Le marquis de Loc-Ronan | Page 2

Ernest Capendu
en avant.
Quatre chefs principaux, quatre noms qui resteront ��ternellement soud��s �� l'histoire de cette malheureuse guerre, commandaient les royalistes. Selon un historien contemporain, Bonchamp ��tait la t��te de cette arm��e, dont Stofflet et La Rochejacquelein ��taient les bras, dont Cathelineau ��tait le coeur.
On conna?t les premiers efforts tent��s d��s 1791 par les gentilshommes de Bretagne pour opposer une digue �� l'influence r��volutionnaire. L'avortement de la conspiration de La Rouairie et la mort de ce chef arr��t��rent momentan��ment l'explosion du vaste complot m?ri dans l'ombre. Mais si les bras manquaient encore, les t��tes ��taient pr��tes, et attendaient avec impatience un acte du gouvernement qui excitat les esprits �� la r��volte. Le d��cret relatif �� la lev��e des trois cent mille hommes fut l'��tincelle qui mit le feu aux poudres.
Le 10 mars 1793, jour fix�� pour le tirage, la guerre commen?a sur tous les points. Un coup de canon, tir�� imprudemment dans la ville de Saint-Florent-le-Vieux sur des conscrits r��fractaires, porta la rage dans tous les coeurs. Le soir m��me, six jeunes gens qui rentraient dans leur famille, traversant le bourg de Pin-en-Mauge, furent accost��s par un homme qui leur demanda des nouvelles. Cette homme qui, les bras nus, les manches retrouss��es, p��trissait le pain de son m��nage, ��tait un colporteur marchand de laine, p��re de cinq enfants, et qui se nommait Cathelineau. Faisant passer son indignation dans l'esprit de ses auditeurs, il se met �� leur t��te, fait un appel aux gars du pays, recrute des forces de m��tairie en m��tairie, et arrive le 14 �� la Poitevini��re. Bient?t le tocsin sonne de clocher en clocher. A ce signal, tout paysan valide fait sa pri��re, prend son chapelet et son fusil, ou, s'il n'a pas de fusil, sa faux retourn��e, embrasse sa m��re ou sa femme, et court rejoindre ses fr��res �� travers les haies.
Le chateau de Jallais, d��fendu par un d��tachement du 84e de ligne et par la garde nationale de Chalonnes, est attaqu��. Le m��decin Rousseau, qui commande, fait braquer sur les assi��geants une pi��ce de six; mais les jeunes gens, improvisant la tactique qui leur vaudra tant de victoires, se jettent tous �� la fois ventre �� terre, laissent passer la mitraille sur leurs t��tes, se rel��vent, s'��lancent, et enl��vent la pi��ce avec ses artilleurs.
Ces premiers progr��s donnent �� la r��volte d'��normes et rapides d��veloppements qui viennent porter l'inqui��tude jusqu'au sein de la capitale. Le 19 mars, la Convention rend un d��cret dont l'article 6 condamne �� mort les pr��tres, les ci-devant nobles, les ci-devant seigneurs, leurs agents ou domestiques, ceux qui ont eu des emplois ou qui ont exerc�� des fonctions publiques sous l'ancien gouvernement ou depuis la R��volution, pour le fait seul de leur pr��sence en pays insurg��. Cette sommation, si elle ne parvenait pas �� ��touffer la guerre, devait lui donner un caract��re ouvertement politique. C'est ce qui arriva.
Charette, La Rochejacquelein, La Bourdonnaie, de Lescure, d'Elb��e, Bonchamp, Dommaign��, Boishardy, Cormatin, Chantereau, se mirent rapidement �� la t��te des r��volt��s, les uns habitant la Vend��e, les autres arrivant �� la hate de Bretagne. Les ordres de rassemblement, distribu��s de tous c?t��s, portaient:
?Au saint nom de Dieu, de par le roi, la paroisse de *** se rendra tel jour, �� tel endroit, avec ses armes et du pain.?
L��, on s'organisait par compagnie et par clocher. Chaque compagnie choisissait son capitaine par acclamation: c'��tait d'ordinaire le paysan connu pour ��tre le plus fort et le plus brave. Tous lui juraient l'ob��issance jusqu'�� la mort. Ceux qui avaient des chevaux formaient la cavalerie. L'aspect de ces troupes ��tait des plus ��tranges: c'��taient des hommes et des chevaux de toutes tailles et de toutes couleurs; des selles entrem��l��es de bats; des chapeaux, des bonnets et des mouchoirs de t��te; des reliques attach��es �� des cocardes blanches, des cordes et des ficelles pour baudriers et pour ��triers. Une pr��caution qu'aucun n'oubliait, c'��tait d'attacher �� sa boutonni��re, �� c?t�� du chapelet et du sacr�� coeur, sa cuiller de bois ou d'��tain. Les chefs n'avaient gu��re plus de coquetterie: les capitaines de paroisse n'ajoutaient �� leur costume villageois qu'une longue plume blanche fix��e �� la Henri IV sur le bord relev�� de leur chapeau.
La masse des combattants vend��ens se divisait en trois classes. La premi��re se composait de gardes-chasse, de braconniers, de contrebandiers, tous ayant une grande habitude des armes, pour la plupart tireurs excellents, et en grande partie arm��s de fusils �� deux coups et de pistolets. C'��tait l�� le corps des ��claireurs, l'infanterie l��g��re, les tirailleurs. Sans officiers pour les commander, ils faisaient la guerre comme ils avaient fait la chasse au gibier ou aux douaniers. Leur tactique ��tait simple: se porter rapidement le long des haies et des ravins sur les ailes de l'ennemi et les d��passer. Alors, se cachant derri��re les plus l��gers obstacles, ne tirant qu'�� petite port��e,
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