Le pays des fourrures

Jules Verne
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Le pays des fourrures

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Title: Le pays des fourrures
Author: Jules Verne
Release Date: February 19, 2006 [EBook #17796]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Jules Verne
LE PAYS DES FOURRURES
(1873)

Table des matières
PREMIèRE PARTIE I. Une soirée au Fort-Reliance. II. Hudson's Bay Fur Company. III. Un savant dégelé. IV. Une factorerie. V. Du Fort-Reliance au Fort-Entreprise. VI. Un duel de wapitis. VII. Le cercle polaire. VIII. Le lac du Grand-Ours. IX. Une tempête sur un lac. X. Un retour sur le passé. XI. En suivant la c?te. XII. Le soleil de minuit. XIII. Le Fort-Espérance. XIV. Quelques excursions. XV. à quinze milles du cap Bathurst. XVI. Deux coups de feu. XVII. L'approche de l'hiver. XVIII. La nuit polaire. XIX. Une visite de voisinage. XX. Où le mercure gèle. XXI. Les grands ours polaires. XXII. Pendant cinq mois. XXIII. L'éclipse du 18 juillet 1860. DEUXIèME PARTIE I. Un fort flottant. II. Où l'on est. III. Le tour de l'?le. IV. Un campement de nuit. V. Du 25 juillet au 20 ao?t. VI. Dix jours de tempête. VII. Un feu et un cri. VIII. Une excursion de Mrs. Paulina Barnett. IX. Aventures de Kalumah. X. Le courant du Kamtchatka. XI. Une communication de Jasper Hobson. XII. Une chance à tenter. XIII. à travers le champ de glace. XIV. Les mois d'hiver. XV. Une dernière exploration. XVI. La débacle. XVII. L'avalanche. XVIII. Tous au travail. XIX. La mer de Behring. XX. Au large! XXI. Où l'?le se fait ?lot. XXII. Les quatre jours qui suivent. XXIII. Sur un gla?on. XXIV. Conclusion.

PREMIèRE PARTIE

I.
Une soirée au Fort-Reliance.
Ce soir-là -- 17 mars 1859 -- le capitaine Craventy donnait une fête au Fort-Reliance.
Que ce mot de fête n'éveille pas dans l'esprit l'idée d'un gala grandiose, d'un bal de cour, d'un ?raout? carillonné ou d'un festival à grand orchestre. La réception du capitaine Craventy était plus simple, et, pourtant, le capitaine n'avait rien épargné pour lui donner tout l'éclat possible.
En effet, sous la direction du caporal Joliffe, le grand salon du rez-de-chaussée s'était transformé. On voyait bien encore les murailles de bois, faites de troncs à peine équarris, disposés horizontalement; mais quatre pavillons britanniques, placés aux quatre angles, et des panoplies, empruntées à l'arsenal du fort, en dissimulaient la nudité. Si les longues poutres du plafond, rugueuses, noiratres, s'allongeaient sur les contre-forts grossièrement ajustés, en revanche, deux lampes, munies de leur réflecteur en fer-blanc, se balan?aient comme deux lustres au bout de leur cha?ne et projetaient une suffisante lumière à travers l'atmosphère embrumée de la salle. Les fenêtres étaient étroites; quelques-unes ressemblaient à des meurtrières; leurs carreaux, blindés par un épais givre, défiaient toutes les curiosités du regard; mais deux ou trois pans de cotonnades rouges, disposées avec go?t, sollicitaient l'admiration des invités. Quant au plancher, il se composait de lourds madriers juxtaposés, que le caporal Joliffe avait soigneusement balayés pour la circonstance. Ni fauteuils, ni divans, ni chaises, ni autres accessoires des ameublements modernes ne gênaient la circulation. Des bancs de bois, à demi engagés dans l'épaisse paroi, des cubes massifs, débités à coups de hache, deux tables à gros pieds, formaient tout le mobilier du salon; mais la muraille d'entrefend, à travers laquelle une étroite porte à un seul battant donnait accès dans la chambre voisine, était ornée d'une fa?on pittoresque et riche à la fois. Aux poutres, et dans un ordre admirable, pendaient d'opulentes fourrures, dont pareil assortiment ne se f?t pas rencontré aux plus enviables étalages de Regent-Street ou de la Perspective-Niewski. On e?t dit que toute la faune des contrées arctiques s'était fait représenter dans cette décoration par un échantillon de ses plus belles peaux. Le regard hésitait entre les fourrures de loups, d'ours gris, d'ours polaires, de loutres, de wolvérènes, de wisons, de castors, de rats musqués, d'hermines, de renards argentés. Au-dessus de cette exposition se déroulait une devise dont les lettres avaient été artistement découpées dans un morceau de carton peint, -- la devise de la célèbre Compagnie de la baie d'Hudson:
PROPELLE CUTEM.
?Véritablement, caporal Joliffe, dit le capitaine Craventy à son subordonné, vous vous êtes surpassé!
-- Je le crois, mon capitaine, je le crois, répondit le caporal. Mais rendons justice à chacun. Une part de vos éloges revient à mistress Joliffe, qui m'a aidé en tout ceci.
-- C'est une femme adroite, caporal.
-- Elle n'a pas sa pareille, mon capitaine.?
Au centre du salon se dressait un poêle énorme,
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