Les Nez-Percés
The Project Gutenberg EBook of Les Nez-Percés, by Émile Chevalier
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Title: Les Nez-Percés
Author: Émile Chevalier
Release Date: June 14, 2006 [EBook #18585]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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NEZ-PERCÉS ***
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LES NEZ-PERCÉS
A M. DUFLOT DE MOFRAS,
L'intrépide voyageur, le savant hydrographe, dont les admirables
travaux sur l'Orégon ont, les premiers, initié la France aux richesses
naturelles de l'Amérique septentrionale,
L'auteur reconnaissant,
H.-E. CHEVALIER. Château de Maulnes, août 1562.
LES NEZ-PERCÉS
PAR
ÉMILE CHEVALIER
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS RUE VIVIENNE,
2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 18 A LA LIBRAIRIE
NOUVELLE
1867
CHAPITRE PREMIER
POIGNET-D'ACIER--NICK WHIFFLES
--Castors et loutres! voilà un sac qui est tonnerrement lourd, capitaine.
Il y a au moins la charge de deux hommes. Tenez, c'est tout au plus si
je puis le remuer. Et pourtant Nick Whiffles n'est pas une poule
mouillée, ô Dieu, non! Que diable ferez-vous donc de tout cet or-là?
--Soyez sans inquiétude, mon brave, je trouverai aisément son
placement, répondit le capitaine en souriant.
--Aisément! aisément! mais il y a là de quoi acheter toutes les femmes
de la création, et ce n'est guère ce qui vous tente, vous, car jamais on ne
vous a vu tourner les yeux sur une squaw. Ce n'est pas comme mon
oncle le grand voyageur dans l'Afrique centrale; lui, il aurait fait dix
fois le tour du monde pour rencontrer un beau brin de fille. Il en avait
toujours comme ça cinq ou six douzaines à ses trousses, oui bien, je le
jure, votre serviteur!
Et Nick Whiffles, abandonnant un gros sac de cuir de buffle qu'il avait
vainement essayé de soulever, plongea sa main dans une blague en
peau de vison pendue sur sa poitrine, retira une poignée de tabac et s'en
bourra la bouche.
--Vous ne l'avez pas connu mon grand-père? demanda-il au bout d'un
instant.
--Je croyais que vous parliez de votre oncle?
--Oncle ou grand-père, ça ne fait rien, capitaine. C'était un fameux
touriste, comme ou dit aujourd'hui. Il avait un fier cheval, allez!
Ensemble ils parcoururent la terre, la mer, tout le globe. Est-ce que
vous les avez rencontrés dans vos excursions?
--Non, ami Nick, non, répliqua le capitaine, riant de la franche
bonhomie avec laquelle le trappeur débitait ses bourdes.
--Alors, c'est un malheur; car vous étiez fait pour vous entendre avec
eux, dit celui-ci d'un ton de regret sincère. Voyez-vous, mon parrain
était aussi fort que vous...
--C'était donc votre parrain?
--Ai-je dit parrain?
--Mais il me semble...
--Alors c'est que c'était mon parrain, riposta Nick Whiffles sans
sourciller. Il était courageux comme un bison, rusé comme un carcajou;
mais pourtant il avait un défaut, un grand défaut de nature: mon oncle
manquait de vigueur dans les bras et dans les jambes. Un enfant l'aurait
renversé à terre.
--Comment! s'écria Poignet-d'Acier, donnant cours à un accès d'hilarité.
Comment! tout à l'heure vous disiez qu'il était aussi robuste que moi!
--Ai-je dit cela? Castors et loutres, je me suis trompé, capitaine! Lui
aussi robuste que vous! Peuh! mon grand-père était mou, capitaine! et
poltron... poltron! Un lièvre lui aurait fait virer les talons! ô Dieu, oui!
Là-dessus, l'honnête trappeur porta sa gourde à ses lèvres et but une
copieuse gorgée.
--Délicieux whisky! dit-il en faisant voluptueusement claquer sa langue
contre son palais, délicieux! On n'en fait pas de meilleur au fort
Columbia. Encore une gobe que ces vermines d'Indiens ne me voleront
pas. Voulez-vous y goûter, capitaine?
Poignet-d'Acier fit avec la tête un geste négatif.
--Voyons, Nick, il faut nous hâter, dit-il ensuite.
--Comme de raison, capitaine. Mais, je l'avoue, ce coquin de sac est
trop lourd pour mes épaules.
--Prenez-en un autre; je transporterai celui-ci.
--Ah! vous, c'est différent. Je ne sais pas ce que vous ne feriez pas,
capitaine; vous êtes le plus vigoureux, le plus habile, le plus infatigable
de tous les chasseurs du Nord-Ouest. Ce sera une maudite perte pour
nous autres francs trappeurs quand vous serez parti, et les gens de la
compagnie de la baie d'Hudson seront, bien capables d'allumer un feu
de joie, car vous leur avez donné fièrement du fil à retordre. A votre
place, je ne les quitterais pas comme ça, moi. Ont-ils un peu cherché à
vous assassiner, hein? Depuis Pad et Joe [1]...
[Note 1: Voir la Tête-Plate.]
--Bon, bon! laissons cela, interrompit brusquement Poignet-d'Acier,
dont le front se rembrunit aussitôt, comme si ces réminiscences lui
eussent été pénibles.
--A votre aise, capitaine. Je me tais sur
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