ᖆLes Precieuses Ridicules [with accents]
The Project Gutenberg EBook of Les Precieuses Ridicules,
by Moliere [Jean-Baptiste Poquelin] #7 in our series by Molière [Jean-Baptiste Poquelin]
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Title: Les Précieuses Ridicules
Author: Molière [Jean-Baptiste Poquelin]
Release Date: July, 2004 [EBook #5318] [Yes, we are more than one year ahead of schedule] [This file was first posted on June 30, 2002]
Edition: 10
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, LES PRECIEUSES RIDICULES ***
This eBook was produced by Laurent Le Guillou .
Title: Les Précieuses Ridicules
Language: French
Encoding: ISO-8859-1
Source:
Jean-Baptiste Poquelin (1620-1673), alias Molière, "Oeuvres de Molière, avec des notes de tous les commentateurs", Tome Premier, Paris, Librarie de Firmin-Didot et Cie, Imprimeurs de l'Institut, rue Jacob, 56, 1890.
Pages 151-181.
[Spelling of the 1890 edition. Footnotes have been retained because they provide the meanings of old French words or expressions. Footnote are indicated by numbers in brackets, and are grouped at the end of the Etext. Text encoding is iso-8859-1.]
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PRéFACE DES PRéCIEUSES RIDICULES
C'est une chose étrange qu'on imprime les gens malgré eux ! Je ne vois rien de si injuste, et je pardonnerais toute autre violence plut?t que celle-là.
Ce n'est pas que je veuille faire ici l'auteur modeste, et mépriser par honneur ma comédie. J'offenserais mal à propos tout Paris, si je l'accusais d'avoir pu applaudir à une sottise ; comme le public est le juge absolu de ces sortes d'ouvrages, il y aurait de l'impertinence à moi de le démentir ; et quand j'aurais eu la plus mauvaise opinion du monde de mes "Précieuses ridicules" avant leur représentation, je dois croire maintenant qu'elles valent quelque chose, puisque tant de gens ensemble en ont dit du bien. Mais comme une grande partie des graces qu'on y a trouvées dépendent de l'action et du ton de la voix, il m'importait qu'on ne les dépouillat pas de ces ornements, et je trouvais que le succès qu'elles avaient eu dans la représentation était assez beau pour en demeurer là. J'avais résolu, dis-je, de les faire voir qu'à la chandelle, pour ne point donner lieu à quelqu'un de dire le proverbe (1), et je ne voulais pas qu'elles sautassent du théatre de Bourbon dans la galerie du Palais. Cependant je n'ai pu l'éviter, et je suis dans la disgrace de voir une copie dérobée de ma pièce entre les mains des libraires, accompagnée d'un privilège obtenu par surprise. j'ai eu beau crier : O temps ! ? moeurs ! on m'a fait voir une nécessité pour moi d'être imprimé, ou d'avoir un procès ; et le dernier mal est encore pire que le premier. Il faut donc se laisser aller à la destinée, et consentir à une chose qu'on ne laisserait pas de faire sans moi.
Mon Dieu ! l'étrange embarras qu'un livre à mettre au jour ; et qu'un auteur est neuf la première fois qu'on l'imprime ! Encore si l'on m'avait donné du temps, j'aurais pu mieux songer à moi, et j'aurais pris toutes les précautions que messieurs les auteurs, à présent mes confrères, ont coutume de prendre en semblables occasions. Outre quelque grand seigneur que j'aurais été prendre malgré lui pour protecteur de mon ouvrage, et dont j'aurais tenté la libéralité par une ép?tre dédicatoire bien fleurie, j'aurais taché de faire une belle et docte préface ; et je ne manque point de livres qui m'auraient fourni tout ce qu'on peut dire de savant sur la tragédie et la comédie, l'étymologie de toutes deux, leur origine, leur définition, et le reste.
J'aurais aussi parlé à mes amis, qui, pour la recommandation de ma pièce, ne m'auraient pas refusé ou des vers fran?ais, ou des vers latins. j'en ai même qui m'auraient loué en grec ; et l'on n'ignore pas qu'une louange en grec est d'une merveilleuse efficace à la tête d'un livre. Mais on me met au jour sans me donner le loisir de me reconna?tre ; et je ne puis même obtenir la liberté de dire deux mots pour justifier mes intentions sur le sujet de cette comédie. j'aurais voulu faire voir qu'elle se tient
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