se fut empress�� de leur souhaiter le bonjour et de leur d��clarer que le temps ��tait beau pour la saison.
Cet empressement parut suspect aux deux ?magistrats arm��s?.
Le brigadier lui demanda s'il avait fait bonne chasse. Au souvenir de ses m��saventures, le chasseur rougit et balbutia.
[Illustration: Le brigadier dressa proc��s-verbal.]
?Vous avez sans doute un port d'armes?? reprit le brigadier.
M. Colin-Tampon porte vivement la main �� sa poche de c?t��. Il se souvint tout �� coup qu'il avait oubli�� son port d'armes dans la poche de sa redingote.
Le brigadier dressa proc��s-verbal. Le conseiller municipal songea avec horreur qu'il lui faudrait compara?tre en justice, et soudain une goutte de sueur froide perla �� l'extr��mit�� de chacun de ses cheveux.
Azor, croyant que les gendarmes lui reprochaient sa lachet��, baissait tristement le nez et serrait sa queue entre ses jambes.
XV
Au num��ro 3 de la rue Gantelet, entre un marchand de vin et un ��picier, il y a une boutique de marchand de gibier, bien connue des chasseurs malheureux. Quand ces messieurs ont ��t�� maladroits, ou que r��ellement ils n'ont pas vu la queue d'une perdrix ou d'un li��vre, c'est l�� qu'ils viennent arrondir leur carnassi��re pour ��chapper aux quolibets et aux compliments ironiques des gamins; car les gamins sont partout les m��mes, �� Courbevoie comme ailleurs.
Mme Grosmajor, la ma?tresse de l'��tablissement, ��tait toujours bien assortie en gibier; car elle avait une client��le assur��e: chacun sait que la maladresse du chasseur de la banlieue est pass��e en proverbe. De plus, Mme Grosmajor ��tait la discr��tion m��me: ce qui n'est pas tr��s surprenant, vu que son int��r��t bien entendu exigeait qu'elle f?t discr��te.
Elle avait un talent particulier pour mettre �� leur aise les chasseurs novices qui entraient pour la premi��re fois dans son ��tablissement; d'un geste bienveillant et d'un sourire maternel, elle leur ��pargnait la honte de mentir ou l'embarras de donner des explications.
C'est vers sa demeure hospitali��re que l'inventeur du bouton inamovible dirigea ses pas. Il n'avait nulle intention d'attraper les flaneurs ou d'en faire accroire �� sa femme. Dieu merci! il ��tait la franchise en personne, et d'ailleurs il avait couru d'assez grosses aventures pour pouvoir rentrer, sans rougir, le carnier vide. Seulement, sa femme avait compt�� sur lui pour le r?ti, et il rapporterait un r?ti.
?Salut, madame, dit-il �� Mme Grosmajor.
--Bien le bonjour, monsieur, lui r��pondit Mme Grosmajor avec un sourire avenant.
--Mon Dieu! madame, reprit l'inventeur du bouton inamovible, je vous avoue franchement que je viens ici pour remplir mon carnier.
--Le gibier est rare, r��pondit Mme Grosmajor avec un sourire discret; les braconniers tuent tout. Il n'est pas surprenant...
--Mon Dieu, madame, reprit M. le conseiller municipal en s'avan?ant de trois pas et en posant famili��rement son coude sur le comptoir, le fait est que je n'ai rien vu; et �� parler franchement, quand m��me j'aurais vu quelque chose, je ne suis pas bien s?r que je ne serais pas revenu bredouille quand m��me. J'aurais besoin d'un li��vre.
[Illustration: Pendant que Monsieur ��changeait quelques propos affables avec la patronne....]
--��tienne! dit Mme Grosmajor �� son gar?on, un beau li��vre pour Monsieur.?
��tienne d��crocha un beau li��vre, le montra �� Monsieur, qui le trouva �� son go?t. Pendant que Monsieur ��changeait quelques propos affables avec la patronne, ��tienne, qui ��tait d'humeur fac��tieuse, glissa dans le carnier du chasseur un ��norme homard tout cuit en place du li��vre. Monsieur, d'ailleurs, n'��tait pas vol��, car le homard et le li��vre ��taient tout juste du m��me prix.
XVI
L'inventeur du bouton inamovible, dans l'innocence de son ame, regagnait d'un pas un peu alourdi sa jolie villa, heureux d'avoir ��chapp�� �� une mort affreuse et fier d'avoir �� raconter une v��ritable aventure.
Il finit par s'apercevoir que les gens s'arr��taient sur son passage et le regardaient d'un air surpris. Cet homme modeste f?t quelque peu troubl�� de produire tant d'effet.
?Fameux gibier! dit un fantassin �� un de ses fr��res d'armes, qui regardait le homard, les yeux dilat��s, et les doigts emp��tr��s dans ses gants blancs, qui le g��naient aux jointures.
--La b��te n'est pas laide!? r��pondit modestement l'inventeur du bouton inamovible.
Un cuirassier de la garnison de Versailles, qui ��tait venu voir ses parents �� Courbevoie, en compagnie de quelques autres cuirassiers, cria: ?A droite, alignement!?
Tous les cuirassiers se mirent en ligne, et port��rent vivement la main �� la visi��re de leur casque.
?Pourquoi me saluent-ils comme ?a?? se demanda M. Colin-Tampon. Il ne pouvait pas se douter que c'��tait �� cause du homard.
Quelques canotiers d'Asni��res, ��gar��s dans les parages de Courbevoie, se mirent en haie pour voir d��filer le chien, le chasseur et le homard.
?Eh bien, n'importe, dit un de ces messieurs �� ses compagnons de plaisir, on ne dira pas que ce bourgeois-l�� cherche �� attraper son monde!
--Oh non, oh non!? r��pondit le choeur des acolytes, qui avaient surabondamment d��jeun��.
Ces messieurs se prirent par la main et ex��cut��rent une ronde autour de M. Colin-Tampon.
M. Colin-Tampon sourit, car
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