souffert.
-- Supposons donc cette fable que je l��aime et que je l��aie distingu��. Le roi est si na?f et si orgueilleux �� la fois, qu��il me croira, et alors nous irons raconter cette na?vet�� du roi, et nous rirons.
-- Oh! s����cria La Valli��re, penser cela, penser cela, c��est affreux!
-- Et, poursuivit le roi, ce n��est pas tout: si ce prince orgueilleux vient �� prendre au s��rieux la plaisanterie, s��il a l��imprudence d��en t��moigner publiquement quelque chose comme de la joie, eh bien! devant toute la cour, le roi sera humili��; or, ce sera, un jour, un r��cit charmant �� faire �� mon amant, une part de dot �� apporter �� mon mari, que cette aventure d��un roi jou�� par une malicieuse jeune fille.
-- Sire! s����cria La Valli��re ��gar��e, d��lirante, pas un mot de plus, je vous en supplie; vous ne voyez donc pas que vous me tuez?
-- Oh! raillerie, murmura le roi, qui commen?ait cependant �� s����mouvoir.
La Valli��re tomba �� genoux, et cela si rudement, que ses genoux r��sonn��rent sur le parquet.
Puis, joignant les mains:
-- Sire, dit-elle, je pr��f��re la honte �� la trahison.
-- Que faites-vous? demanda le roi, mais sans faire un mouvement pour relever la jeune fille.
-- Sire, quand je vous aurai sacrifi�� mon honneur et ma raison, vous croirez peut-��tre �� ma loyaut��. Le r��cit qui vous a ��t�� fait chez Madame et par Madame est un mensonge; ce que j��ai dit sous le grand ch��ne...
-- Eh bien?
-- Cela seulement, c����tait la v��rit��.
-- Mademoiselle! s����cria le roi.
-- Sire, s����cria La Valli��re entra?n��e par la violence de ses sensations, Sire, duss��-je mourir de honte �� cette place o�� sont enracin��s mes deux genoux, je vous le r��p��terai jusqu���� ce que la voix me manque: j��ai dit que je vous aimais... eh bien! je vous aime!
-- Vous?
-- Je vous aime, Sire, depuis le jour o�� je vous ai vu, depuis qu���� Blois, o�� je languissais, votre regard royal est tomb�� sur moi, lumineux et vivifiant; je vous aime! Sire. C��est un crime de l��se-majest��, je le sais, qu��une pauvre fille comme moi aime son roi et le lui dise. Punissez-moi de cette audace, m��prisez-moi pour cette imprudence; mais ne dites jamais, mais ne croyez jamais que je vous ai raill��, que je vous ai trahi. Je suis d��un sang fid��le �� la royaut��, Sire; et j��aime... j��aime mon roi!... Oh! je me meurs!
Et tout �� coup, ��puis��e de force, de voix, d��haleine, elle tomba pli��e en deux, pareille �� cette fleur dont parle Virgile et qu��a touch��e la faux du moissonneur.
Le roi, �� ces mots, �� cette v��h��mente supplique, n��avait gard�� ni rancune, ni doute; son coeur tout entier s����tait ouvert au souffle ardent de cet amour qui parlait un si noble et si courageux langage.
Aussi, lorsqu��il entendit l��aveu passionn�� de cet amour, il faiblit, et voila son visage dans ses deux mains.
Mais, lorsqu��il sentit les mains de La Valli��re cramponn��es �� ses mains, lorsque la ti��de pression de l��amoureuse jeune fille eut gagn�� ses art��res, il s��embrasa �� son tour, et, saisissant La Valli��re �� bras-le-corps, il la releva et la serra contre son coeur.
Mais elle, mourante, laissant aller sa t��te vacillante sur ses ��paules, ne vivait plus.
Alors le roi, effray��, appela de Saint-Aignan.
De Saint-Aignan, qui avait pouss�� la discr��tion jusqu���� rester immobile dans son coin en feignant d��essuyer une larme, accourut �� cet appel du roi.
Alors il aida Louis �� faire asseoir la jeune fille sur un fauteuil, lui frappa dans les mains, lui r��pandit de l��eau de la reine de Hongrie en lui r��p��tant:
-- Mademoiselle, allons, mademoiselle, c��est fini, le roi vous croit, le roi vous pardonne. Eh! l��, l��! prenez garde, vous allez ��mouvoir trop violemment le roi, mademoiselle; Sa Majest�� est sensible, Sa Majest�� a un coeur. Ah! diable! mademoiselle, faites- y attention, le roi est fort pale.
En effet, le roi palissait visiblement.
Quant �� La Valli��re, elle ne bougeait pas.
-- Mademoiselle! mademoiselle! en v��rit��, continuait de Saint- Aignan, revenez �� vous, je vous en prie, je vous en supplie, il est temps; songez �� une chose, c��est que si le roi se trouvait mal, je serais oblig�� d��appeler son m��decin. Ah! quelle extr��mit��, mon Dieu! Mademoiselle, ch��re mademoiselle, revenez �� vous, faites un effort, vite, vite!
Il ��tait difficile de d��ployer plus d����loquence persuasive que ne le faisait Saint-Aignan; mais quelque chose de plus ��nergique et de plus actif encore que cette ��loquence r��veilla La Valli��re.
Le roi s����tait agenouill�� devant elle, et lui imprimait dans la paume de la main ces baisers br?lants qui sont aux mains ce que le baiser des l��vres est au visage. Elle revint enfin �� elle, rouvrit languissamment les yeux, et, avec un mourant regard:
-- Oh! Sire, murmura-t-elle, Votre Majest�� m��a donc pardonn��?
Le roi ne r��pondit pas... il ��tait encore trop ��mu.
De Saint-Aignan crut devoir s����loigner de nouveau... Il avait
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