Le nain noir | Page 4

Sir Walter Scott
de granit brut plac��e sur une ��minence au centre de la bruy��re, peut-��tre pour servir de mausol��e �� un ancien guerrier enseveli en ce lieu, ou comme le monument de quelque combat. On ignorait quelle ��tait l'origine de cette esp��ce de monument; mais la tradition, qui transmet souvent autant de mensonges que de v��rit��s, y avait suppl���� par une l��gende que la m��moire d'Hobby ne manqua pas de lui rappeler. Autour de la colonne, le terrain ��tait sem�� ou plut?t encombr�� d'un grand nombre de fragments ��normes du m��me granit, que leur forme et leur disposition sur la bruy��re avaient fait appeler les oies grises de Mucklestane-Moor. La l��gende avait trouv�� l'explication de la forme et du nom de ces pierres dans la catastrophe d'une fameuse et redoutable sorci��re qui fr��quentait jadis les environs, faisait avorter les brebis et les vaches, et jouait tous les autres m��chants tours qu'on attribue aux gens de son esp��ce. C'��tait sur cette bruy��re que la vieille faisait son sabbat avec ses soeurs les sorci��res. On montrait encore des places circulaires dans lesquelles jamais ne pouvait cro?tre ni bruy��re ni gazon, le terrain ��tant en quelque sorte calcin�� par les pieds br?lants des diables qui venaient prendre part �� la danse.
Un jour la vieille sorci��re fut oblig��e de traverser ce lieu pour conduire, dit-on, des oies �� une foire voisine; car on n'ignore pas que le diable, tout prodigue qu'il est de ses funestes dons, est assez peu g��n��reux pour laisser ses associ��s dans la n��cessit�� de travailler pour vivre. Le jour ��tait avanc��; et, pour obtenir un meilleur prix de ses oies, il fallait que la vieille arrivat la premi��re au march��; mais, aux approches de cette lande sauvage, coup��e par des flaques d'eau et des fondri��res, son troupeau, qui jusqu'alors docile s'��tait avanc�� en bon ordre, se dispersa tout-��-coup pour se plonger dans son ��l��ment favori. Furieuse de voir ses efforts inutiles, et oubliant les termes du pacte qui obligeait Belz��buth �� lui ob��ir pendant un temps convenu, la sorci��re s'��cria:--D��mon! que je ne sorte plus de ce lieu, ni mes oies ni moi! A peine ces mots furent-ils prononc��s, que, par une m��tamorphose aussi subite qu'aucune de celles d'Ovide, la vieille et le troupeau r��fractaire furent convertis en pierres, l'ange du mal, qu'elle servait, ayant saisi avec empressement l'occasion de compl��ter la perte de son corps et de son ame, en ob��issant litt��ralement �� ses ordres. On dit que, se sentant transform��e, elle s'��cria en s'adressant au d��mon perfide:--?Ah! tra?tre! tu m'avais promis depuis long-temps une robe grise, celle que tu me donnes durera!? Ces louangeurs du temps pass�� qui, dans leur opinion consolante, soutiennent la d��g��n��ration graduelle du genre humain, citaient souvent la taille du pilier et celle des pierres pour prouver quelle ��tait autrefois la stature des femmes et des oies.
Tous ces d��tails se retrac��rent �� l'esprit d'Hobby. Il se rappela aussi qu'il n'existait pas un seul villageois qui n'��vitat soigneusement cet endroit, surtout �� la nuit tombante, parce qu'on le regardait comme un repaire de kelpies, de spunkies et d'autres d��mons ��cossais, jadis les compagnons de la sorci��re, et continuant �� se donner rendez-vous au m��me lieu pour y tenir compagnie �� leur ma?tresse p��trifi��e. Hobby, quoique superstitieux, ne manquait pas de courage; il appela pr��s de lui les chiens qui l'avaient suivi �� la chasse, et qui, comme il le disait, ne craignaient ni chiens ni diables; il regarda si son fusil ��tait bien amorc��, et, comme le paysan du conte de Burns (Halloween), il se mit �� siffler le refrain guerrier de Jock of the Side (Voyez les Chants populaires de l'��cosse), comme un g��n��ral fait battre le tambour pour animer des soldats dont le courage est douteux.
Dans cette situation d'esprit, on juge bien qu'Hobby ne fut pas fach�� d'entendre derri��re lui une voix de sa connaissance. Il s'arr��ta sur-le-champ, et fut joint par un jeune homme qui demeurait dans les environs, et qui avait, comme lui, pass�� la journ��e �� la chasse.
Patrick Earnscliff d'Earnscliff venait d'atteindre sa majorit��, et d'entrer en possession de sa fortune, qui ��tait encore fort honn��te, quoiqu'elle ne f?t que le reste de biens plus consid��rables qu'avaient poss��d��s ses anc��tres avant les guerres civiles du temps. Il ��tait d'une bonne famille, universellement respect��e dans le pays, et il paraissait devoir maintenir la r��putation de ses a?eux, ayant re?u une excellente ��ducation, et ��tant dou�� d'excellentes qualit��s.
--Allons, Earnscliff, s'��cria Hobby, je suis toujours aise de rencontrer votre Honneur, et il fait bon d'��tre en compagnie dans un d��sert comme celui-ci.--C'est un endroit tout rempli de fondri��res.--O�� avez-vous chass�� aujourd'hui?
--Jusqu'au Carla-Cleugh, Hobby, r��pondit Earnscliff en lui rendant son salut d'amiti��; mais croyez-vous que nos chiens vivront en paix?
--Ah! ne craignez rien des miens, ils sont si fatigu��s qu'ils ne peuvent mettre une patte devant
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 64
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.