Le vicomte de Bragelonne, Tome I. | Page 5

Alexandre Dumas
Voil�� le moment de lui ��crire, ch��re belle; allons, recommen?ons ce fameux Monsieur Raoul, qui brillait en t��te de la feuille d��chir��e.
Alors elle lui tendit la plume, et, avec un sourire charmant, encouragea sa main, qui tra?a vite les mots d��sign��s.
-- Maintenant? demanda la plus jeune des deux jeunes filles.
-- Maintenant, ��crivez ce que vous pensez, Louise, r��pondit Montalais.
-- ��tes-vous bien s?re que je pense quelque chose?
-- Vous pensez �� quelqu'un, ce qui revient au m��me, ou plut?t ce qui est bien pis.
-- Vous croyez, Montalais?
-- Louise, Louise, vos yeux bleus sont profonds comme la mer que j'ai vue �� Boulogne l'an pass��. Non, je me trompe, la mer est perfide, vos yeux sont profonds comme l'azur que voici l��-haut, tenez, sur nos t��tes.
-- Eh bien! puisque vous lisez si bien dans mes yeux, dites-moi ce que je pense, Montalais.
-- D'abord, vous ne pensez pas Monsieur Raoul; vous pensez Mon cher Raoul.
-- Oh! -- Ne rougissez pas pour si peu. Mon cher Raoul, disons- nous, vous me suppliez de vous ��crire �� Paris, o�� vous retient le service de M. le prince. Comme il faut que vous vous ennuyiez l��- bas pour chercher des distractions dans le souvenir d'une provinciale...
Louise se leva tout �� coup.
-- Non, Montalais, dit-elle en souriant, non, je ne pense pas un mot de cela. Tenez, voici ce que je pense.
Et elle prit hardiment la plume et tra?a d'une main ferme les mots suivants:
?J'eusse ��t�� bien malheureuse si vos instances pour obtenir de moi un souvenir eussent ��t�� moins vives. Tout ici me parle de nos premi��res ann��es, si vite ��coul��es, si doucement enfuies, que jamais d��autres n'en remplaceront le charme dans le coeur.?
Montalais, qui regardait courir la plume, et qui lisait au rebours �� mesure que son amie ��crivait, l'interrompit par un battement de mains.
-- �� la bonne heure! dit-elle, voil�� de la franchise, voil�� du coeur, voil�� du style! Montrez �� ces Parisiens, ma ch��re, que Blois est la ville du beau langage.
-- Il sait que pour moi, r��pondit la jeune fille, Blois a ��t�� le paradis.
-- C'est ce que je voulais dire, et vous parlez comme un ange.
-- Je termine, Montalais.
Et la jeune fille continua en effet:
?Vous pensez �� moi, dites-vous, monsieur Raoul; je vous en remercie; mais cela ne peut me surprendre, moi qui sais combien de fois nos coeurs ont battu l'un pr��s de l'autre.?
-- Oh! oh! dit Montalais, prenez garde, mon agneau, voil�� que vous semez votre laine, et il y a des loups l��-bas.
Louise allait r��pondre, quand le galop d'un cheval retentit sous le porche du chateau.
-- Qu'est-ce que cela? dit Montalais en s'approchant de la fen��tre. Un beau cavalier, ma foi!
-- Oh! Raoul! s'��cria Louise, qui avait fait le m��me mouvement que son amie, et qui, devenant toute pale, tomba palpitante aupr��s de sa lettre inachev��e.
-- Voil�� un adroit amant, sur ma parole, s'��cria Montalais, et qui arrive bien �� propos!
-- Retirez-vous, retirez-vous, je vous en supplie! murmura Louise.
-- Bah! il ne me conna?t pas; laissez-moi donc voir ce qu'il vient faire ici.
Chapitre II -- Le messager
Mlle de Montalais avait raison, le jeune cavalier ��tait bon �� voir.
C'��tait un jeune homme de vingt-quatre �� vingt-cinq ans, grand, ��lanc��, portant avec grace sur ses ��paules le charmant costume militaire de l'��poque. Ses grandes bottes �� entonnoir enfermaient un pied que Mlle de Montalais n'e?t pas d��savou�� si elle se f?t travestie en homme. D'une de ses mains fines et nerveuses il arr��ta son cheval au milieu de la cour, et de l'autre souleva le chapeau �� longues plumes qui ombrageait sa physionomie grave et na?ve �� la fois.
Les gardes, au bruit du cheval, se r��veill��rent et furent promptement debout.
Le jeune homme laissa l'un d'eux s'approcher de ses ar?ons, et s'inclinant vers lui, d'une voix claire et pr��cise, qui fut parfaitement entendue de la fen��tre o�� se cachaient les deux jeunes filles:
-- Un messager pour Son Altesse Royale, dit-il.
-- Ah! ah! s'��cria le garde; officier, un messager!
Mais ce brave soldat savait bien qu'il ne para?trait aucun officier, attendu que le seul qui e?t pu para?tre demeurait au fond du chateau, dans un petit appartement sur les jardins.
Aussi se hata-t-il d'ajouter:
-- Mon gentilhomme, l'officier est en ronde, mais en son absence on va pr��venir M. de Saint-Remy, le ma?tre d'h?tel.
-- M. de Saint-Remy! r��p��ta le cavalier en rougissant.
-- Vous le connaissez?
-- Mais oui... Avertissez-le, je vous prie, pour que ma visite soit annonc��e le plus t?t possible �� Son Altesse.
-- Il para?t que c'est press��, dit le garde, comme s'il se parlait �� lui-m��me, mais dans l'esp��rance d'obtenir une r��ponse.
Le messager fit un signe de t��te affirmatif.
-- En ce cas, reprit le garde, je vais moi-m��me trouver le ma?tre d'h?tel.
Le jeune homme cependant mit pied �� terre, et tandis que les autres soldats observaient avec curiosit�� chaque mouvement du beau cheval
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 210
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.