feux brillaient au sud, un détachement pouvait se glisser latéralement pour attaquer la caravane grace à l'obscurité.
En cette direction, la plaine était certainement déserte. Si profonde que f?t la nuit, un parti d'agresseurs n'aurait pu surprendre le Portugais et ses compagnons, avant que ceux-ci eussent fait usage de leurs armes.
Un peu après, vers onze heures, Max Huber, se portant à quelques pas du groupe que formaient Urdax, Khamis et John Cort, dit d'une voix résolue:
?Il faut aller reconna?tre l'ennemi...
-- Est-ce bien utile, demanda John Cort, et la simple prudence ne nous commande-t-elle pas de rester en observation jusqu'au lever du jour?...
-- Attendre... attendre... répliqua Max Huber, après que notre sommeil a été si facheusement interrompu... attendre pendant six à sept heures encore, la main sur la garde du fusil!... Non! il faut savoir au plus t?t à quoi s'en tenir!... Et, somme toute, si ces indigènes n'ont aucune mauvaise intention, je ne serais pas faché de me reblottir jusqu'au matin dans ce cadre de racines où je faisais de si beaux rêves!
-- Qu'en pensez-vous?... demanda John Cort au Portugais qui demeurait silencieux.
-- Peut-être la proposition mérite-t-elle d'être acceptée, répliqua-t-il, mais n'agissons pas sans précautions...
-- Je m'offre pour aller en reconnaissance, dit Max Huber, et fiez-vous à moi...
-- Je vous accompagnerai, ajouta le foreloper, si M. Urdax le trouve bon...
-- Cela vaudra certes mieux, approuva le Portugais.
-- Je puis aussi me joindre à vous..., proposa John Cort.
-- Non... restez, cher ami, insista Max Huber. à deux, nous suffirons... D'ailleurs, nous n'irons pas plus loin qu'il ne sera nécessaire... Et, si nous découvrons un parti se dirigeant de ce c?té, nous reviendrons en toute hate...
-- Assurez-vous que vos armes sont en état..., recommanda John Cort.
-- C'est fait, répondit Khamis, mais j'espère que nous n'aurons pas à nous en servir pendant cette reconnaissance. L'essentiel est de ne pas se laisser voir...
-- C'est mon avis?, déclara le Portugais.
Max Huber et le foreloper, marchant l'un près de l'autre, eurent vite dépassé le tertre des tamarins. Au delà, la plaine était un peu moins obscure. Un homme, cependant, n'y e?t pu être signalé à la distance d'une centaine de pas. Ils en avaient fait cinquante à peine, lorsqu'ils aper?urent Llanga derrière eux. Sans rien dire, l'enfant les avait suivis en dehors du campement.
?Eh! pourquoi es-tu venu, petit?... dit Khamis.
-- Oui, Llanga, reprit Max Huber, pourquoi n'es-tu pas resté avec les autres?...
-- Allons... retourne..., ordonna le foreloper.
-- Oh! monsieur Max, murmura Llanga, avec vous... moi... avec vous...
-- Mais tu sais bien que ton ami John est là-bas...
-- Oui... mais mon ami Max... est ici...
-- Nous n'avons pas besoin de toi!... dit Khamis d'un ton assez dur.
-- Laissons-le, puisqu'il est là! reprit Max Huber. Il ne nous gênera pas, Khamis, et, avec ses yeux de chat sauvage, peut-être découvrira-t-il dans l'ombre ce que nous ne pourrions y voir...
-- Oui... je regarderai... je verrai loin!... assura l'enfant.
-- C'est bon!... Tiens-toi près de moi, dit Max Huber, et ouvre l'oeil!?
Tous trois se portèrent en avant. Un quart d'heure après, ils étaient à moitié chemin entre le campement et la grande forêt.
Les feux développaient toujours leurs clartés au pied des massifs et, moins éloignés, se manifestaient par de plus vifs éclats. Mais si pénétrante que f?t la vue du foreloper, si bonne que f?t la lunette que Max Huber venait d'extraire de son étui, si per?ants que fussent les regards du jeune ?chat sauvage?, il était impossible d'apercevoir ceux qui agitaient ces torches.
Cela confirmait cette opinion du Portugais, que c'était sous le couvert des arbres, derrière les épaisses broussailles et les larges troncs, que se mouvaient ces lueurs. Assurément, les indigènes n'avaient pas dépassé la limite de la forêt, et peut- être ne songeaient-ils pas à le faire.
En réalité, c'était de plus en plus inexplicable. S'il ne se trouvait là avant l'intention de se remettre en route au point du jour, pourquoi cette illumination de la lisière?... Quelle cérémonie nocturne les tenait éveillés à cette heure?...
?Et je me demande même, fit observer Max Huber, s'ils ont reconnu notre caravane, et s'ils savent qu'elle est campée autour des tamarins...
-- En effet, répondit Khamis, il est possible qu'ils ne soient arrivés qu'à la tombée de la nuit, lorsqu'elle enveloppait déjà la plaine, et, comme nos foyers étaient éteints, peut-être ignorent- ils que nous sommes campés à courte distance?... Mais, demain, dès l'aube, ils nous verront...
-- à moins que nous ne soyons repartis, Khamis.?
Max Huber et le foreloper reprirent leur marche en silence.
Un demi-kilomètre fut franchi de telle sorte que, à ce moment, la distance jusqu'à la forêt se réduisait à quelques centaines de mètres.
Rien de suspect à la surface de ce sol traversé parfois du long jet des torches. Aucune silhouette ne s'y découpait, ni au sud, ni au levant, ni au couchant. Une agression ne semblait pas imminente. En outre, si rapprochés
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