Le marquis de Loc-Ronan
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Title: Le marquis de Loc-Ronan
Author: Ernest Capendu
Release Date: April 20, 2006 [EBook #18215]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MARQUIS DE LOC-RONAN ***
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ERNEST CAPENDU
LE MARQUIS DE LOC-RONAN
DU MÊME AUTEUR
Édition in-18, à 1 franc 25
(Franco par la poste)
Mademoiselle la Ruine 2 vol. Les Colonnes d'Hercule 1 vol. Arthur
Gaudinet 2 vol. Surcouf 1 vol. Marcof le Malouin 1 vol. Le Marquis de
Loc-Ronan 1 vol. Le Chat du bord 1 vol. Blancs et bleus 1 vol. La
Mary-Morgan 1 vol. Voeu de Haine 1 vol. Le Pré Catelan 1 vol.
Sceaux.--Impr. Charaire et fils PARIS A. DEGORCE-CADOT,
ÉDITEUR 9, RUE DE VERNEUIL, 9
MARCOF LE MALOUIN
DEUXIÈME ÉPISODE
LE MARQUIS DE LOC-RONAN
I
LA GUERRE DE L'OUEST
Au confluent de l'Isac et de la Vilaine, à quelques lieues au sud de
Redon, et à peu de distance de la mer, s'étend, ou pour mieux dire
s'étendait une magnifique forêt dont les arbres, pressés et entrelaçant
leurs rameaux, attestaient que la hache dévastatrice de la spéculation
n'avait pas encore entamé leurs hautes futaies, véritable bois seigneurial,
dont les propriétaires successifs avaient dû se montrer jaloux presque
autant de la vétusté de leurs chênes, que de celle de leurs parchemins.
Ceux qui connaissent cette partie de la rive droite de la Loire, ce
quadrilatère naturel formé par la Loire, la Vilaine, l'Erdre et l'Isac,
seront sans doute prêts à nous accuser d'inexactitude en lisant les lignes
précédentes. Aujourd'hui, en effet, que la rage du déboisement s'est par
malheur emparée de la population des exploiteurs territoriaux, c'est à
peine si, dans la vieille Armorique, on retrouve quelque reste de ces
forêts magnifiques plantées par les druides, forêts qui portaient en elles
quelque chose de si mystérieux et de si grandement noble, qu'elles ont
inspiré les poètes du moyen âge, et qu'ils n'ont pas voulu d'autre séjour
pour théâtre des exploits des chevaliers de la Table-Ronde, des amours
de la belle Geneviève, et des enchantements du fameux Merlin.
Avant que la Révolution eût appuyé sur les têtes son niveau égalitaire,
coupant avec le fer de la guillotine celles qui demeuraient trop droites,
la Bretagne et la Vendée avaient religieusement conservé leur aspect
sauvage. Il était rare de pouvoir quitter un chemin creux, bordé d'ajoncs
et de genêts, sans donner dans quelque bois épais et touffu, ou dans
quelque marais de longue étendue.
Dans le pays de Vannes surtout, dans la partie septentrionale du
département de la Loire-Inférieure, de Nantes à Pont-Château, de Blain
même à Guéméné, le sillon de Bretagne forme une série de collines
dont la pente, presque insensible sur le versant opposé à la Loire, est
beaucoup plus prononcée du côté du fleuve. Sur toute l'étendue de ce
vaste coteau, dont le sommet atteint presque Séverac, et où donne le
cours inférieur de la Loire qu'on aperçoit jusqu'à son embouchure dans
l'Océan, le sol n'offre, sur plus d'un tiers de son parcours, que des forêts,
des landes et des marais.
Avant les premières années de ce siècle, la route de Nantes à Redon ne
traversait pour ainsi dire qu'un seul bois, et, de la Loire à la Vilaine,
l'oeil ne se reposait que sur les hautes futaies, les chênes gigantesques,
les champs de bruyères et les cépées séculaires. Au confluent de l'Isac
et de la Vilaine, la forêt prenait des proportions véritablement
grandioses et pouvait, à bon droit, passer pour l'une des plus belles
parties du pays de Vannes, si riche cependant en sites sauvages et
pittoresques.
Aux derniers jours de la terrible année 1793, la guerre de l'Ouest était
dans toute sa fureur, et déchirait la Bretagne et la Vendée avec un
acharnement sans exemple. Républicains et royalistes, chouans ou
sans-culottes se livraient aux plus odieuses et aux plus épouvantables
représailles. La terre de France était baignée du sang de ses enfants, et
fertilisée par leurs cadavres.
--Il n'y a qu'un moyen d'en finir, disait un officier républicain, c'est de
retourner de trois pieds le sol vendéen et le sol breton!
C'est que, ainsi que l'avait prédit La Bourdonnaie, la Bretagne et la
Vendée étaient tout entières en armes, et que l'armée royaliste s'était
augmentée des trois quarts de la population. Jamais, selon Barrère,
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