dort, mais d'un sommeil agit�� interrompu par la fi��vre et le frisson; ses dents s'entre-choquent; elle ��tire ses membres engourdis et pousse des cris rauques, en demandant qu'on chasse la neige qui tombe sur son corps demi-nu; elle ne jouit d'aucun repos, car son mis��rable lit est trop froid, ses douleurs trop poignantes.
De l'autre c?t�� est le petit voleur.
Souvent sa m��re le couvre de baisers passionn��s, car dans son sommeil il demande, en suppliant, du pain.
Infortun��e, cette pri��re la remplit de terreurs; elle soupire profond��ment, et, tremblante, serre plus fort l'enfant contre son sein.
Venez donc, vous dont les membres s'��tendent voluptueusement chaque soir sur l'��dredon, dans l'oubli des fatigues et le charme des r��ves agr��ables, venez donc voir cette sc��ne! Ce n'est pas une fable: les faits sont devant vous.
La matin��e ��tait d��j�� bien avanc��e, et les yeux de Marguerite, qui avaient ��t�� si longtemps riv��s sur la porte, s'��taient ferm��s de lassitude, alors que ses enfants, devenaient plus remuants, comme il arrivait ordinairement aux approches de ce r��veil �� leur d��tresse r��elle dont les songes n'��taient que les ombres, quand la porte s'ouvrit doucement pour laisser entrer le mari et le p��re de toutes ces mis��res.
Son maintien ��tait calme et la r��signation semblait de nouveau grav��e sur son visage.
Mais quand ses regards tomb��rent sur les dormeurs, sa qui��tude apparente l'abandonna; il recula en joignant les mains et leva les yeux au ciel.
Pauvre homme!
Ses yeux se report��rent sur les dormeurs et les consid��r��rent pendant quelques secondes; puis il poussa un gros soupir, se retourna, sortit sans bruit de la chambre et fit signe d'entrer �� un individu qui se tenait au dehors.
C'��tait un jeune homme qui, malgr�� le mauvais ��tat de ses v��tements, le d��sordre de sa barbe et de ses cheveux, paraissait bien fait et m��me de bonne mine.
Sur son front large, d��couvert, on voyait briller la bienveillance et la g��n��rosit�� qui animaient son ame.
Il portait du bois dans ses bras.
L'ayant d��pos�� aussi doucement que possible sur le sol, il alluma du feu.
--Merci, merci, Guillaume; tu es un digne gar?on.
--Oh! Edouard, Edouard! s'��cria Marguerite s'��veillant au son de cette voix. O�� est-elle? L'a-t-on ramen��e?
--Marguerite, mon enfant, r��pliqua le mari en affectant un sang-froid bien loin de son coeur, Madeleine s'est ��loign��e de nous pour quelque temps, Dieu sait dans quel but. Il nous la ram��nera, mais �� pr��sent; nous devons laisser la pauvre fille entre ses mains. Ah! c'est un grand malheur, bien grand, Marguerite, ?a fend le coeur; mais il faut se faire violence. Nous avons beaucoup �� faire, un devoir sacr�� devant nous aujourd'hui, ma bonne femme.
L'infortun��e le regarda avec ��garement, et retomba sur la paillasse en poussant un faible cri.
--Marguerite, reprit-il en s'agenouillant �� son chevet et en posant la main sur sa t��te en feu, nous l'avons perdue pour peu de temps; mais, si ch��re qu'elle puisse nous ��tre, elle est seule aux yeux du ciel. Il nous en reste quatre, Marguerite, que nous devons pourvoir de pain et tenir hors de la mauvaise voie. Ferons-nous notre devoir ou souffriront-ils tous pour une seule? Nous pouvons leur ��viter un sort semblable, pire peut-��tre; mais, pour elle, la pauvre enfant, si sa droiture naturelle ne la prot��ge pas, c'est fini, et nous ne pourrons que la r��clamer. C'est un devoir sacr��, ma pauvre femme. Nous lui donnerons nos pri��res, mais nous devons la laisser �� pr��sent, afin de chercher �� subvenir aux besoins des autres. Guillaume et Mark ont jur�� de la chercher et de nous la ramener.--Allons, enfants, il fait bien froid; levez-vous. Guillaume a fait du feu; venez vous chauffer pour la derni��re fois ici. Nous avons fort �� faire: j'attends de vous tous ob��issance et courage; la Providence fera le reste.
Madame Mordaunt leva les yeux sur son mari et lui pressa tendrement la main.
Puis elle se sortit de sa couche glac��e, en montrant cette s��r��nit�� que donne la r��signation.
Son mari lui sut gr�� de ce calme apparent, car il sentait la violence du combat int��rieur qu'elle avait �� soutenir, et qu'il lui faudrait encore remporter sur ses affections pour lui ob��ir et le suivre l�� o�� il jugerait convenable d'aller.
--Guillaume, dit-elle au jeune homme qui attisait le feu, vous ��tes bien obligeant et nous vous sommes tr��s-reconnaissants.
Elle le regarda et secoua m��lancoliquement la t��te.
Il lui rendit son regard dans un silence solennel Leurs ames s'entendirent; mais ce qu'ils sentaient ��tait trop ��lev�� pour pouvoir ��tre traduit par des paroles, et ils demeur��rent muets.
--Enfants, dit Mordaunt quand ils furent tous r��unis autour du feu et que le dernier morceau de pain leur eut ��t�� distribu��, nous quitterons ce lieu dans une heure. C'est la seule chance qui nous reste; et, bien que nous devions nous attendre �� en voir de dures pendant le voyage, nous devons tout faire pour supporter notre sort du mieux
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