Le voleur | Page 2

Georges Darien
leurs dames toutes seules; les dames savez-vous, ?a fait des b��tises si facilement ...
Quels messieurs? Quelle saison? Quelles dames? L'h?tesse continue:
-- On va vous apporter votre malle de la gare. Vous pouvez ��tre tranquille, savez-vous; on ne l'ouvrira pas. C'est mon mari qui a ��t�� la chercher lui-m��me; et avec lui, savez-vous, jamais de visite; il s'est arrang�� avec les douaniers pour ?a. ?a nous co?te ce que ?a nous co?te; mais au moins, les bagages de nos clients c'est sacr��. Sans ?a, avec les droits d'entr��e sur les toilettes, ces dames auraient quelque chose �� payer, savez-vous. Et puis, vos instruments �� vous, ils auraient du mal �� ��chapper �� l'oeil, hein? Je sais bien qu'il vous en faut des solides et que vous ne pouvez pas toujours les mettre dans vos poches; mais enfin, on voit bien que ce n'est pas fait pour arracher les dents. Vaut mieux que tout ?a passe franco.
-- C'est bien certain. Mais,...
-- Ah! j'oubliais. La valise qui est dans le coin, l��, c'est la valise de M. Randal; il n'a pas voulu l'emporter, hier. Si elle ne vous g��ne pas, je la laisserai dans la chambre; elle est plus en s?ret�� qu'ailleurs; car je sais bien qu'entre vous ... �� moins qu'elle ne vous embarrasse?
-- Pas le moins du monde.
-- J'esp��re que Monsieur sera satisfait, dit l'h?tesse en se retirant. Et pour le tarif, c'est toujours comme ces messieurs ont d? le dire �� Monsieur.
J'esquisse un sourire.
J'ai ��t�� tr��s satisfait. Et le soir, retir�� dans ma chambre, fort ennuy�� -- car j'avais appris que le roi L��opold ��tait enrhum�� et qu'il ne sortirait pas de quelque temps -- il m'est venu �� l'id��e, pour tromper mon chagrin, de regarder ce que contenait la valise de M. Randal. Curiosit�� malsaine, je l'accorde. Mais, pourquoi avait-on laiss�� ce portemanteau dans ma chambre? Pourquoi ��tais-je morose et d��soeuvr��? Pourquoi le roi L��opold ��tait-il enrhum��? Autant de questions auxquelles il faudrait r��pondre avant de me juger trop s��v��rement.
Bref, j'ouvris la valise; elle n'��tait point ferm��e �� cl��.; les courroies seules la bouclaient. Je n'aurai pas, Dieu merci, une effraction sur la conscience. Dedans, pas grand'chose d'int��ressant: des ferrailles, des instruments d'acier de diff��rentes formes et de diff��rentes grandeurs, dont, j'ignore l'usage. �� quoi ?a peut-il servir? Myst��re. Une petite bouteille ��tiquet��e: Chloroforme. Ne l'ouvrons pas! Une bo?te en fer avec des boulettes dedans. Qu'est-ce que c'est que ?a? N'y touchons pas, c'est plus prudent. Un gros rouleau de papiers. Je d��noue la ficelle qui l'attache. Qu'est-ce que cela peut ��tre? Je me mets �� lire...
J'ai lu toute la nuit. Avec int��r��t? Vous en jugerez; ce que j'ai lu cette nuit-l��, vous allez le lire tout �� l'heure. Et le matin, quand il m'a fallu sortir, je n'ai pas voulu laisser tra?ner sur une table le manuscrit dont je n'avais pas achev�� la lecture, ni m��me le remettre dans la valise. On aurait pu l'enlever, pendant mon absence. Je l'ai enferm�� dans ma malle.
Dans la journ��e, j'ai appris une chose tr��s ennuyante, l'h?tel o�� j'habite est un h?tel interlope -- des plus interlopes. -Il n'est fr��quent�� que par des voleurs; pas toujours c��libataires. Quel malheur d'��tre tomb��, du premier coup, dans une maison pareille -- une maison o�� l'on ��tait si bien, pourtant ... -- Enfin! Je n'ai fait ni une ni deux. J'ai envoy�� un commissionnaire chercher mes bagages et r��gler ma note, et je me suis install�� ailleurs.
Et maintenant, maintenant que j'ai termin�� la lecture des m��moires de M. Randal -- l'appellerai-je Monsieur? -- maintenant que j'ai en ma possession ce manuscrit que je n'aurais jamais d? lire, jamais d? toucher, qu'en dois-je faire, de ce manuscrit?
-- Le restituer! me crie une voix int��rieure, mais imp��rieuse.
Naturellement. Mais comment faire? Le renvoyer par la poste? Impossible, mon d��part pr��cipit�� a d? d��j�� sembler louche. On saura d'o�� il vient, ce rouleau de papiers que rapportera le facteur; je passerai pour un mouchard narquois qui n'a pas le courage de sa fonction, et un de ces soirs ?ces messieurs? me casseront le nez dans un coin. Bien grand merci.
Le rapporter moi-m��me, avec quelques plaisanteries en guise d'excuses? Ce serait le mieux, �� tous les points de vue. Malheureusement, c'est impraticable. Je suis entr�� une fois dans cet h?tel interlope et, j'aime au moins �� l'esp��rer, personne ne m'a vu. Mais si j'y retourne et qu'on m'observe, si l'on vient �� remarquer ma pr��sence dans ce repaire de bandits cosmopolites, si l'on s'aper?oit que je fr��quente des endroits suspects -- que n'ira-t-on pas supposer? Quels jugements t��m��raires ne portera-t- on pas sur ma vie priv��e? Que diront mes ennemis?
La situation est embarrassante. Comment en sortir? Eh! bien, le manuscrit lui-m��me m'en donne le moyen. Lequel? Vous le verrez. Mais je viens de relire les derni��res pages -- et je
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