Les Origines et la Jeunesse de Lamartine | Page 9

Pierre de Lacretelle
à

chacune la somme de dix-huit mille livres.
Item, nous léguons et donnons à François de la Martine, notre fils,
chanoine en l'église de Mâcon, la somme de quinze mille livres et,
outre ce, nous lui léguons la somme de mille livres que nous lui avons
avancée pour fournir aux frais de son baccalauréat en Sorbonne. Au
résidu de nos autres biens desquels nous n'avons pas disposé cy-devant,
ni n'entendons disposer cy-après, nous nommons et instituons notre
héritier universel, seul et pour le tout, Philippe-Étienne de la Martine,
notre fils aîné.
Voulons de plus que si moi, ledit de la Martine, décède le premier,
qu'au moment de mon décès, notre héritier entre en jouissance du
domaine et vignoble de Pérone et des biens qui sont venus de monsieur
Litaud depuis son mariage.
[Note 21: Une de ses soeurs et une de ses tantes.]
Ce testament est curieux, à plus d'un titre. On y voit figurer en effet la
petite maison de Milly, la maison natale de Lamartine située rue des
Ursulines, et l'hôtel Lamartine, élevé près des remparts de Mâcon et qui
portait alors le numéro 87 de la rue de la Croix-Saint-Girard, devenue
sous la Révolution rue Solon et au XIXe siècle rue Bauderon de
Senécé.
La petite maison de Milly date de 1705, époque à laquelle elle fut
solennellement bénite par le curé de la paroisse[22]. Quant à la maison
de la rue des Ursulines, acquise sans doute au début du XVIIe siècle,
elle dénote une construction du XVIe siècle. Les fenêtres ont été
remaniées depuis et l'intérieur semble avoir subi de nombreuses
transformations. Sa porte est surmontée d'un écu chargé d'une flamme
en pointe et de deux étoiles à cinq rais en chef, qui se réfère à une
famille actuellement inconnue dans le Mâconnais. Cette maison n'était
pas, comme l'a dit Lamartine, une maison de retraite pour les vieux
domestiques. Dans les testaments qui suivent celui de Jean-Baptiste on
voit qu'elle était toujours léguée au fils cadet, mais que, du vivant du
chef de famille, elle était habitée par l'aîné. La maison de la rue des
Ursulines communiquait par une cour et des jardins avec l'hôtel

Lamartine, belle construction à deux étages qui, d'après son
architecture, dut être édifiée dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.
Vers 1760, elle subit d'importants remaniements intérieurs et l'on y voit
encore une salle à manger décorée de jolis trumeaux en camaïeu dans le
goût des bergeries de Watteau. Sa porte est surmontée d'une décoration
en fer forgé où l'on remarque deux L entrelacés, manifestement inspirée
du chiffre royal.
[Note 22: M. Lex a retrouvé et publié le premier (Lamartine, souvenirs
et documents), l'acte de bénédiction de la maison de Milly: «L'an de N.
S. 1705, le 15 juillet, je soussigné ay bénit la maison de M.
Jean-Baptiste de la Martine, conseiller du Roy au bailliage et siège
présidial de Mâcon, à six heures du soir. A. D. Dauthon, curé de Milly»
(Arch. municipales de Milly). Les terres avaient à cette époque une
superficie d'environ cinquante-deux hectares et s'étendaient sur les
communes de Milly, Bertzé-la-Ville et Saint-Sorlin. La seigneurie de
Milly était entre les mains de la famille de Pierreclau.]
Quant à la propriété de Pérone, elle était située non loin de Mâcon
(canton actuel de Lugny) et dépendait de la seigneurie d'Uchisy. Les
Lamartine y possédaient une maison de campagne, qui date également
de la fin du XVIIe siècle.
Ainsi, comme on peut s'en rendre compte, la plupart des biens--à part
Saint-Point--qui composeront plus tard le patrimoine du poète, se
trouvaient dès le début du XVIIIe siècle en possession de sa famille.
Jean-Baptiste de Lamartine mourut le 1er septembre 1707. De son
mariage, très prolifique, il avait eu seize enfants dont peu lui
survécurent[23]. Des trois fils qu'il nomme dans son testament, l'un,
Nicolas, était né le 31 octobre 1668; il avait fait ses études de droit à
l'université d'Orléans comme son père, de 1687 à 1690, époque à
laquelle il fut reçu licencié[24]. Puis, il succéda à son père dans les
fonctions de conseiller au bailliage, et mourut célibataire à Vichy le 19
mai 1714[25]. «Il devait aller de là aux eaux de Bourbon, dit Claude
Bernard qui l'avait connu; mais la mort l'en empêcha; sa maladie était
une phtisie pulmonaire, et on ne seconda pas assez l'effet des eaux par
des purgatifs décidés».

[Note 23: 1º Abel (4 février--13 nov. 1663); 2º Philippe-Étienne; 3º
Françoise (10 mai 1666--?); 4º Antoine (10-28 mai 1666); 5º Claudine
(26 avril 1667--22 sept. 1672); 6º Nicolas; 7º Claude (31 novembre
1669--?); 8º Marie (11 nov. 1670--2 février 1750); 9º Antoine (11 nov.
1670--1690), mort à Paris étudiant en Sorbonne; 10º Marianne (21 juin
1673--16 mars 1758), mariée le 9 avril 1712 à Claude Chambre,
receveur des États du Mâconnais; 11º Louis (16 mars 1776--1719): il
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