but qu'il proposa d'ajouter à la motion Bebel
l'amendement suivant: «Le Congrès déclare formellement ne pas
partager l'opinion défendue par Vollmar dans ses deux discours
prononcés à Munich, le 1er juin et le 6 juillet, concernant le plus urgent
devoir de la démocratie socialiste allemande et la nouvelle tactique à
suivre, mais la considère au contraire comme nuisible au
développement ultérieur du parti».
À la bonne heure! Voilà ce qui était clair. (La dernière partie de
l'amendement fut abandonnée par l'auteur lui-même.)
Et que pensaient les chefs, de cet amendement?
Auer demande au Congrès d'adopter la résolution de Bebel _avec
l'amendement Oertel._
Fischer conclut également à l'adoption.
Liebknecht déclare que «l'adoption de l'amendement Oertel est devenue
_une nécessité absolue pour le parti_». Il juge même bon d'y ajouter:
«Dans l'intérêt de la vérité, je me réjouis que cette proposition ait été
faite; quant à moi, je voterai pour, et j'espère que le Congrès se
prononcera avec une écrasante majorité pour la résolution Oertel. SI
ELLE N'EST PAS ADOPTÉE, L'OPPOSITION AURAIT RAISON,
ET DANS CE CAS JE PASSERAI MOI-MÊME À L'OPPOSITION».
Bebel ajoutait qu'il était indispensable pour le Congrès de se prononcer
nettement. Dans cette résolution il doit y avoir quelque chose d'obscur,
car Vollmar déclare l'accepter, sauf les motifs, et Auerbach (de
l'opposition) dit l'accepter intégralement. Donc l'extrême droite et
l'extrême gauche se déclarent d'accord avec l'auteur de la proposition,
quant aux termes dans laquelle cette dernière a été conçue. Oertel, lui,
ne déteste rien autant que l'équivoque, et il est prêt, lorsqu'il n'y a pas
moyen de faire autrement, à trancher le noeud gordien. Vollmar doit
bien se persuader que ses idées ne trouvent point d'écho ici, et qu'il est
donc indispensable de se prononcer par un catégorique oui ou _non.
Tous jugent donc indispensable l'adoption de l'amendement Oertel._
Vollmar voit dans cet amendement une question personnelle, qu'il ne
peut pas accepter, car elle a un caractère de méfiance. Liebknecht
déclare qu'il n'y a là rien de personnel, car la personnalité de Vollmar
n'est nullement en jeu. Bebel dit la même chose; il ne s'agit pas d'un
désaveu mais d'une différence d'opinion. Il ne faut pas chercher à voir
un vote de méfiance dans cette résolution. Il a voulu, par là permettre à
Vollmar, de trouver, après réflexion et en toute connaissance de
l'opinion du Congrès, un joint lui permettant d'abandonner les idées par
lui préconisées dans ses discours.
Que de considération à l'égard de Vollmar! Malgré les déclarations
énergiques des chefs, la prudence paraît s'imposer en face d'un homme
comme Vollmar, surtout lorsque celui-ci déclare: «Si la motion Oertel
est adoptée, il ne me reste qu'à vous dire que dans ce cas je vous ai
adressé la parole pour la dernière fois». Il accepte la résolution sur les
faits, comme elle a été proposée par Bebel, mais la critique personnelle,
formulée dans la motion Oertel, il la déclare inacceptable.
Que faire à présent?
Rompre avec Vollmar? Cela est fort risqué. Bebel n'a-t-il pas
catégoriquement déclaré que «le discours prononcé par Vollmar dans
ce milieu a trouvé plus d'approbation que ses propres paroles, il le
reconnaît très franchement». Et il ne paraît pas avoir grande confiance
dans les membres du parti, puisqu'il les conjure de bien savoir ce qu'ils
font et de ne pas se laisser séduire «par les belles phrases du discours
de Vollmar, ni par ses beaux yeux».
Mais voilà qu'une proposition intermédiaire est faite par Ehrhardt, de
Ludwigshafen: «Après que Vollmar s'est prononcé sans aucune réserve
au sujet de l'opinion développée par Bebel et d'autres orateurs sur le
maintien de la tactique suivie jusqu'ici, le Congrès déclare la discussion
sur la proposition Oertel terminée, et passe à l'ordre du jour».
C'est la planche du salut. On n'a plus qu'à la saisir et tout est dit. Ce qui
suit maintenant ressemble beaucoup à une comédie.
Oertel déclare retirer sa motion, si Vollmar veut agir conformément à la
dernière proposition. (Comment concilier ceci avec son propre
ultimatum: «Vollmar ne peut pas se placer au point de vue de la
résolution de Bebel, car n'a-t-il dit: «Il ressort de tout ceci que notre
tactique ne peut pas être la même.» Bebel cependant a déclaré qu'il n'y
avait aucune raison pour changer la tactique actuelle. Vollmar doit donc
s'expliquer plus clairement. L'agitation principale portera également
dans l'avenir d'excellents fruits.») Et à présent Vollmar déclare
solennellement: «J'ai déjà dit dans mon discours que, dès que la chose
est sérieusement discutée, j'accepte la discussion pourvu qu'elle ne vise
aucune personnalité. Depuis que celui qui a fait la proposition en a
enlevé le côté personnel, la chose est pour moi terminée».
Au fond, Vollmar n'a rien dit de catégorique, mais il s'est montré
diplomate. Ce qui ne l'empêche pas de quitter le terrain en vainqueur.
Et qu'est-ce que firent tous les autres, qui jugeaient absolument
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