Le vicomte de Bragelonne, Tome I. | Page 9

Alexandre Dumas
son c?t�� le nom de Louise.
-- Ah! Montalais! Montalais! soupira celle-ci, c'est un grand p��ch�� que de tromper ainsi.
-- Moi! Je vous ai tromp��e?
-- Oui, vous me dites que vous allez savoir en bas des nouvelles, et vous faites monter ici Monsieur.
-- Il le fallait bien. Comment e?t-il re?u sans cela la lettre que vous lui ��criviez?
Et elle d��signait du doigt cette lettre qui ��tait encore sur la table. Raoul fit un pas pour la prendre; Louise, plus rapide, bien qu'elle se f?t ��lanc��e avec une h��sitation classique assez remarquable, allongea la main pour l'arr��ter. Raoul rencontra donc cette main toute ti��de et toute tremblante; il la prit dans les siennes et l'approcha si respectueusement de ses l��vres, qu'il y d��posa un souffle plut?t qu'un baiser.
Pendant ce temps, Mlle de Montalais avait pris la lettre, l'avait pli��e soigneusement, comme font les femmes, en trois plis, et l'avait gliss��e dans sa poitrine.
-- N'ayez pas peur, Louise, dit-elle; Monsieur n'ira pas plus la prendre ici, que le d��funt roi Louis XIII ne prenait les billets dans le corsage de Mlle de Hautefort.
Raoul rougit en voyant le sourire des deux jeunes filles, et il ne remarqua pas que la main de Louise ��tait rest��e entre les siennes.
-- L��! dit Montalais, vous m'avez pardonn��, Louise, de vous avoir amen�� Monsieur; vous, monsieur, ne m'en voulez plus de m'avoir suivie pour voir Mademoiselle. Donc, maintenant que la paix est faite, causons comme de vieux amis. Pr��sentez-moi, Louise, �� M. de Bragelonne.
-- Monsieur le vicomte, dit Louise avec sa grace s��rieuse et son candide sourire, j'ai l'honneur de vous pr��senter Mlle Aure de Montalais, jeune fille d'honneur de Son Altesse Royale Madame, et de plus mon amie, mon excellente amie.
Raoul salua c��r��monieusement.
-- Et moi! Louise, dit-il, ne me pr��sentez-vous pas aussi �� Mademoiselle?
-- Oh! elle vous conna?t! elle conna?t tout!
Ce mot na?f fit rire Montalais et soupirer de bonheur Raoul, qui l'avait interpr��t�� ainsi: Elle conna?t tout notre amour.
-- Les politesses sont faites, monsieur le vicomte, dit Montalais; voici un fauteuil, et dites-nous bien vite la nouvelle que vous nous apportez ainsi courant.
-- Mademoiselle, ce n'est plus un secret. Le roi, se rendant �� Poitiers, s'arr��te �� Blois pour visiter Son Altesse Royale.
-- Le roi ici! s'��cria Montalais en frappant ses mains l'une contre l'autre; nous allons voir la cour! Concevez-vous cela, Louise? la vraie cour de Paris! Oh! mon Dieu! Mais quand cela, monsieur?
-- Peut-��tre ce soir, mademoiselle; assur��ment demain.
Montalais fit un geste de d��pit.
-- Pas le temps de s'ajuster! pas le temps de pr��parer une robe! Nous sommes ici en retard comme des Polonaises! Nous allons ressembler �� des portraits du temps de Henri IV!... Ah! monsieur, la m��chante nouvelle que vous nous apportez l��!
-- Mesdemoiselles, vous serez toujours belles.
-- C'est fade!... nous serons toujours belles, oui, parce que la nature nous a faites passables; mais nous serons ridicules, parce que la mode nous aura oubli��es... H��las! ridicules! on me verra ridicule, moi?
-- Qui cela? dit na?vement Louise.
-- Qui cela? vous ��tes ��trange, ma ch��re!... Est-ce une question �� m'adresser? On, veut dire tout le monde; on, veut dire les courtisans, les seigneurs; on, veut dire le roi.
-- Pardon, ma bonne amie, mais comme ici tout le monde a l'habitude de nous voir telles que nous sommes...
-- D'accord; mais cela va changer, et nous serons ridicules, m��me pour Blois; car pr��s de nous on va voir les modes de Paris, et l��on comprendra que nous sommes �� la mode de Blois! C'est d��sesp��rant!
-- Consolez-vous, mademoiselle.
-- Ah bast! au fait, tant pis pour ceux qui ne me trouveront pas �� leur go?t! dit philosophiquement Montalais.
-- Ceux-l�� seraient bien difficiles, r��pliqua Raoul fid��le �� son syst��me de galanterie r��guli��re.
-- Merci, monsieur le vicomte. Nous disions donc que le roi vient �� Blois?
-- Avec toute la cour.
-- Mlles de Mancini y seront-elles?
-- Non pas, justement.
-- Mais puisque le roi, dit-on, ne peut se passer de Mlle Marie?
-- Mademoiselle, il faudra bien que le roi s'en passe. M. le cardinal le veut. Il exile ses ni��ces �� Brouage.
-- Lui! l'hypocrite!
-- Chut! dit Louise en collant son doigt sur ses l��vres roses.
-- Bah! personne ne peut m'entendre. Je dis que le vieux Mazarino Mazarini est un hypocrite qui grille de faire sa ni��ce reine de France.
-- Mais non, mademoiselle, puisque M. le cardinal, au contraire, fait ��pouser �� Sa Majest�� l'infante Marie-Th��r��se.
Montalais regarda en face Raoul et lui dit:
-- Vous croyez �� ces contes, vous autres Parisiens? Allons, nous sommes plus forts que vous �� Blois.
-- Mademoiselle, si le roi d��passe Poitiers et part pour l'Espagne, si les articles du contrat de mariage sont arr��t��s entre don Luis de Haro et Son ��minence, vous entendez bien que ce ne sont plus des jeux d'enfant.
-- Ah ?��! mais, le roi est le roi, je suppose?
-- Sans doute, mademoiselle, mais le
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