ne me promettait rien de bon, m'appelait à Scotland Yard où je fus re?u par M. Sewingthrow, mon chef direct.
?Encouragé par la fermeté de Suzan--c'est-à-dire de Madame Bobby--je me présentai, en homme s?r de la bonté de sa cause.
?Mais que valent les mérites affirmés d'un homme, en face de la calomnie, et de ce que j'oserais appeler l'inintelligence.
?Il me fut reproché de m'être mêlé, dans un pays ami, de détails qui ne me regardaient pas, d'avoir attiré sur moi et sur l'Angleterre, l'attention malveillante des foules, et--considération qui me fut plus pénible que toute autre--d'avoir rendu la police britannique ridicule et suspecte d'incohérence.
?En vain je m'expliquai. J'exposai les principes qui avaient été mes guides--l'amour de la vérité, le désir d'être utile--en vain je rappelai les enseignements moraux et religieux que je m'étais efforcé de mettre en pratique.
?évidemment j'étais condamné d'avance. Aucun de mes arguments ne produisit l'effet sur lequel j'étais en droit de compter; et, finalement, je fus informé que j'étais suspendu de mes fonctions jusqu'à nouvel ordre.
?Il ne me restait qu'à m'incliner, ce qui fut fait.
?En quelques paroles dont j'eus lieu d'être satisfait, et qui ne furent pas sans éloquence, je protestai respectueusement contra la mesure qui me frappait.
?--Monsieur Sewingthrow, dis-je en manière de conclusion, le sang des martyrs, tombant sur la terre, a fait lever une moisson de vérité: sans que, dans mon humilité, il me convienne de me comparer à ces saints précurseurs, permettez-moi d'affirmer que l'erreur dont je suis la triste victime aura peut-être un contre-coup regrettable sur la moralité publique.
?Mon chef, déconcerté, s'en tira par une phrase que je catalogue dans la série des outrages immérités.
?--Vous êtes un imbécile, me dit-il. Tenez-vous tranquille, et attendez les événements.
?Et je suis rentré chez moi, heureux de déverser dans le sein de ma compagne, l'amertume dont mon coeur était gonflé.
?--Monsieur Bobby, me dit cette femme remarquable, l'affront dont vous êtes l'objet, retombe sur moi. J'attendrai que vous nous réhabilitiez tous les deux.
?Ces paroles me dictaient mon devoir. Il me fallait désormais consacrer ma vie à la recherche de cette vérité, à savoir que Coxward, assassiné à Paris, le 2 avril, se trouvait cependant à Londres quelques heures auparavant.
?Car ici, je dois faire un aveu. J'avais pris connaissance du journal où sa présence dans la nuit du 1er au 2 avril était relatée, et j'ai trop le respect de la presse de mon pays pour avoir mis un seul instant en doute cette affirmation, qui, émanée du journalisme fran?ais, m'e?t paru plus que suspecte.
?Et je ne fus pas surpris lorsque, dès le lendemain, ayant repris pour mon compte l'enquête naguère menée par mes critiques, j'acquis la certitude que les témoins consultés avaient dit la vérité. Ils avaient assisté au match de boxe dans lequel Coxward s'était disqualifié.
?C'était sous un uppercut au menton qu'il avait chancelé, essayant d'abord un clinch, mais définitivement abattu par un left qui l'avait jeté à terre. On imputait à la lacheté sa promptitude à proclamer sa défaite. Mais, tous détails recueillis, il m'apparut que Coxward avait un plan spécial, qui était de ménager ses forces pour réaliser le méfait qu'il méditait, c'est-à-dire le vol dont, un instant après, il allait se rendre coupable.
?Mes précisions se sont établies de la fa?on la plus nette.
?Il était une heure moins cinq minutes lorsque Coxward--très vivant et parfaitement alerte--avait sauté par la fenêtre, au rez-de-chaussée du Shadows-Bar, et s'était enfui, poursuivi par la meute furieuse de ses adversaires.
?Que Coxward f?t un voleur, la chose n'était pas pour m'émouvoir, son caractère étant établi de longue date. Rien dans cette aventure n'était contraire à la vraisemblance. Ces témoins n'avaient pu se tromper sur son identité, car il leur était connu depuis longtemps, comme à moi-même, qui, plusieurs fois, avais fait peser sur lui la main de justice.
?Or, depuis le moment où Coxward, harcelé, avait disparu à quelque distance de Highbury Crescent, avait-il reparu? Non. Nul n'avait entendu parler de lui. Les nombreuses tavernes où il fréquentait d'ordinaire n'avaient pas eu l'honneur de sa visite, et je dois ajouter que, rompant avec toutes mes délicatesses ordinaires, j'en vins à m'abaisser jusqu'à rechercher une certaine Bessie Bell, fille de moeurs blamables, avec laquelle il entretenait d'inqualifiables relations, et que, l'ayant retrouvée, et malgré la répulsion que m'inspirent ces créatures--surtout lorsque je ne suis pas en service commandé--je l'interrogeai et appris d'elle qu'elle n'avait plus re?u sa visite, circonstance dont elle se souciait peu d'ailleurs, ainsi qu'elle me l'affirma cyniquement.
?Donc, le fait était établi. Pour quiconque, il semblait que Coxward avait quitté Londres ou peut-être était mort. J'avais constaté que dans tous les milieux de bas sport, et Dieu sait s'ils sont nombreux, il était resté invisible. L'hypothèse de la mort subite était la plus plausible, bien entendu pour tout autre que pour moi. Mais j'agis comme si elle avait été possible. Un mort

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