, et que beaucoup courtisaient leurs ma?tres, adulaient Son Excellence le gouverneur g��n��ral, les Montr��alais ou Montr��alistes, comme on les appelle dans le pays, protestaient ouvertement contre toutes les exactions du pouvoir, lui faisaient une opposition ��nergique, et aspiraient les uns �� l'ind��pendance, les autres ��
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