roi offens��, et, connaissant le coeur des rois en g��n��ral et celui des puissants en particulier, il se demandait si bient?t ce poids de fureur, suspendu jusque-l�� sur le vide, ne finirait point par tomber sur lui, par cela m��me que d��autres ��taient coupables et lui innocent.
En effet, tout �� coup le roi s��arr��ta dans sa marche immod��r��e, et, fixant sur de Saint-Aignan un regard courrouc��.
-- Et toi, de Saint-Aignan? s����cria-t-il.
De Saint-Aignan fit un mouvement qui signifiait:
-- Eh bien! Sire?
-- Oui, tu as ��t�� aussi sot que moi, n��est-ce pas?
-- Sire, balbutia de Saint-Aignan.
-- Tu t��es laiss�� prendre �� cette grossi��re plaisanterie.
-- Sire, dit de Saint-Aignan, dont le frisson commen?ait �� secouer les membres, que Votre Majest�� ne se mette point en col��re: les femmes, elle le sait, sont des cr��atures imparfaites cr����es pour le mal; donc, leur demander le bien c��est exiger d��elles la chose impossible.
Le roi, qui avait un profond respect de lui-m��me, et qui commen?ait �� prendre sur ses passions cette puissance qu��il conserva sur elles toute sa vie, le roi sentit qu��il se d��consid��rait �� montrer tant d��ardeur pour un si mince objet.
-- Non, dit-il vivement, non, tu te trompes, Saint-Aignan, je ne me mets pas en col��re; j��admire seulement que nous ayons ��t�� jou��s avec tant d��adresse et d��audace par ces deux petites filles. J��admire surtout que, pouvant nous instruire, nous ayons fait la folie de nous en rapporter �� notre propre coeur.
-- Oh! le coeur, Sire, le coeur, c��est un organe qu��il faut absolument r��duire �� ses fonctions physiques, mais qu��il faut destituer de toutes fonctions morales. J��avoue, quant �� moi, que, lorsque j��ai vu le coeur de Votre Majest�� si fort pr��occup�� de cette petite...
-- Pr��occup��, moi? mon coeur pr��occup��? Mon esprit, peut-��tre; mais quant �� mon coeur... il ��tait...
Louis s��aper?ut, cette fois encore, que pour couvrir un vide, il en allait d��couvrir un autre.
-- Au reste, ajouta-t-il, je n��ai rien �� reprocher �� cette enfant. Je savais qu��elle en aimait un autre.
-- Le vicomte de Bragelonne, oui. J��en avais pr��venu Votre Majest��.
-- Sans doute. Mais tu n����tais pas le premier. Le comte de La F��re m��avait demand�� la main de Mlle de La Valli��re pour son fils. Eh bien! �� son retour d��Angleterre, je les marierai puisqu��ils s��aiment.
-- En v��rit��, je reconnais l�� toute la g��n��rosit�� du roi.
-- Tiens, Saint-Aignan, crois-moi, ne nous occupons plus de ces sortes de choses, dit Louis.
-- Oui, dig��rons l��affront, Sire, dit le courtisan r��sign��.
-- Au reste, ce sera chose facile, fit le roi en modulant un soupir.
-- Et pour commencer, moi... dit Saint-Aignan.
-- Eh bien?
-- Eh bien! je vais faire quelque bonne ��pigramme sur le trio. J��appellerai cela: _Na?ade et Dryade_; cela fera plaisir �� Madame.
-- Fais, Saint-Aignan, fais, murmura le roi. Tu me liras tes vers, cela me distraira. Ah! n��importe, n��importe, Saint-Aignan, ajouta le roi comme un homme qui respire avec peine, le coup demande une force surhumaine pour ��tre dignement soutenu.
Et, comme le roi achevait ainsi en se donnant les airs de la plus ang��lique patience, un des valets de service vint gratter �� la porte de la chambre.
De Saint-Aignan s����carta par respect.
-- Entrez, fit le roi.
Le valet entrebailla la porte.
-- Que veut-on? demanda Louis.
Le valet montra une lettre pli��e en forme de triangle.
-- Pour Sa Majest��, dit-il.
-- De quelle part?
-- Je l��ignore; il a ��t�� remis par un des officiers de service.
Le roi fit signe, le valet apporta le billet.
Le roi s��approcha des bougies, ouvrit le billet, lut la signature et laissa ��chapper un cri.
Saint-Aignan ��tait assez respectueux pour ne pas regarder; mais, sans regarder, il voyait et entendait.
Il accourut.
Le roi, d��un geste, cong��dia le valet.
-- Oh! mon Dieu! fit le roi en lisant.
-- Votre Majest�� se trouve-t-elle indispos��e? demanda Saint-Aignan les bras ��tendus.
-- Non, non, Saint-Aignan; lis!
Et il lui passa le billet.
Les yeux de Saint-Aignan se port��rent �� la signature.
-- La Valli��re! s����cria-t-il. Oh! Sire!
-- Lis! lis!
Et Saint-Aignan lut:
?Sire, pardonnez-moi mon importunit��, pardonnez-moi surtout le d��faut de formalit��s qui accompagne cette lettre; un billet me semble plus press�� et plus pressant qu��une d��p��che; je me permets donc d��adresser un billet �� Votre Majest��.
Je rentre chez moi bris��e de douleur et de fatigue, Sire, et j��implore de Votre Majest�� la faveur d��une audience dans laquelle je pourrai dire la v��rit�� �� mon roi.
Sign��: Louise de La Valli��re.?
-- Eh bien? demanda le roi en reprenant la lettre des mains de Saint Aignan tout ��tourdi de ce qu��il venait de lire.
-- Eh bien? r��p��ta Saint-Aignan.
-- Que penses-tu de cela?
-- Je ne sais trop.
-- Mais enfin?
-- Sire, la petite aura entendu gronder la foudre, et elle aura eu peur.
-- Peur de quoi? demanda noblement Louis.
-- Dame! que voulez-vous, Sire! Votre Majest�� a mille raisons d��en vouloir �� l��auteur ou aux auteurs d��une si m��chante plaisanterie, et la m��moire de Votre Majest��, ouverte dans le mauvais
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