pr��tention; revenant aux n��cessit��s ant��rieures, ��ternelles, de l'art, les r��volt��s crurent affirmer des v��rit��s nouvelles, et m��me surprenantes, en professant leur volont�� de r��int��grer l'id��e dans la litt��rature; ils ne faisaient que rallumer le flambeau; ils allum��rent aussi, tout autour, beaucoup de petites chandelles.
Une v��rit�� nouvelle, il y en a une, pourtant, qui est entr��e r��cemment dans la litt��rature et dans l'art, c'est une v��rit�� toute m��taphysique et toute d'a priori (en apparence), toute jeune, puisqu'elle n'a qu'un si��cle et vraiment neuve, puisqu'elle n'avait pas encore servi dans l'ordre esth��tique. Cette v��rit��, ��vang��lique et merveilleuse, lib��ratrice et r��novatrice, c'est le principe de l'id��alit�� du monde. Par rapport �� l'homme, sujet pensant, le monde, tout ce qui est ext��rieur au moi, n'existe que selon l'id��e qu'il s'en fait. Nous ne connaissons que des ph��nom��nes, nous ne raisonnons que sur des apparences; toute v��rit�� en soi nous ��chappe; l'essence est inattaquable. C'est ce que Schopenhauer a vulgaris�� sous cette formule si simple et si claire: Le monde est ma repr��sentation. Je ne vois pas ce qui est; ce qui est, c'est ce que je vois. Autant d'hommes pensants, autant de mondes divers et peut-��tre diff��rents. Cette doctrine, que Kant laissa en chemin pour se jeter au secours de la morale naufrag��e, est si belle et si souple qu'on la transpose sans en froisser la libre logique de la th��orie �� la pratique, m��me la plus exigeante, principe universel d'��mancipation de tout homme capable de comprendre. Elle n'a pas r��volutionn�� que l'esth��tique, mais ici il n'est question que d'esth��tique.
On donne encore dans des manuels une d��finition du beau; on va plus loin: on donne les formules par quoi un artiste arrive �� l'expression du beau. Il y a des instituts o�� l'on enseigne ces formules, qui ne sont que la moyenne et le r��sum�� d'id��es ou d'appr��ciations ant��rieures. En esth��tique, les th��ories ��tant g��n��ralement obscures, on leur adjoint l'exemple, l'id��al parangon, le mod��le �� suivre. En ces instituts (et le monde civilis�� n'est qu'un vaste Institut) toute nouveaut�� est tenue pour blasph��matoire, et toute affirmation personnelle devient un acte de d��mence. M. Nordau, qui a lu, avec une patience bizarre, toute la litt��rature contemporaine, propagea cette id��e vilainement destructrice de tout individualisme intellectuel que le ?non conformisme? est le crime capital pour un ��crivain. Nous diff��rons violemment d'avis. Le crime capital pour un ��crivain c'est le conformisme, l'imitativit��, la soumission aux r��gles et aux enseignements. L'oeuvre d'un ��crivain doit ��tre non seulement le reflet, mais le reflet grossi de sa personnalit��. La seule excuse qu'un homme ait d'��crire, c'est de s'��crire lui-m��me, de d��voiler aux autres la sorte de monde qui se mire en son miroir individuel; sa seule excuse est d'��tre original; il doit dire des choses non encore dites et les dire en une forme non encore formul��e. Il doit se cr��er sa propre esth��tique,--et nous devrons admettre autant d'esth��tiques qu'il y a d'esprits originaux et les juger d'apr��s ce qu'elles sont et non d'apr��s ce qu'elles ne sont pas. Admettons donc que le symbolisme, c'est, m��me excessive, m��me intempestive, m��me pr��tentieuse, l'expression de l'individualisme dans l'art.
Cette d��finition, trop simple, mais claire, nous suffira provisoirement. Au cours des suivants portraits, ou plus tard, nous aurons sans doute l'occasion de la compl��ter; son principe servira encore �� nous guider, en nous incitant �� rechercher, non pas ce que devraient faire, selon de terribles r��gles, selon de tyranniques traditions, les ��crivains nouveaux, mais ce qu'ils ont voulu faire. L'esth��tique est devenue, elle aussi, un talent personnel; nul n'a le droit d'en imposer aux autres une toute faite. On ne peut comparer un artiste qu'�� lui-m��me, mais il y a profit et justice �� noter des dissemblances: nous tacherons de marquer, non en quoi les ?nouveaux venus? se ressemblent, mais en quoi ils diff��rent, c'est-��-dire en quoi ils existent, car ��tre existant, c'est ��tre diff��rent.
Ceci n'est pas ��crit pour pr��tendre qu'il n'y a pas entre la plupart d'entre eux d'��videntes similitudes de pens��e et de technique, fait in��vitable, mais tellement in��vitable qu'il est sans int��r��t. On n'insinue pas davantage que cette floraison est spontan��e; avant la fleur, il y a la graine, elle-m��me tomb��e d'une fleur; ces jeunes gens ont des p��res et des ma?tres: Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Verlaine, Mallarm��, et d'autres. Ils les aiment morts ou vivants, ils les lisent, ils les ��coutent. Quelle sottise de croire que nous d��daignons ceux d'hier! Qui donc a une cour plus admirative et plus affectueuse que St��phane Mallarm��? Et Villiers est-il oubli��? Et Verlaine d��laiss��?
Maintenant, il faut pr��venir que l'ordre de ces portraits, sans ��tre tout �� fait arbitraire, n'implique aucune classification de palmar��s, il y a m��me, hors de la galerie, des absents notoires, qu'une occasion nous ram��nera; il y a des cadres vides et aussi des places nues; quant aux portraits m��mes, si
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