Les Mains Pleines de Rose, Pleines dOr et Pleines de Sang | Page 6

Arsène Houssaye
Dames.
Quand elle est frapp��e, elle ressuscite et s'en va, chancelante, �� la recherche de son amant. Car ici nous appelons les choses par leur nom: ma ma?tresse, mon amant, gros comme le bras. Enfin la mal fusill��e, �� peine couverte des voiles d'une dame de la charit��, est reconnue par son chien et par un agent de police; alors commence une s��rie interminable d'��preuves et de mal��dictions. M. Ars��ne Houssaye est habile en toute sorte de p��rip��ties. Angeline Duportail, sit?t qu'elle est rendue �� la douce lumi��re, pleure des larmes de repentir; mais quand son amant est condamn�� �� la d��portation, elle le suit avec Thermidor jusqu'au port o�� le colonel Ducharme est embarqu�� pour Noum��a.
Alors Thermidor, voyant partir son ma?tre, l'appelle en d��sesp��r��; il finit par se jeter dans le flot retentissant. Il aboie sa douleur; mais comment quitter celle-ci pour celui-l��? Il va, il revient. Il finit par se noyer, et la belle Angeline, �� son tour, meurt d'amour et de chagrin. Ah! que de peines avant d'arriver �� la tombe, et que la jeune Henriette, de l'Ane mort, a plus t?t fait de courber sa belle t��te sous la main du bourreau!
De tous les romans de M. Ars��ne Houssaye, il semble que celui-l�� est le plus rempli d'��pouvante et de terreur. J'ai presque dit de sympathie et de piti��. Ainsi, ces cr��atures de l'autre monde auront m��rit�� l'honneur d'aller rejoindre, dans leurs chateaux, dans leurs boudoirs, en leurs ab?mes, en leurs cercueils, toutes les ma?tresses de M. Don Juan de Parisis.
Mais que M. Ars��ne Houssaye, dans les entr'actes de ses livres plus s��v��res, retourne �� ses grandes dames, �� ses belles p��cheresses, �� ses passions de la vie parisienne. Pourquoi n'��crit-t-il pas ce livre, depuis longtemps annonc��: Les mains pleines de roses, pleines d'or et pleines de sang? Il m'a cont�� cette histoire. Il y a l�� une id��e philosophique et un drame terrible.
JULES JANIN.

LIVRE PREMIER
LES MAINS PLEINES DE ROSES
Celui qui nie l'Inconnu nie les destin��es de son ame. GOETHE.
J'ai commenc�� par nier tout, j'ai fini par croire �� tout. LA HARPE.
Cette femme qui sourit dans sa beaut�� te donnera l'amour et la mort. Mais qu'est-ce que la vie sans l'amour! OCTAVE DE PARISIS.

I
LA VISION DU CHATEAU DE MARGIVAL
Cette histoire va vous para?tre ��trange; c'est la V��rit�� elle-m��me qui parle.
Un jeune homme de vingt ans passait �� cheval dans une petite vall��e du Soissonnais, coup��e de prairies, de bois et d'��tangs, domin��e par une montagne o�� s'agitaient et babillaient trois ou quatre moulins �� vent. Le soleil disait adieu aux fl��ches aigu?s de l'��glise; l'Ang��lus ne sonnait pas comme dans les romans, parce que le ma?tre d'��cole arrosait son jardinet bord�� de buis, o�� fleurissait sur la m��me ligne la ciboule et le dahlia. On entendait le cri argentin du crapaud, ce doux po?te des marais. Le coucou et le merle, qui avaient d��j�� fait leur lit sur la ramure, ne se r��pondaient plus qu'�� de longs intervalles.
Ce jeune homme allait je ne sais o��, ni lui non plus. Le cheval, tout enivr�� par la verte et savoureuse odeur de la luzerne fauch��e, ��tait l��ger comme la jeunesse; il effleurait l'herbe et d��vorait l'espace. Le cavalier allait plus vite encore; il voyageait �� bride abattue dans le monde id��al qui vous ouvre �� vingt ans ses portes d'or et d'azur. D'o�� venait-il? du coll��ge. Il n'avait pas v��cu de la vie jusque-l��. Il n'avait connu que les Grecs et les Romains. L'��tude avait chastement veill�� en sentinelle sur son coeur, comme la vestale antique dans le temple de Junon.
Il allait vivre, enfin! La passion viendrait bient?t �� lui tout ��chevel��e avec ses fureurs divines, ses ��treintes de flamme. Il avait appris �� lire, mais il avait �� peine entr'ouvert ce livre sacr��, ce livre infernal o�� Dieu et Satan ont ��crit leurs po?mes. Comme il ne croyait qu'�� Dieu, il entr'ouvrait le livre avec confiance. Il entrait dans la vie avec la pieuse ferveur d'un chr��tien qui franchit le seuil d'une ��glise en songeant que l�� du moins, sous les regards des anges, des vierges et des saints qui sourient dans les vitraux ou dans les cadres, il est �� l'abri des m��chants.
Georges du Quesnoy,--c'est son nom,--��tait fils d'un magistrat, frapp�� dans sa carri��re par 1848, un galant homme qui avait eu le tort de mettre un peu de politique dans la balance de la justice. Il avait trois enfants, deux fils et une fille. Sa fortune ��tait des plus m��diocres. Il vivait dans le Soissonnais, tr��s-retir�� du monde, du produit d'une ferme qui ne devait gu��re donner que 100,000 francs �� chacun de ses enfants. La fille ��tait mari��e �� un procureur imp��rial; le fils a?n��, depuis un an sorti du coll��ge, ne voulait rien faire, sous pr��texte qu'il faisait des vers; le plus jeune se
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