vos amis de Gand et de Coblentz nous consid��rent, nous, les vrais d��fenseurs du tr?ne, comme des laquais qui gardent leurs places au spectacle. Si vous leur ��crivez, rappelez-leur ce que je vais vous dire; et, si vous ne leur ��crivez pas, faites-en votre profit vous-m��me.
--Qu'est-ce donc, je vous prie?
--C'est que, n'ayant rien fait, ils n'ont droit �� rien, et qu'ils ne pourront ��tre d��sormais quelque chose qu'avec notre permission et notre volont��.
--Tr��s bien! dirent les autres chefs.
--Et quant �� vous, monsieur, vous n'aurez le droit de parler ici, devant ces messieurs, devant moi, que quand vous aurez accompli seulement la moiti�� de ce que chacun de nous a fait. Je ne vous en demande que la moiti��, attendu que je vous crois incapable d'en essayer davantage.
--Et moi, r��pondit le marquis, je vous pr��viens qu'�� partir de ce jour vous n'��tes qu'un simple soldat.
--En vertu de quoi?
--En vertu de ceci.
Et le gentilhomme posa un papier pli�� sur la table.
--Qu'est-ce que cela? demanda Boishardy.
--Une commission de monseigneur le r��gent du royaume, Son Altesse Royale le comte de Provence.
--Un brevet de mar��chal de camp, fit Boishardy en lisant froidement le papier et en le rendant au marquis.
--Vous comprenez?
--Je comprends que ce grade vous sera accord�� quand nous aurons vu si vous en ��tes digne.
--En doutez-vous?
--Certainement.
--Vous m'insultez! s'��cria le marquis en portant la main �� la garde de son ��p��e.
--Il ne peut y avoir de duel ici, r��pondit Boishardy avec d��dain.
--Pardon! je croyais ��tre entre gentilshommes. Mais r��pondez nettement. Refusez-vous oui, ou non, de m'ob��ir?
--Oui, mille fois oui!
--Je me plaindrai; j'en appellerai aux royalistes.
--Faites.
--On vous retirera vos troupes, monsieur de Boishardy.
--Si vous demandez cela, priez Dieu de ne pas r��ussir, monsieur le marquis de Jausset.
--Et pourquoi?
--Parce que, s'��cria Boishardy avec v��h��mence, je vous ferais fusiller avec votre brevet sur la poitrine.
--Vous oseriez?
--N'en doutez pas.
--Et M. de Boishardy a parfaitement raison, ajouta Cormatin. Jusqu'ici, monsieur le marquis, nous nous sommes pass��s de l'��migration, et nous saurons nous en passer encore. Je vous engage �� retourner �� Gand: c'est l�� qu'est votre place. Mais gardez-vous de pareilles rodomontades devant d'autres chefs. Tous n'auraient pas la patience de mon ami, et, tout gentilhomme que vous ��tes, vous pourriez bien ��tre accroch�� �� une branche de ch��ne.
--Messieurs! messieurs! s'��cria le marquis bl��me de col��re, il faut que l'un de vous me rende raison de tant d'insolence!
--Assez! fit Boishardy.
Il appela Fleur-de-Ch��ne en entr'ouvrant la porte. Le paysan accourut.
--Tu vas prendre dix hommes avec toi et escorter monsieur, continua-t-il en d��signant le marquis. Tu le m��neras �� La Roche-Bernard, et l�� monsieur s'embarquera pour aller o�� bon lui semblera.
Le marquis se leva brusquement et sortit sans dire un mot.
--Tonnerre! s'��cria Marcof, on ose nous envoyer de pareils hommes avec des brevets dans leur poche.
--Les ��migr��s sont fous, dit Chantereau.
--Pis que cela, r��pondit Boishardy, ils sont ridicules! Mais oublions cette sc��ne et reprenons notre conversation au moment o�� cet imb��cile empanach�� est venu nous interrompre. Vous, Cormatin, quelles nouvelles de la Vend��e?
--Mauvaises, r��pondit le chouan en s'avan?ant. Depuis la bataille de Cholet, Charette s'est tenu isol�� dans l'?le de Noirmoutier, dont il a fait son quartier g��n��ral. Il y a quelques jours seulement, il apparut dans la haute Vend��e pour y recruter des hommes. Un conseil tenu aux Herbiers l'a confirm�� dans son commandement en chef.
--Mais, dit Boishardy, n'a-t-il pas vu La Rochejacquelein? Celui-ci est pass�� ici se rendant en Vend��e cependant; et, depuis, je n'en ai pas eu de nouvelles.
--Si; ils se sont vus �� Maulevrier.
--L'entrevue a ��t�� mauvaise. Ils ne s'aiment pas.
--Oh! s'��cria Marcof; toujours la m��me chose donc; ici comme parmi les bleus! Quoi! Charette et La Rochejacquelein ne r��unissent pas leurs forces? Ils font passer l'int��r��t personnel avant le salut de la royaut��, les causes particuli��res avant la cause commune? De stupides rancunes, de sots orgueils l'emportent sur le bien de la patrie?
--La Rochejacquelein a repass�� la Loire, continua Cormatin.
--Et, ajouta Chantereau, il marche sur le Mans.
--O�� il trouvera Marceau, Kl��ber et Canuel avec des forces triples des siennes! dit Marcof. Enfin, esp��rons en Dieu, messieurs.
--Et attendons ici les r��sultats de cette marche nouvelle, ajouta Boishardy. La Rochejacquelein m'a ordonn�� de garder �� tout prix ce placis, qui renferme d'abondantes munitions et offre une retraite s?re en cas de revers. Vous, Cormatin, et vous Chantereau, regagnez vos campements et tenez-vous, pr��ts �� agir et �� vous replier sur moi au premier signal. Adieu, messieurs! fid��les toujours et quand m��me, c'est notre devise. Que personne ne l'oublie!
Les deux chefs prirent cong�� et s'��loign��rent. Marcof et Boishardy demeur��rent seuls. Il y eut entre eux un court instant de silence. Puis, Boishardy s'approchant vivement du marin:
--Vous avez donc ��t�� �� Nantes? dit-il.
--Oui, r��pondit Marcof.
--Si vous aviez ��t�� reconnu?
--Eh! il fallait bien que j'y allasse, aurais-je d? affronter des dangers mille fois plus terribles et plus effrayants.
--Vous vouliez tenter de
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