elle absorba son ancienne rivale, la Compagnie du nord-ouest, et prit la dénomination générale de: Hudson's bay fur Company.
Aujourd'hui, cette importante association n'a plus d'autre rivale que ?la Compagnie américaine des pelleteries de Saint-Louis.? Elle possède des établissements nombreux dispersés sur un domaine qui compte trois millions sept cent mille milles carrés. Ses principales factoreries sont situées sur la baie James, à l'embouchure de la rivière de Severn, dans la partie sud et vers les frontières du Haut-Canada, sur les lacs Athapeskow, Winnipeg, Supérieur, Methye, Buffalo, près des rivières Colombia, Mackenzie, Saskatchawan, Assinipoil, etc. Le Fort York, qui commande le cours du fleuve Nelson, tributaire de la baie d'Hudson, forme le quartier général de la Compagnie, et c'est là qu'est établi son principal dép?t de fourrures. De plus, en 1842, elle a pris à bail, moyennant une rétribution annuelle de deux cent mille francs, les établissements russes de l'Amérique du Nord. Elle exploite ainsi, et pour son propre compte, les terrains immenses compris entre le Mississipi et l'océan Pacifique. Elle a lancé dans toutes les directions des voyageurs intrépides, Hearn vers la mer polaire, à la découverte de la Coppernicie en 1770; Franklin, de 1819 à 1822, sur cinq mille cinq cent cinquante milles du littoral américain; Mackenzie, qui, après avoir découvert le fleuve auquel il a donné son nom, atteignit les bords du Pacifique par 52024 de latitude nord. En 1833-34, elle expédiait en Europe les quantités suivantes de peaux et fourrures, quantités qui donneront un état exact de son trafic:
Castors: 1, 074 Parchemins et jeunes castors: 92, 288 Rats musqués: 694, 092 Blaireaux 1, 069 Ours: 7, 451 Hermines: 491 Pêcheurs: 5, 296 Renards: 9, 937 Lynx: 14, 255 Martres: 64, 490 Putois: 25, 100 Loutres: 22, 303 Ratons: 713 Cygnes: 7, 918 Loups: 8, 484 Wolwérènes: 1, 571
Une telle production devait donc assurer à la Compagnie de la baie d'Hudson des bénéfices très considérables; mais, malheureusement pour elle, ces chiffres ne se maintinrent pas, et depuis vingt ans environ, ils étaient en proportion décroissante.
à quoi tenait cette décadence, c'est ce que le capitaine Craventy expliquait en ce moment à Mrs. Paulina Barnett.
?Jusqu'en 1837, madame, dit-il, on peut affirmer que la situation de la Compagnie a été florissante. En cette année-là, l'exportation des peaux s'était encore élevée au chiffre de deux millions trois cent cinquante-huit mille. Mais depuis, il a toujours été en diminuant, et maintenant ce chiffre s'est abaissé de moitié au moins.
-- Mais à quelle cause attribuez-vous cet abaissement notable dans l'exportation des fourrures? demanda Mrs. Paulina Barnett.
-- Au dépeuplement que l'activité, et j'ajoute, l'incurie des chasseurs a provoqué sur les territoires de chasse. On a traqué et tué sans relache. Ces massacres se sont faits sans discernement. Les petits, les femelles pleines n'ont même pas été épargnés. De là, une rareté inévitable dans le nombre des animaux à fourrures. La loutre a presque complètement disparu et ne se retrouve guère que près des ?les du Pacifique nord. Les castors se sont réfugiés par petits détachements sur les rives des plus lointaines rivières. De même pour tant d'autres animaux précieux qui ont d? fuir devant l'invasion des chasseurs. Les trappes, qui regorgeaient autrefois, sont vides maintenant. Le prix des peaux augmente, et cela précisément à une époque où les fourrures sont très recherchées. Aussi, les chasseurs se dégo?tent, et il ne reste plus que les audacieux et les infatigables qui s'avancent maintenant jusqu'aux limites du continent américain.
-- Je comprends maintenant, répondit Mrs. Paulina Barnett, l'intérêt que la Compagnie attache à la création d'une factorerie sur les rives de l'océan Arctique, puisque les animaux se sont réfugiés au-delà du cercle polaire.
-- Oui, madame, répondit le capitaine. D'ailleurs, il fallait bien que la Compagnie se décidat à reporter plus au nord le centre de ses opérations, car, il y a deux ans, une décision du parlement britannique a singulièrement réduit ses domaines.
-- Et qui a pu motiver cette réduction? demanda la voyageuse.
-- Une raison économique de haute importance, madame, et qui a d? vivement frapper les hommes d'état de la Grande-Bretagne. En effet, la mission de la Compagnie n'était pas civilisatrice. Au contraire. Dans son propre intérêt, elle devait maintenir à l'état de terrains vagues son immense domaine. Toute tentative de défrichement qui e?t éloigné les animaux à fourrures était impitoyablement arrêtée par elle. Son monopole même est donc ennemi de tout esprit d'entreprise agricole. De plus, les questions étrangères à son industrie sont impitoyablement repoussées par son conseil d'administration. C'est ce régime absolu, et, par certains c?tés, antimoral, qui a provoqué les mesures prises par le parlement, et en 1857, une commission, nommée par le secrétaire d'état des colonies, décida qu'il fallait annexer au Canada toutes les terres susceptibles de défrichement, telles que les territoires de la Rivière-Rouge, les districts du Saskatchawan, et ne laisser que la

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