de cette famille,
faite par M. D'Hozier, on trouve qu'en 1239 Landrecy de Meung, fils de
noble et puissant seigneur Monseigneur Théodun, comte de Meung,
épousa Agnès, fille de Gourdin de la Ferté, seigneur d'Alosse, etc....
«La Roque, dans son _Traité du Ban_, rapporte qu'en 1236 un Jehan de
Meung devait se trouver au ban du roi à Saint-Germain-en-Laye, à trois
semaines de la Pentecôte.
«En 1242, le même Jehan de Meung (peut-être le père de notre poète),
fut semont à Chinon, le lendemain des octaves de Pâques, pour aller sur
la comté de la Marche.»
Ces deux vers du testament de Jehan de Meung ne laissent du reste
aucun doute sur l'illustration de sa naissance:
Diex m'a donné au miex honneur et grant chevance,
Diex m'a donné
servir les plus grans gens de France.
M. Débarbouiller dit, dans son _Histoire des hommes illustres de
l'Orléanais_, au chapitre: _Guillaume de Lorris et Jean de Meung_:
[p. XX] «D'après Dom Gérou, Jehan de Meung descendait des anciens
seigneurs de la petite ville dont il portait le nom. Son père était baron
de Chevé, seigneur de Pierrefite et autres lieux. Il donna la baronnie de
Chevé à notre écrivain. Le baron de Chevé était un des quatre grands
vassaux de l'évêché d'Orléans, qui devaient porter le nouvel évêque à
son entrée solennelle et lui présenter tous les ans, le 2 mai, pendant
l'office de vêpres, une certaine quantité de cire qu'on appelle
vulgairement gouttières. D'après les titres de l'Église cathédrale
d'Orléans, Jehan aurait été chanoine et archidiacre en 1270 et 1297, et
c'est sans doute en raison de son état qu'il est représenté avec une
simarre, ou robe fourrée, dans un livre du commencement du XVe
siècle.»
Nous citons toujours M. Méon:
«Cet auteur, que Moreri et tous les biographes font naître en 1279 ou
1280, avait déjà traduit, en 1284, _l'Art militaire_ de Végèce pour
Jehan de Brienne, premier du nom, qui, en 1252, succéda à Marie, sa
mère, dans la comté d'Eu, pendant qu'il était avec saint Louis en
Palestine. Là le roi, dit Joinville, fit le comte d'Eu chevalier, qui était
encore un jeune jouvencel. Il mourut à Clermont en Beauvoisis en
1294.
«Si en 1284, continue M. Méon, Jehan de Meung avait déjà traduit
Végèce, ainsi que le prouvent plusieurs manuscrits du temps, on doit
supposer qu'à cette époque il avait au moins vingt-cinq à trente ans, et
qu'il était né vers le milieu du XIIIe siècle.
«Alors on ne pourrait dire, comme l'a fait Lenglet du Frenoy dans sa
préface, qu'il était dans sa jeunesse lorsqu'il entreprit la continuation du
_Roman de la Rose_. S'il a relaté, dans sa dédicace qu'il fit à [p. XXI]
Philippe-le-Bel de sa traduction de Boëce, le _Roman de la Rose_ le
premier, c'est probablement parce qu'il le regardait comme le plus
notable de ses ouvrages, les autres n'étant presque tous que des
traductions. D'ailleurs il est facile de juger que le _Roman de la Rose_
n'est point sorti de la plume d'un jeune homme, ainsi que l'observent le
président Fauchet et Thévet dans la vie de son auteur. Les
connaissances de toute nature qu'il annonce dans son ouvrage portent à
croire qu'il avait lu avec fruit nos auteurs sacrés et profanes.
«Il y a tant de variations dans les historiens sur l'époque de la mort de
Jehan de Meung, qu'il est difficile de la fixer d'une manière exacte.
Jehan Bouchet dit que ce fut vers 1316, sous le règne de Louis X. Du
Verdier, dans sa Prosopographie, dit 1318, sous Philippe V. Nos
biographies modernes prolongent sa vie jusqu'à la première année du
règne de Charles V, en 1364, parce que l'éditeur d'un ouvrage qui a
pour titre: _le Dodechedron de Fortune_, a annoncé que Jehan de
Meung l'avait présenté à ce prince. Cette opinion se trouve réfutée par
ce que j'ai dit ci-dessus de sa naissance, puisqu'il faudrait supposer qu'il
aurait vécu près de cent vingt ans. En admettant que Jehan de Meung
soit auteur de cet ouvrage, ce dont je doute, et qu'il l'ait présenté à un
roi Charles, je serais obligé de croire que ce serait Charles IV, qui a
commencé à régner en 1322, et que le manuscrit portait Charles le quart,
qui, étant mal écrit, aurait été lu Charles le quint par l'éditeur de cet
ouvrage. Dans cette hypothèse, Jehan de Meung serait encore
septuagénaire. Dom Rivet, dans son _Histoire littéraire_, fixe la mort
de cet auteur à l'année 1310, et cette même date est rapportée [p. XXII]
aussi dans un volume ayant pour titre: _Anecdotes françoises depuis
l'établissement de la monarchie jusqu'au règne de Louis XV_.
«Fauchet avait fait lui-même des recherches pour découvrir cette même
époque; mais il avoue qu'elles sont restées infructueuses. En 1358, on
transporta dans la cour du couvent des Jacobins, entre l'église et les
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